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Pharma-Sphere 168
Novembre 2011
Nouveaux chiffres sur la prévalence
du diabète dans le monde
«Ils sont déjà au nombre de 366 millions!» Selon les derniers chiffres
de l'International Diabetes Federation (IDF), environ 366 millions de
personnes dans le monde souffrent actuellement de diabète. Leur
nombre ne fait donc qu'augmenter: en effet, dans l'édition 2009 de
l'Atlas du diabète de l'IDF, il était encore question de 300 millions
de patients diabétiques. Par ailleurs, la nouvelle édition de l'Atlas du
diabète paraîtra à la mi-novembre. Il y sera mentionné notamment
que, chaque année, 4,6 millions de personnes décèdent des suites
du diabète. Voilà ce qu'a déclaré Jean Claude Mbanya, président de
l'IDF, lors d'une conférence de presse organisée durant le congrès
EASD. Une conférence qui a comparé l'épidémie diabétique du XXI
e
siècle à un tsunami.
De plus, les chiffres pourraient être largement sous-estimés, car
de nombreux pays ne disposent pas de données fiables sur la
prévalence. Pour les pays disposant de données insuffisantes, les
chercheurs font en effet des estimations conservatrices sur base
de données des pays avoisinants. Quoi qu'il en soit, le coût global
des soins de santé pour les patients diabétiques atteint déjà 465
milliards de dollars par an. L'épidémie diabétique mérite donc toute
notre attention, non seulement parce que des maladies non infec-
tieuses comme le diabète, les affections respiratoires, les maladies
cardiovasculaires et le cancer constituent la principale cause de
décès dans le monde; mais également parce que, dans 20 ans, sa
prévalence aura encore augmenté pour atteindre 600 millions de
personnes.
Succès pour les nouveaux inhibiteurs
SGLT2 dans le traitement du diabète
Durant le congrès, deux études ont été présentées sur l'efficacité
des inhibiteurs du cotransporteur sodium/glucose de type 2 rénal
(SGLT2) en cas de diabète. Le co-transporteur glucosique sodium-
dépendant est un système de transport actif principalement au
niveau des tubuli rénaux proximaux, où il joue un rôle important
dans la régulation du taux de glucose. L'inhibition du SGLT2 con-
stitue une approche novatrice pour le contrôle de la glycémie en
cas de diabète de type 2, bloquant la réabsorption glucosique et
augmentant l'excrétion glucosique dans les urines.
L'ipragliflozine est un nouvel inhibiteur du cotransporteur sodium/
glucose rénal (SGLT2) qui a été étudié notamment dans l'étude
BRIGHTEN (1). Il s'agit d'une étude randomisée en double aveugle
dans le cadre de laquelle 62 patients atteints d'un diabète de type
2 ont été randomisés vers l'ipragliflozine (50mg par jour) et 67
patients vers un placebo. L'étude a été réalisée au Japon et 60%
des participants étaient des hommes. L'âge moyen était de 29 ans
et l'IMC moyen s'élevait à 25kg/m
2
. Après une période initiale de
washout de 2 semaines, les patients ont reçu le traitement actif
durant 16 semaines. Ensuite, un suivi de 4 semaines était encore
prévu.
Le critère d'évaluation primaire était le changement de l'HbA1c.
Chez les patients du groupe ipragliflozine, l'HbA1c a diminué de
0,76%, par comparaison avec 0,47% dans le groupe placebo, soit
une réduction moyenne de 1,23% versus placebo (p < 0,001). La
glycémie à jeun diminuait de 40,2mg/dl dans le bras intervention-
nel, par comparaison avec une hausse de 6,3mg/dl dans le groupe
placebo, une différence nette de 46,5mg/dl (p < 0,001). Le poids
corporel diminuait de 2,36kg dans le groupe ipragliflozine, comparé
à 0,89kg dans le groupe placebo, une diminution nette de 1,47kg
(p < 0,001). Notons que les pressions systoliques et diastoliques
diminuaient respectivement de 3,2mmHg et de 2,5mmHg dans le
groupe interventionnel (différence non significative par rapport au
placebo). Le profil d'effets secondaires de l'ipragliflozine et du pla-
cebo était comparable. La conclusion de cette étude de phase III
(BRIGHTEN) est donc que l'ipraglifozine améliore le contrôle de la
glycémie et diminue le poids corporel et la pression sanguine chez
des patients diabétiques de type 2.
Dans une autre étude avec un inhibiteur SGLT2, à savoir le TS-071,
les chercheurs font état de résultats positifs comparables (2). Dans
cette étude, l'âge moyen était de 58 ans et plus de 2/3 des patients
étaient de sexe masculin. L'HbA1c moyenne de départ était d'environ
8% et l'IMC était d'environ 25kg/m
2
. Cinquante-quatre patients ont
été randomisés vers un placebo, 60 patients vers 0,5mg de TS-071,
61 patients vers une dose de 0,5mg et 61 patients vers 5mg.
Une relation linéaire entre la dose de TS-071 et la réduction de
l'HbA1c a été mise en évidence: une dose de 0,5mg provoquait une
diminution de 0,43%; avec une dose de 2,5mg, la diminution était
de 0,70% et une dose de 5mg allait de pair avec une diminution
de 0,82%. Par comparaison avec le placebo, tous les changements
étaient significatifs (p < 0,005). Le traitement par TS-071 a été bien
toléré en général. En conclusion, le TS-071 entraîne une amélio-
ration significative de l'HbA1c et d'autres paramètres glycémiques
chez des patients japonais atteints d'un diabète sucré de type 2.
Des débuts plus que prometteurs donc pour ces deux médicaments
contre le diabète de type 2.
Pas d'augmentation de poids
en combinant liraglutide et insuline
Lors de la prescription d'insuline, le patient craint toujours de pren-
dre du poids, ce qui bien entendu n'est souhaité ni par le patient
ni par le clinicien. Dès lors, en cas de diabète de type 2, on attend
souvent aussi longtemps que possible avant d'ajouter de l'insuline
au traitement. L'étude concernant le diabète de type 2 présentée
lors de ce congrès montre que cette crainte est injustifiée (3). L'ajout
d'insuline au schéma thérapeutique des patients atteints d'un di-
abète de type 2 traités par liraglutide (un glucagon-like peptide 1
humain ou analogue de la GLP-1) semble ne pas annuler la prise
de poids antérieure, tandis que l'insuline améliore le contrôle de la
glycémie.
Cette étude a inclus 988 patients chez qui un objectif de HbA1c 7%
n'a pu être atteint avec un sulfonylurée ou de la metformine (3).
Ces patients ont bénéficié d'une phase de démarrage de 12 se-
maines à base de liraglutide et de metformine. Durant cette période,
167 patients ont quitté l'étude. Après 3 mois, 498 patients ont at-
teint l'objectif de l'HbA1c avec le liraglutide (donc sans sulfonylurée,