un plus grand bien-être de la femme et la préservation du tissu mam- tion axillaire faisaient partie du quotidien il y a 25 ans, «elles sont aujourd'hui rem- placées par une chirurgie conservatrice avec prélèvement du ganglion sentinelle», rappelle François Duhoux. Cette attitude a été rendue possible grâce à l'apport de grandes études randomisées réalisées dans la foulée d'une théorie proposée par Fisher en 1954: le cancer du sein est, dès le départ, une maladie systémique. «Et qui doit donc être traitée comme telle.» Dans ce contexte, si Veronesi avait pu démontrer le bénéfice de la chirurgie conservatrice, au prix cependant d'une augmentation des récurrences locales (4), on sait aussi à présent que la radiothéra- pie associée à cette chirurgie minimale permet une réduction significative des récurrences (5). Enfin, le passage de la dis- section axillaire totale à la biopsie du gan- glion sentinelle a considérablement réduit le risque de lymphoedème, tout en étant aussi efficace en termes de bilan tumoral. vies sauvées! de l'hormonothérapie a réellement débuté, facilitée par la découverte du tamoxifène par Dora Richardson. Ce SERM à l'action anti-estrogénique au niveau mammaire réduit et l'incidence des récurrences (ipsi- et contralatérales) et la mortalité chez les femmes positives pour les récepteurs aux estrogènes (ER+ PR+ et ER+ PR-, et donc pas en cas de récepteurs ER- PR+ ou ER- PR-) et ce, qu'elles aient ou non une exten- sion ganglionnaire, qu'elles reçoivent ou non une chimiothérapie, et quel que soit un deuxième temps qu'un traitement par tamoxifène d'une durée de 10 ans offre de meilleurs résultats en termes de risque de récurrence (7). Enfin, les inhibiteurs de l'aromatase (anastrozole, letrozole, exe- mestane) sont supérieurs au tamoxifène en survie sans progression, mais n'offrent pas d'avantage en survie globale. Reste encore un défi à résoudre, celui de la résis- tance aux traitements endocriniens, ce qui pourrait être résolu par la combinaison d'un anti-estrogène et d'un inhibiteur de la mTOR comme le suggère un premier essai associant everolimus et exemestane qui offre un gain de 62% en survie sans pro- gression (8). signatures géniques taine hiérarchie en termes d'efficacité, les anthracyclines étant supérieures au schéma CMF qui donne de meilleurs résultats que le placebo, une méta-analyse récente ayant montré que la combinaison anthracycline + taxane est celle qui permet la meilleure sur- vie (9). Mais les progrès les plus manifestes ont été réalisés depuis que l'on a pu déter- miner avec le profil d'expression génique (les `signatures') qu'il existe des patientes à bon et à mauvais pronostic (10). Dans ce contexte, MINDACT (Microarray In Node- negative and 1 to 3 positive lymph node Di- sease may Avoid ChemoTherapy) un essai prospectif randomisé de phase 3 compa- rant la signature génomique d'Amsterdam aux critères cliniques et anatomo-patholo- giques usuels pour la sélection de patientes ayant un cancer du sein avec 0 à 3 ganglions envahis susceptibles de bénéficier d'une chimiothérapie adjuvante a montré non seulement que c'était possible mais aussi thérapeutique efficace, y compris chez les femmes de plus de 70 ans (11). nouvelle donne des récepteurs ERB-b dont HER-2 est l'un des 4 membres. Sept ans plus tard, Axel Ullrich développe le premier anticorps contre cet HER-2 dont la surexpression péjore gravement le pronostic du cancer du sein. L'administration de cet anticorps, le trastuzumab offre aux femmes avec can- cer du sein métastatique HER2neu+ une meilleure survie que les femmes HER2/neu- (12), la survie sans progression étant amé- liorée de 46% par rapport au placebo après un an de traitement (13). Quant à la durée optimale du traitement, il semble acquis aujourd'hui qu'elle est bien de 12 mois, une durée de 2 ans n'améliorant pas le pronos- tic, tandis que 6 mois de traitement ne sont pas `non-inférieurs' à 12 mois (14). Depuis lors, d'autres agents anti-HER ont démontré leur efficacité: le lapatinib (15) et le pertuzu- mab (16), l'association de ce dernier au tras- tuzumab étant supérieure au trastuzumab seul, comme l'a démontré l'essai CLEO- PATRA qui se basait sur le profil d'action complémentaire du pertuzumab (17). Enfin, dernier venu extrêmement prometteur, un anticorps conjugué trastuzumab-emtanzine (T-DM1), est un peu un cheval de Troie. En effet, c'est le principe de l'internalisation du trastuzumab qui a été exploité pour vectoriser de manière spécifique dans les cellules tumorales surexprimant HER2 un agent cytotoxique inhibant la polymérisa- tion des microtubule: l'emtansine, que les oncologues ne voulaient pas utiliser du fait de sa toxicité extrême. La médiane de survie globale à 24 mois s'est établie à 30,9 mois ter prématurément l'essai et à proposer le traitement par T-DM1 à toutes les femmes. La survie sans progression appréciée par un clinicien indépendant de l'étude s'est établie à 9,6 mois dans le groupe T-DM1 contre 6,4 dans le groupe comparateur. dence et en mortalité chez la femme en Belgique. Fort heureusement, la recherche est loin d'être terminée, avec l'apparition de nouvelles cibles potentielles: PARP dans les cancers BRCA1/2, le CDK 4/6, la combinaison mTOR1/mTOR2, le FGFR1... «Ce qui ne veut pas dire que l'on pourra se contenter d'un traitement», conclut Fran- çois Duhoux, «car nous savons à présent que chaque cancer du sein peut compor- ter des cibles différentes simultanées ou séquentielles, qu'il faudra donc traiter en fonction de ses particularités.» 1. Vol VIII. IARC Sc. Publ. N° 155, Lyon, France, 2002 32. (EBCTCG). Lancet. 2011;378(9793):771-84. (EBCTCG). Lancet. 2012;379(9814):432-44. 12. Dawood S, et al. J Clin Oncol. 2010;28(1):92-8. 13. Piccart-Gebhart M, et al. N Engl J Med. 15. Geyer C, et al. N Engl J Med. 2006;355(26):2733-43. 16. Badache A, et al. Cancer Cell. 2004;5(4):299-301. 17. Baselga J, et al. N Engl J Med. 2012;366(2):109-19. 18. Verma S, et al. N Engl J Med. 2012;367(19):1783-91. niveau mondial, dans les pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord ainsi qu'au Japon (1). L'incidence de ce cancer varie fortement selon les régions du monde, avec un rapport de 1 à 5 entre les pays industrialisés à forte incidence et les pays en voie de développement à faible incidence. Dans la plupart des populations occidentales, l'incidence augmente fortement avec l'âge jusqu'à la survenue de la ménopause, qui est alors suivie d'une augmentation de moindre pente. Eurocare 4, menée par les registres de cancers européens, a estimé le taux de survie relative à 5 ans du cancer du sein à 81% en moyenne en Europe sur la période 1995-1999 (2), moins bon qu'aux Etats-Unis où il a été estimé à 90,1% à 5 ans en 2000-2002 (3). Mais ce taux va en s'améliorant, grâce notamment aux évolutions thérapeutiques apparues ces 25 dernières années. Le point en 4 chapitres avec François Duhoux (UCL). |