de santé, en 2009, a si bien baptisé la «maltraitance ordinaire» est notamment les services de gériatrie. Il est fait d'un cumul de petites négligences et d'«in-attentions» des intervenants. C'est la syntaxe infantilisante, les cellophanes du plateau non retirés pour un patient alité et parkinsonien, les explications as- sénées trop vite. C'est la toilette si éner- gique («c'est que, on a tout un couloir à laver, nous!») qu'elle en devient rude, si ce n'est pour le corps, pour la pudeur. Désagréables de 7 à 77 ans, ces expé- riences le sont davantage au grand âge. Elles ajoutent à l'impact émotionnel déjà important de l'hospitalisation. La Fonda- tion Roi Baudouin (FRB) voudrait injecter dans la prise en charge hospitalière des aînés une empathie particulière des inter- venants, quels que soient leur rôle et leur grade. Faire naître, en somme, des hôpi- taux «senior friendly». tainement des adaptations dans les pro- cédures internes, voire quelques investis- aussi et surtout une culture d'éta- blissement. Il faut générer un climat qui change les attitudes. Et pour accélérer ce changement de cli- mat, la FRB lance un appel à projets parmi les hôpitaux belges. Les projets sélection- nés recevront des subsides plus symbo- liques que pharaoniques on parle de 2.500 euros mais aussi le coup de pouce méthodologique de «coaches», dont les professeurs Stéphane Adam de l'ULg et Jean-Michel Longneaux de l'UNamur. Des intervisions permettront aux hôpitaux re- tenus de partager leurs idées et avancées. Les candidatures étant attendues pour la mi-octobre, participer demanderait une réactivité énorme. Mais «l'hospitalité pour les aînés» est un principe qui mérite d'être évoqué et de faire durablement tache d'huile, en dehors de l'action ponc- tuelle de la FRB. trouve un terreau fertile, est de contrer les stéréotypes sur l'âge, souligne Stéphane Adam, chef de l'unité de psychologie de la sénescence à l'ULg. Des stéréotypes majo- déclin, chute... et rarement sagesse ou ex- périence) qui imprègnent toute la société, soignants compris, dont ils modifient les attitudes. «Il n'y a aucune contre-indica- tion médicale à la reconstruction mammaire chez les dames plus âgées. Si une patiente subit une mastectomie a la trentaine, les futurs médecins la lui proposent dans 90% des cas. Par contre, si elle a 59 ans ou plus, ce pourcentage chute à 65%.» Par ailleurs, le fait d'activer chez les vieux des stéréo- types négatifs est préjudiciable à leur état physique et mental. Exemple? «On place deux groupes de seniors dans un simulateur de conduite automobile», relate-t-il. «On explique au premier que c'est pour mieux cerner les mécanismes cérébraux impliqués. A l'autre, on affirme que c'est parce qu'il y a plus d'accidents au volant chez les plus de 65 ans. Résultat, le second groupe fait plus d'erreurs dans le simulateur.» En MRS, ajoute le spécialiste, on a établi qu'une aide excessive apportée par les soignants aux résidents contribue à précipiter leur gra- batisation et la détérioration de leur santé. friendly qui ont vu le jour à l'étranger (lire encadré). «Chacun a ses caractéristiques, ses priorités dont on peut s'inspirer. Une expé- rience proche de notre vision est menée au St. Elisabeth Ziekenhuis de Tilburg, aux Pays- Bas», précise la Fondation. Frans Vosman, professeur en éthique des soins, est l'artisan de cette recherche-action qui court depuis Ziekenhuis (comprenez: «un hôpital gentil») placé à l'entrée. «Au début, il a irrité les mé- decins. "Pointu, efficace, sérieux, oui, mais on ne se présente pas comme `gentil'!", disaient- ils.» Au fil du temps, le terme a fait son trou, l'idée son chemin. Frans Vosman formule aux hôpitaux inté- ressés une volée de conseils. Constituer des communautés d'apprentissage regroupant les médecins et les soignants. Ou encore, dans la prise en charge d'un vieillard, ne pas exploiter exclusivement le savoir des mé- decins et le savoir-faire relationnel du per- sonnel: il faut ne pas snober les éléments d'information, la connaissance du malade, que peuvent fournir les proches. L'hôpital s'entourera d'«amis critiques», qui met- tront le doigt, sans méchanceté, sur ce qui dans l'organisation n'est pas bien pensé pour l'accueil des aînés, voire éprouvant. «L'orthopédie avait inauguré de nouvelles procédures pour la pose de prothèses, de hanche par exemple, très courtes, de quoi séduire le jeune cadre qui veut être opéra- tionnel quelques jours après. Bien vite, il a fallu appeler les référents démence de l'hô- pital: les patients âgés qui suivaient cette filière devenaient confus, tout allait trop vite pour eux.» Le temps d'un âgé, avec un ra- lentissement des actions mais une impres- sion que le temps file, n'est pas le temps d'un plus jeune. Pourra-t-il être respecté par un hôpital tiraillé par des impératifs de rendement? pour les aînés hospitalisés Elle encourage les hôpitaux à étendre leurs efforts d'humani- sation des soins à des patients particulièrement fragilisés: les personnes âgées. Il s'agit de développer une culture de l'empa- thie, de rendre les personnels et thérapeutes plus attentifs à la vulnérabilité spécifique de ce groupe. qui souhaite lancer la dynamique d'humanisation des soins aux âgés. L'appel ne se limite pas au département de gériatrie. Ce dernier peut rentrer un dossier dès lors qu'un autre service s'associe à lui. Tout projet candidat devra avoir le feu vert explicite de sa direction. La FRB attend les dossiers pour le 14 octobre, à remplir sur dignes d'intérêt à l'étranger. Voilà les URL de quelques sites à explorer, pour inspiration: préjudiciable à leur état physique et mental. |