background image
I
11
Le Spécialiste
13-16
9 octobre 2013
www.lespecialiste.be
C
e point de vue est expliqué dans le
chapitre dédié aux hôpitaux dans
l'ouvrage «Dokter ik heb ook iets te
zeggen» (voir l'entretien avec le Professeur
Nuyens à la 10). Le paysage hospitalier du
futur est observé au travers des yeux de Peter
Degadt, administrateur délégué de Zorgnet
Vlaanderen, et du professeur Dirk Ramaekers,
jusqu'il y a peu directeur général du réseau
Ziekenhuisnetwerk Antwerpen. Depuis le
1
er
octobre, il est directeur médical auprès
des MC.
Dans l'introduction de ce «compte-rendu
exhaustif concernant nos soins de santé»
, nous
lisons que tous les tandems d'auteurs ont
travaillé de manière autonome, à l'exception
du chapitre sur l'hôpital pour lequel les deux
auteurs invités ont décidé d'écrire conjointe-
ment. «Ce qui en soi, n'est pas une constata-
tion anodine»
, semble-t-il.
Qui paie?
Quoi qu'il en soit, dans leur exposé, Degadt
et Ramaekers indiquent que les connais-
sances médicales explosent de manière ex-
ponentielle, sans toutefois nécessairement
profiter au patient. «Le progrès», disent-ils,
«signifie avant tout que les hôpitaux s'en-
gagent à réellement intégrer aux processus
de soins les techniques efficaces éprouvées,
sans les faire payer.»
Ils constatent par ailleurs que les «pro-
duits innovants» (nouveaux médicaments,
implants, scanners) coûtent toujours plus
cher que ceux de la génération précédente.
En outre, ils s'adressent aussi toujours à des
groupes de patients de plus en plus restreints.
Autrement dit, le prix d'achat augmente tan-
dis que le groupe cible diminue. Reste à savoir
qui va payer la note?
Ramaekers et Degadt estiment que la res-
ponsabilité et responsabili-
sation publiques croissantes
des médecins et hôpitaux
mettent aussi à mal la «li-
berté diagnostique et théra-
peutique totale»
. Pour les
deux auteurs, il est évident
que les hôpitaux devront
de plus en plus prouver la
rentabilité de leurs actes.
«L'alternative est», selon
eux, «la voie vers la priva-
tisation et le libre-échange
non régulé, où ces ques-
tions ne se posent pas.»
Nouvelle
répartition des
tâches
A leurs yeux, la commer-
cialisation des activités
lucratives, des sous-spé-
cialisations et super-
spécialisations dans les
hôpitaux bat d'ailleurs
son plein. D'après le
médecin des MC et le
gestionnaire de Zorgnet,
les dimensions des hôpitaux ne cessent
d'augmenter et les tâches, de se ramifier. En
même temps, «les patients qui s'expriment
de plus en plus sont aussi de mieux en mieux
renseignés.»
Enfin, la répartition des tâches change aussi
au niveau des différents échelons de soins.
En première ligne, les prestataires de soins
ont davantage
un rôle de coaching dans les domaines
de la prévention et du suivi des maladies
chroniques. Sur le plan structurel, ils ac-
quièrent par ailleurs une place plus impor-
tante concernant le renvoi du patient au
bon endroit et pour le soin approprié.
Geert Verrijken
Les soins de santé au scanner
«Mieux informé, le patient sera à l'avenir aussi mieux armé pour
s'exprimer. Grâce aux applications e-health, il peut également
gérer son propre dossier. Qui plus est, des expériences peuvent
être échangées au sein des associations de patients via les réseaux
sociaux.»
JS0805DF
Marcel De Brabanter a aussi son mot à dire
L
e docteur De Brabanter ne fait plus
souvent d'apparitions publiques,
mais il a tenu à présenter lui-même
un exposé pour l'occasion. Pour rappel,
Marcel De Brabanter a écrit l'histoire en
tant qu'opposant syndical du légendaire
dirigeant des associations syndicales de
médecins André Wynen. Pendant des
décennies, les deux médecins ont mené
un bras de fer, au sein des organes de
concertation de l'Inami et notamment sur
des questions d'ordre idéologique.
Bien entendu, De Brabanter n'est pas un
simple témoin. Après la seconde Guerre
mondiale, il a donné corps aux soins de
santé belges. Lorsque du haut de ses
93 ans, il évoque le passé, il se souvient
surtout qu'en 1944, aucune mutualité, ni
organisation de médecins ou de patients
n'a été impliquée dans la mise sur pied
de l'assurance maladie obligatoire. Tandis
que les mutualités ont vite trouvé la
voie des concertations, les choses sont
allé beaucoup plus lentement pour les
médecins. Le problème était, dixit De
Brabanter «que les médecins ne voulaient
pas se concerter avec des non-médecins. En
désespoir de cause, les mutualités ont fini
par se faire représenter par leurs conseillers
médicaux lors des Conseils.»
Commission paritaire
Vers 1954, un «groupe de médecins» est
arrivé à la conclusion qu'une nouvelle
politique s'imposait. Leur tâche consis-
tait à donner forme à la relation entre le
corps médical et les mutualités en tant
que représentantes des patients. Cette
«commission paritaire» qui conclut des
accords a vu le jour en 1963. De Brabanter
constate «non sans une certaine fierté»
qu'elle existe toujours cinquante ans plus
tard.
En l'an 2013, la commission paritaire
(autrement dit, la Commission natio-
nale médico-mutualiste) doit résoudre
rapidement deux problèmes nous indique
l'ancien dirigeant. D'abord, une réévalua-
tion des honoraires s'impose pour «faire
la distinction entre la part de frais et les
honoraires proprement dits.»
De Braban-
ter: «Bien entendu, ce problème ne peut
être résolu qu'en impliquant les organisa-
tions hospitalières dans les travaux de la
Commission médico-mutualiste.»
Ensuite,
il convient de répertorier d'urgence les
infrastructures du secteur spécialisé non
hospitalier. Enfin, De Brabanter estime que
les organisations de patients devraient
pouvoir être impliquées dans les systèmes
d'accord.
G.V.
«Dokter ik heb ook iets te zeggen» a été présenté à un cercle
restreint. En plus des auteurs, le fondateur et président
d'honneur de l'ASGB (Algemeen Syndicaat van Geneeskundigen
van België
), Marcel De Brabanter, âgé de près de 93 ans, a lui
aussi répondu présent.
JS0805CF
Il convient de
répertorier d'urgence les
infrastructures du secteur
spécialisé non hospitalier.
VOTRE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
Ramaekers et Degadt estiment que la responsabilité et
responsabilisation publiques croissantes des médecins et
hôpitaux mettent aussi à mal la «liberté diagnostique et
thérapeutique totale».