2013 est une chose, prédire l'avenir en est une autre. Où en serons-nous mais le professeur Yvo Nuyens entrevoit tout de même quelques tendances. La révolution technologique, en particulier dans le domaine des TIC, bat assurément son plein. Nuyens pense que cela pourra améliorer sensiblement la qualité et l'effi- cacité des soins de santé. «Les TIC peuvent considérablement venir en renfort du "col- loque singulier" et fortement diminuer la charge administrative des prestataires de soins. Il convient toutefois de se demander si l'échelonnement n'est pas dépassé par les possibilités qu'offrent les TIC. N'évo- luons-nous pas vers un dossier médical personnalisé qui suit le patient?» d'échelle connu le monde hospitalier au cours des dernières décennies, le professeur Nuyens prévoit une évolution vers de plus petites entités. «Les plus petits centres, y compris les maisons de repos et de soins, dispense- ront la majorité des soins hospitaliers. Tou- tefois, un nombre limité de grands hôpi- taux se consacreront aux soins de premier plan.» «Small is beautiful». En même temps, le sociologue médical prévoit aussi une augmentation d'échelle. «Le nombre de pathologies chroniques est en augmenta- tion. La viabilité des cabinets individuels en termes de coûts, d'efficacité et de qua- listes, spécialistes, psychologues et autres professionnels des soins devront, par la force des choses, travailler main dans la main. Il en résulte une collaboration entre les professions spécialisées dans les soins.» Selon Nuyens, l'élargissement s'explique aussi par la mondialisation et l'impact de l'Europe. «Qu'un patient se rende en Finlande pour une opération de l'oreille ou en Espagne pour une autre intervention devient courant. Par ailleurs, l'Union euro- péenne fera progressivement disparaître la politique de santé nationale. Le mouve- ment est amorcé: de plus en plus, l'Europe esquisse les grandes lignes concernant le financement, l'offre et la demande de soins, etc.» santé proprement dits, Yvo Nuyens constate le recul de l'Etat providence classique. Les pouvoirs publics prévoyant des soins accessibles à tous s'estompent progressivement au profit d'une socié- té dans laquelle chaque individu doit «Aux Pays-Bas, cette tendance est déjà bien amorcée. La société et les autorités peuvent de moins en moins être sollici- tées. Le citoyen, le patient, l'assuré social, le fils d'une personne âgée... tous devront assumer plus de responsabilités. Ce qui pose d'emblée la question de la portée de la solidarité.» Bref, les soins de santé en l'an 2050 font apparaître de nombreux nouveaux équilibres. Entre petit et grand, entre Europe et ruralité. programmes auprès de l'OMS, le professeur émérite Yvo Nuyens et l'ancien journaliste auprès de De Standaard, Hugo De Ridder, ont publié ensemble «Zeg maar A tegen je dokter» dans lequel ils adoptaient un regard belge de l'époque. Quatre décennies plus tard, les deux auteurs sont de retour. Dans leur nouvel ouvrage «Dokter ik heb ook iets te zeggen», ils dressent un bilan de notre système de soins de santé actuel. Jo De Cock, administrateur général de l'Inami, y signe une préface très intéressante et neuf duos de premier plan analysent chaque fois un domaine des soins de santé. Le livre se referme sur une «lettre à l'attention des décideurs politiques» co-signée par Yvo Nuyens, Hugo De Ridder et le célèbre économiste de la santé Lieven Annemans (UGent et VUB). prioritaires pour la politique. Dans le prolongement du livre et en préambule aux élections de l'an prochain, les auteurs ont décidé de concrétiser ces 13 thèmes en sept points charnière. «Plus précisément, il s'agit des points suivants: organisation/ HR et main-d'oeuvre, participation des patients, soins de santé mentale, choix des soins, prévention et fracture sanitaire sociale. Nous souhaitons nous atteler à ces sept points à court terme», explique le Professeur Nuyens. se réunissent de nouveau et développent la problématique ainsi que des actions concrètes sur deux pages A4. «C'est la raison pour laquelle nous nous réunissons de nouveau», ajoute le professeur. «Vers janvier 2014, nous élargirons le projet et intégrerons quelques parties prenantes telles que la Croix jaune et blanche, l'Absym, etc. Sept tables pour sept affirmations échangeront des idées autour de ces thèmes. Nous espérons que cela débouchera sur des hypothèses bien étayées que nous pourrons soumettre à l'opinion publique et aux hommes juin 2014. Voilà le mouvement qui anime le livre.» Parvenir à un consensus sur quelques objectifs de santé est essentiel, estime le professeur Nuyens. C'est justement ce qui fait défaut au récent programme en six points de la ministre Onkelinx. compétences, comme la prévention et la médecine curative, se situent au même niveau politique, ce qui n'est actuellement pas le cas. Yvo Nuyens: «Le ministre Vandeurzen souhaite par exemple étendre l'expérience aux psychologues de première ligne, un avis partagé par le célèbre psychiatre Dirk De Wachter. Il est d'ailleurs partisan de la poursuite du développement et de l'intégration dans les soins de santé mentale. Toutefois, le problème est que l'accréditation et le remboursement des psychologues est une matière fédérale.» Pour Nuyens, la sixième réforme de l'Etat offre des possibilités, mais a aussi ses limites. Une nouvelle réforme de l'Etat est-elle dès lors nécessaire? Dans l'ouvrage, le directeur général Ri De Ridder n'y tient absolument pas. Il plaide pour un moratoire de deux à trois ans. positivement: la loi sur les droits des patients par exemple. Cela dit, tout va tellement lentement. Nous avons peut-être besoin d'un despote éclairé visionnaire pour remanier en profondeur les soins de santé.» et de la communication (TIC) vont considérablement améliorer l'efficacité et la qualité des soins. D'un côté, nous nous dirigeons vers une augmentation d'échelle mais d'un autre côté, vers une réduction d'échelle. Il convient aussi de noter que l'Etat providence classique est en recul et que la politique de santé "nationale" va disparaître progressivement.» sur quelques objectifs de santé est essentiel, estime le professeur Nuyens. pathologies chroniques est en augmentation. La viabilité des cabinets individuels en termes de coûts, d'efficacité et de qualité des soins s'en trouve menacée. |