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I
Le Spécialiste
13-16
9 octobre 2013
www.lespecialiste.be
C
ertains patients vont chercher une
attention différente auprès de ces
mouvements comme l'a rappelé
Olivier Hertel, journaliste à Sciences et Ave-
nir
, lors de son audition au Sénat français sur
les dérives thérapeutiques et sectaires: «La
médecine pâtit parfois d'une véritable dés-
humanisation. Si les gens sont sensibles aux
pratiques non conventionnelles, c'est que
durant une heure, on vous écoute, on vous
touche, on vous masse, on est attentif à votre
personne.»
Propos sans doute réducteurs
mais pas sans fondement. Pour rappel, en
France, en avril 2013, la commission séna-
toriale avait rendu un rapport important sur
la question avec 41 recommandations pour
lutter contre ces dérives en expansion: dé-
sinformation en matière de santé, pratiques
commerciales relevant de la charlatanerie....
Le rapport proposait la création, au coeur
des hôpitaux, de groupes de détection des
patients susceptibles d'être victimes de dé-
rives sectaires ou d'abandonner leurs soins.
Il attirait également l'attention des autori-
tés hospitalières sur l'exercice des thérapies
non conventionnelles au sein de certains
établissements. Il demandait à cet effet un
encadrement très strict et des accrédita-
tions rigoureuses.
Médiatisation réduite
Chez nous, les institutions de soins ne
sont pas toujours assez mises en garde
face à ce phénomène. Le rapport sur les
sectes ou les dérives sectaires ne fait pas
l'objet d'une communication spécifique
vers le monde médical sauf dans les publi-
cations médicales spécialisées (comme
votre journal) ou lorsqu'un cas concret
touche la sphère médicale.
Ce phénomène concerne également les mai-
sons de repos, comme le souligne le député
Ecolo, Matthieu Daele: «Les personnes âgées
sont désormais les cibles privilégiées des
mouvements sectaires, ce qui serait confirmé
par la Police fédérale. Les sectes s'attaquent
aux maisons de repos notamment via de faux
bénévoles et repèrent leurs cibles dans les
cimetières ou par le biais des rubriques nécro-
logiques... Il ressort du rapport français de la
Miviludes que les seniors, et plus particuliè-
rement les femmes, surtout celles âgées de
plus de 80 ans, malades de préférence, vivant
seules ou en maison de repos, sont des victimes
de prédilection. Ne serait-il pas utile de mettre
en place des campagnes de prévention dans
les maisons de retraite sur ce phénomène?»
Pour la ministre wallonne de la Santé,
Eliane Tillieux, le phénomène doit sans
doute exister, mais elle n'a pas encore été
sensibilisée à la question: «Cela ne signi-
fie pas qu'il n'existe pas de tentatives de ce
genre auprès de résidents, mais elles sont, à
ce stade, pour le moins négligeables.»
Redoubler d'attention
Pour la ministre, ce n'est pas à l'administra-
tion, à ce stade d'intervenir, mais plutôt aux
gestionnaires des hôpitaux et des maisons
de repos eux-mêmes: «De manière géné-
rale, il est du devoir du gestionnaire de pro-
téger la personne âgée hébergée dans son
établissement tant sur le plan de la santé que
de son bien-être. C'est donc à l'ensemble des
membres du personnel d'être attentif et de dé-
noncer d'éventuelles manoeuvres sectaires.»
Eliane Tillieux rappelle que des disposi-
tifs sont applicables en la matière: «Des
outils existent déjà, même pénalement,
pour "celui qui, tout en exerçant une acti-
vité dans un établissement pour aînés, gère
de façon non individualisée les comptes
des résidents" ou qui "par ruse, contrainte,
menace, fausse promesse ou en profitant
de l'état de faiblesse ou de maladie, se sera
fait remettre des biens appartenant à un
résident".»
Pour la ministre, les responsables d'éta-
blissement ne sont pas les seuls qui pour-
raient être concernés par cette mesure.
«Les aidants bénévoles pourraient être
concernés par cette disposition. Il est im-
portant que l'action des bénévoles soit en-
cadrée et la Croix-Rouge de Belgique a une
approche dynamique d'accompagnement
du volontariat via des formations ou encore
des entretiens.»
La ministre wallonne de la Santé compte
faire preuve de vigilance: «A l'heure ac-
tuelle, il convient de faire confiance aux
différentes institutions pour protéger de
telles dérives leurs personnes âgées fragili-
sées. Néanmoins, je reste attentive à l'évo-
lution de la situation en ce domaine.»
Vincent Lievin
JS0812F
Maison de repos et hôpitaux:
cibles des mouvements sectaires
En Belgique comme en France, les hôpitaux et les maisons
de repos deviennent de plus en plus souvent la cible de
mouvements sectaires. Ils profitent de la faiblesse ou de la
diminution d'attention des personnes malades ou âgées.
VOTRE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
Il ressort du rapport français de la Miviludes que les
seniors, et plus particulièrement les femmes, surtout
celles âgées de plus de 80 ans, malades de préférence,
vivant seules ou en maison de repos, sont des victimes
de prédilection.
JS0793BF
Evolution des dépenses
de la Sécurité Sociale
LE GRAPHIQUE DE LA QUINZAINE
40
35
30
25
20
15
10
5
0
1970
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Maladie et invalidité
Accidents du travail
et maladies professionnelles
Soins médicaux
Chômage
Pensions
Allocations familiales
%