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2013
d
es
diaBLes
dans
Le
désert
Dans les représentations les plus an-
ciennes, Antoine est principalement
confronté à des diables et des démons.
Un démon était considéré comme un
«ange déchu», un diable, un «mauvais
esprit» ou «esprit impur». À l'origine,
dm (daimon) était un terme grec
plus neutre signifiant «idole» et une
traduction du mot hébreu elilim qui,
traduit librement, signifie «rien». Par
ce terme utilisé dans l'Ancien Testa-
ment, les prophètes luttant contre
l'idolâtrie évoquaient ironiquement
ceux qui étaient tombés en adoration
devant l'elilim de «pierre, de bois et de
métal» et n'honoraient «rien» en fin
de compte. Dans la Bible, on raconte
également que les démons sont sous
la domination de Satan, c'est-à-dire le
diable qui peut être considéré comme
une sorte de démon supérieur. Dans
l'esprit du Moyen Âge, Satan est en
somme le plus important d'un grand
groupe d'anges individuels qui se
sont détournés de Dieu à un moment
donné. Le nom Belzébuth est tiré du
nom Baalzebub et tous deux signifient
«seigneur de tout ce qui vole». Il s'agit
du surnom biblique de Belzébul (dérivé
de Béelzébul), qui signifie le «Seigneur
de la maison». Dans le Nouveau Tes-
tament, Belzébuth/Belzébul est appelé
le seigneur des démons, une autre ap-
pellation du diable ou de Satan. Nous
retrouvons également cette idée dans
la Vita d'Antoine: (1.§ 22) Sachons
d'abord que les démons sont appelés
démons non parce qu'ils ont été créés
ainsi, car Dieu n'a rien créé de mauvais,
eux aussi ont été créés bons, mais parce
qu'ils sont devenus mauvais. Déchus
qu'ils étaient de la sagesse céleste, se
roulant alors autour de la terre, ils ont
trompé les païens par des apparences
et, pleins de haine contre nous autres
chrétiens, ils mettent tout en oeuvre
pour nous fermer le chemin du ciel d'où
ils sont exclus et où ils voudraient nous
empêcher d'arriver.
James George Frazer (4) décrit très
bien la vision que la population primi-
tive avait à propos des esprits et des
démons au Moyen Âge primitif. Dans
sa représentation, le monde grouille
encore et toujours de ces étranges cré-
atures qui ont été congédiées en raison
d'une philosophie plus rationnelle. Tant
éveillé qu'endormi, il croit être encerclé
Figure 4: Pieter van der Heyden (1530-1572), gravure sur cuivre d'après Pieter Bruegel de
1556: La tentation de Saint Antoine par toutes sortes de monstres surréalistes.
Figure 5: Jan Wellens de Cock, La Tentation de Saint Antoine, Museo Thyssen-Bornemisza,
Madrid. On observe également sur celle-ci des créatures animales à l'arrière-plan, mais
on remarque plus particulièrement les trois femmes nues qui veulent séduire Antoine.
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