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Editorial
Bimestriel - 6x par an
(éditions spéciales incluses)
Andrologic est une publication
réservée aux urologues, endocrinologues
et spécialistes en andrologie-sexologie
Tirage: 2.500 exemplaires
RÉDACTION
Erik Briers
Pierre-Emmanuel Dumortier
Philippe Mauclet
Alex Van Nieuwenhove
PRODUCTION
Laura Marlot
COORDINATION
Orianne du Quesne
MEDICAL DIRECTOR
Dominique-Jean Bouilliez
SALES MANAGER
Catherine Motte
sales@rmnet.be
PUBLICITÉ
Laurence Girasa
ÉDITEUR RESPONSABLE
Vincent Leclercq
ABONNEMENT ANNUEL
100
Tous droits réservés, y compris la traduction,
même partiellement.
Paraît également en néerlandais.
L'éditeur ne pourra être tenu pour
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signés, qui engagent la responsabilité de
leurs auteurs. En raison de l'évolution
rapide de la science médicale, l'éditeur
recommande une vérification extérieure
des attitudes diagnostiques ou
thérapeutiques recommandées.
3
I
A
ndrologic
·
V
ol
9
·
n°2
·
2013
HE0573F
L
a
Littératie
et
Les
compétences
de
santé
Il y a 10 ans, la loi sur les droits du patient posait dans son article 5 que le patient a le droit «de
la part du praticien professionnel, à des prestations de qualité répondant à ses besoins et ce, dans le
respect de sa dignité humaine et de son autonomie et sans qu'aucune distinction d'aucune sorte ne soit
faite
». Pour respecter l'autonomie du patient, la loi précisait que le patient a droit, «de la part du
praticien professionnel, à toutes les informations qui le concernent et peuvent lui être nécessaires pour
comprendre son état de santé et son évolution probable
» (article 7). (1)
L'exigence de respect de l'autonomie des personnes, dans un domaine aussi essentiel que l'est tout
ce qui relève, pour chacun, de la vie voire de la survie, est évidemment légitime. C'est la raison pour
laquelle la très grande majorité des soignants n'ont pas attendu que l'article 7 soit coulé dans le
marbre de la loi pour informer leurs patients. Il reste néanmoins que cette exigence a longtemps
masqué une partie du problème. C'est que la loi, en affirmant l'autonomie des patients, visait à
neutraliser l'attitude paternaliste qui a longtemps prévalu dans la relation patient/soignant.
Il s'agissait donc, en la promulguant, d'opérer un rééquilibrage de la relation sans nier l'asymétrie
qui existe de fait entre le spécialiste et le profane affaibli et fragilisé par la maladie.
Avec le recul, il est permis de penser que la loi, précisément parce ce qu'elle prenait acte de
l'asymétrie comme d'un fait irrévocable, maintenait le patient dans une posture passive. Une posture
où l'essentiel consistait à lui faire comprendre son état de santé pour que, désormais éclairé, il
consente, collabore et adhère aux traitements proposés.
L'idée de développer la littératie en santé c'est-à-dire les compétences des individus à trouver, à lire,
à comprendre, et surtout à utiliser l'information pour que chacun puisse déterminer la manière dont
il entend préserver ou restaurer sa santé, est porteuse d'une conception radicalement différente de
l'autonomie. Dans le premier cas, l'autonomie se résume à l'adhésion du patient aux alternatives de
soins qui lui sont proposées, dans le second, l'autonomie désigne l'aptitude du patient à prendre de
lui-même et pour lui-même les décisions
qui le concernent en matière de santé. On retrouve ici le
sens de l'autonomie, telle qu'elle a été soutenue par les philosophes des Lumières, souhaitant que
les individus ne soient plus seulement éclairés de l'extérieur par les experts et les savants, mais que
chacun porte en lui sa propre lumière pour éclairer ses propres choix. C'était à l'époque un véritable
défi que l'éducation devait permettre de rencontrer. C'est aujourd'hui encore une gageure, alors
qu'on estime que près de la moitié de la population belge ne dispose que de faibles compétences
pour trouver, comprendre et utiliser les informations en santé (2). Relever ce défi, par l'information
et l'éducation, correspondrait à ne plus vouloir seulement respecter une autonomie qui n'a pas les
moyens de ses choix, mais à la faire être.
Valérie Kokoszka
1. Voir loi sur les droits du patient: http://www.ejustice.just.fgov/
2. Cf. le rapport de l'OCDE sur la littératie des adultes, p. 27: http://www.educationeconomics.unige.ch/Agenda/Werquin_mar07.pdf