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ol
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n° 2
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2013
ainsi qu'une plus grande difficulté
du travail. L'alcool induit également
une atrophie ovarienne avec chute
des taux d'estrogène et de testosté-
rone et réduction du taux de LH (7).
On sait que le taux d'estrogène est
abaissé chez les filles de 12 à 18 ans
lorsqu'elles ont consommé de l'al-
cool, même en petites quantités (8).
Cette consommation modifie égale-
ment leurs habitudes alimentaires et
donc leur croissance. Enfin, les taux
de LH sont abaissés (9) tandis que les
cycles menstruels sont perturbés, au
point parfois de mener à une méno-
pause précoce, cette perturbation des
cycles pouvant être rencontrée égale-
ment chez la femme non alcoolique
lorsqu'elle consomme en excès (10).
Quel impact sur la
fertilité?
Cet aspect est difficile à évaluer car
il est multifactoriel, au même titre
que la fertilité chez l'homme. Cela
dit, Grodstein a montré que chez les
femmes avouant une consomma-
tion d'alcool, il y a plus d'infertilité et
d'endométriose (le risque est multiplié
par 1,5-1,6) pour des raisons encore
obscures (11). Une deuxième étude,
danoise, qui a suivi 430 couples qui
ont essayé de concevoir, a montré
également un risque plus élevé d'in-
fertilité chez les femmes qui boivent
de l'alcool, d'autant plus important
que la consommation est plus élevée
(12). Chez l'homme par contre, il n'y
a pas d'association dose-réponse avec
la quantité d'alcool ingérée. Enfin,
Eggert, qui a suivi 7.393 femmes, a
montré que le problème d'infertilité
est plus fréquent chez les femmes qui
boivent beaucoup (RR = 1,59), sans
augmentation cependant du risque de
fausse couche ou de grossesse extra-
utérine (13).
Pour la consommation modérée d'alco-
ol par contre, les effets ne sont pas clairs,
«mais il est très probable, selon Petra De
Sutter
, que le "time to conceive, time to
get pregnant", donc le temps pour arriver
à une grossesse est plus long et qu'il y a
plus d'infertilité.»
a
LcooL
et
grossesse
:
option
zéro
incontournaBLe
Le syndrome d'alcoolisation foetale se
manifeste par la triade retard mental,
retard de croissance
et dysmorphie
faciale
(Figure 1), à laquelle s'ajoutent
des troubles psychosociaux et cogni-
tifs qui peuvent perdurer jusqu'à l'âge
adulte. Dans la littérature récente,
les auteurs utilisent plus volontiers le
terme «fetal alcohol spectrum disor-
der»
, car les altérations sont très va-
riées.
Environ une femme enceinte sur
quatre consomme de l'alcool durant
la grossesse, le plus souvent occa-
sionnellement. Mais 1,5% d'entre
elles consomment au moins 2 unités
d'alcool par jour. Ces taux sont très va-
riables d'une région à l'autre, au même
titre donc que la prévalence du syn-
drome d'alcoolisation foetale, qui est
en moyenne de 1,9/1.000 naissances
vivantes, avec un risque de 30-40%
chez une femme enceinte consom-
mant beaucoup.
Alcool et placenta
L'alcool passe la barrière placentaire
pour atteindre des concentrations
rapidement égales dans le compar-
timent foetal (liquide amniotique et
sang foetal) à celles du sang maternel.
Cependant, dans la mesure où le foie
foetal ne peut métaboliser rapidement
l'alcool, celui-ci s'accumule dans le
liquide amniotique à des concentra-
tions nettement supérieures à celles
retrouvées dans le sang maternel en
dehors des épisodes de consomma-
*
Philtrum: zone entre le nez et la bouche
**
Pli épicanthal: petit pli de peau recouvrant le coin interne de l'oeil
***
Micrognathie: petitesse de la mâchoire inférieure
Fissure palpébrale courte
Nez court
Visage aplati
Philtrum* indistinct
Lèvre supérieure ne
Pli épicanthal**
Base de nez basse
Anomalies auriculaires
mineures
Micrognathie***
Signes
discriminants
Signes
associés
Figure 1: Dysmorphie
faciale. Le faciès typique du
syndrome foetal alcoolique à
la puberté.
Pierre Bernard (UCL)