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OrthO-rhumatO | VOL 11 | N°5 | 2013
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les PALO alors qu'elle était de 72% pour la PTH (52). Ces
résultats ont été confirmés par la suite avec une DC de 23%
pour la PALO versus 39% pour la PTH (10).
Comme nous l'avons indiqué précédemment, les études
transversales ont montré une corrélation directe entre
concentrations sanguines de PALO et de PTH. Par consé-
quent, la mesure de PTH et de PALO est présentée comme
complémentaire par les KDIGO (1). Cependant, lorsque l'on
s'intéresse au suivi longitudinal des patients, on observe
fréquemment des discordances entre ces deux marqueurs
au cours du temps (à savoir, et par exemple, une PTH qui
augmente alors que la PALO diminue chez le même pa-
tient). Ceci a été récemment illustré dans une étude obser-
vationnelle. Aucune corrélation significative n'est retrouvée
dans cette étude entre les variations de PTH (PTH) et les
variations de PALO (PALO) sur une courte période (6 se-
maines) ou sur une période plus longue (52 semaines) (34).
Les concentrations sériques de PTH suivent rapidement les
modifications «aiguës» de la calcémie, tandis que les chan-
gements liés au renouvellement osseux, qui influencent la
concentration de PALO, prennent plus de temps (Figure).
De même, la demi-vie de la PALO est de un à deux jours,
alors que celle de la PTH est de seulement quelques minutes
(53). Les différences observées dans cette étude peuvent
être expliquées, en partie, par la différence de cinétique
entre la PTH, qui a une demi-vie courte et qui dépendent
des modification de la calcémie «minute par minute» et
entre la cinétique des PALO qui a une demi-vie plus longue
et qui dépend de modifications au niveau de l'os qui peuvent
prendre plusieurs mois.
Un résultat de PALO chez un patient doit cependant être
analysé avec circonspection. En effet, la concentration de
PALO peut être influencée par d'autres processus osseux
que le remodelage, à savoir la présence de métastases, de
fracture récente et le processus de croissance. Qui plus est,
certaines données récentes suggèrent que la spécificité des
PALO n'est pas parfaite chez les patients atteints de mala-
die hépatique sévère (39). Le coût du dosage de PALO est
identique à celui de PTH en Belgique et, à ce jour, aucune
analyse de «coût-efficacité» comparant PALO et PTH n'est
disponible.
NoUvEaUx bioMarqUEUrS dU rEModElaGE
oSSEUx ChEz lE PatiENt dialySé
Les dernières recommandations de l'IOF (International
Osteoporosis Foundation
) et de l'IFCC (International
Federation of Clinical Chemistry and Laboratory Medi-
cine
) préconisent de mesurer le propeptide N-terminal du
procollagène de type 1 (PINP), un marqueur de formation
osseuse et le télopeptide C-terminal du collagène de type 1
(-CTX ou Crosslaps), un marqueur de l'activité ostéoclas-
tique, et ceci pour estimer le remodelage osseux chez les
patients ostéoporotiques (non insuffisants rénaux) (54).
Ces marqueurs n'ont pas encore été étudiés en profondeur
dans le contexte de l'insuffisance rénale et/ou de la dialyse.
Un autre marqueur de résorption osseuse, l'isoforme 5B de
la phosphatase acide résistante à l'acide tartrique (TRAP-
5B) pourrait également être intéressant dans le contexte de
l'insuffisance rénale.
La TRAP-5B est sécrétée par les ostéoclastes durant le phé-
nomène de résorption osseuse (55, 56). Ce marqueur pré-
sente des caractéristiques intéressantes pour l'estimation
du remodelage osseux en cas de maladie rénale. En effet,
sa concentration sérique n'est pas influencée par la fonc-
tion rénale, l'alimentation et le nycthémère (57). Il s'agit,
du point de vue physiopathologique, d'un «vrai» marqueur
de résorption osseuse et il est corrélé de manière significa-
tive avec des indices histologiques de résorption, comme le
nombre d'ostéoclastes, le TFO et le taux de minéralisation
chez les patients insuffisants rénaux (58). Le coefficient de
variation intra-individuel de la TRAP-5B chez le patient
hémodialysé est faible (8,3%), ce qui aboutit à une DC
acceptable de 24% (10). A ce stade, la principale limite est
l'absence de méthode automatisée pour sa détermination,
ce qui rend sa mesure moins pratique (nécessité de mesurer
par technique ELISA). La littérature sur l'intérêt de la TRAP-
5B chez le patient dialysé est encore peu abondante, mais il
existe une corrélation significative avec la PTH et d'autres
biomarqueurs osseux d'une part (32, 56) et quelques don-
nées suggèrent aussi une association entre TRAP-5B et
différentes paramètres de l'histomorphométrie (7).
Le PINP se compose de trois sous-unités (2 chaines pro-
et une chaine pro-ß). Ces chaines, qui sont liées entre elles
de manière non covalente, sont produites en quantité équi-
molaire avec le collagène déposé dans les tissus (59). Une
fois dans la circulation, le PINP est rapidement métabolisé
par les cellules endothéliales du foie (60). Dans le sérum
humain, PINP est présent sous deux formes, une forme tri-
mérique et une forme monomérique. Certains kits recon-
naissent les deux formes («Total PINP», Roche Elecsys),
tandis que d'autres dosages reconnaissent uniquement la
forme trimérique («Intact PINP», Orion Diagnostica et iSYS
IDS). La proportion de la forme monomérique est plus éle-
vée chez les patients atteints de maladie rénale chronique et
la concentration apparente de PINP n'est pas affectée par
le taux de filtration glomérulaire lorsque le dosage de PINP
est réalisé avec la forme «intacte» (61). Les monomères de
PINP ne sont pas dialysés et leur concentration n'est donc
pas influencée par une séance de dialyse. La DC est de 32%
pour le dosage «intact» (10). La concentration sérique de
PINP montre peu de variations diurnes ou saisonnières
et n'est pas influencée par le genre. Cependant, PINP sera
beaucoup plus élevé chez les enfants et les adolescents en