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Skin
Vol 16
N°3
2013
35
xérostomie, carences en vitamines, candi-
dose, problèmes dentaires et allergies de
contact). Environ 1 million de nord-amé-
ricains sont touchés, pour la plupart des
femmes périménopausées qui présentent
souvent une comorbidité psychiatrique.
La plupart des patients souffrent quo-
tidiennement de sensations de brûlure
buccale, avec une aggravation des symp-
tômes au cours de la journée.
La pathogenèse, incertaine, est probable-
ment multifactorielle, mais l'hypothèse
la plus vraisemblable implique un méca-
nisme neurologique sous-jacent. Bien
que les maladies psychiatriques aient
été autrefois tenues pour cause primaire
du BMS, elles sont aujourd'hui considé-
rées comme un facteur concomitant ou
secondaire, car aucune corrélation n'a
été établie entre l'apparition d'un BMS
et des événements stressants (Bogetto F,
psychosom Med 1998).
Comme le BMS constitue un diagnostic
d'exclusion, une mise au point correcte
est indispensable. Une anamnèse minu-
tieuse (habitudes alimentaires, antécé-
dents dentaires, etc.) et un examen phy-
sique (y compris dentaire) sont indiqués.
Une analyse sanguine et un frottis lin-
gual contribuent également au bilan (Ta-
bleau 3
). au besoin, le patient peut être
réorienté vers l'othorhinolaryngologie, la
gastro-entérologie, l'endocrinologie, la
rhumatologie, la psychiatrie, la chirurgie
dentaire ou la neurologie.
étant donné que la cause est incertaine,
les méthodes de traitement disponibles
à l'efficacité prouvée sont peu nom-
breuses. Elles consistent surtout à bien
expliquer la pathologie au patient et à le
rassurer, dans la mesure où il ne s'agit
pas d'une maladie grave. Une écoute
attentive (éventuellement assortie
d'un questionnaire) et la fourniture
d'explications suffisantes entraînent un
effet placebo considérable (30 à 40%
selon torgerson). Des soins dentaires op-
timaux sont indispensables: on conseille
un dentifrice doux (dentifrice pour en-
fants ou eau additionnée de bicarbonate
de soude). Mieux vaut éviter les bains de
bouche et la nourriture épicée ou acide.
Il est conseillé d'adopter un plan par
étapes. outre les soins dentaires,
une thérapie topique est entamée. trois
possibilités s'offrent à nous (Tableau 4).
Si la thérapie topique n'est d'aucun
secours, on peut envisager une médica-
tion neuropathique contre la douleur.
Les anticonvulsifs (gabapentine 300mg
3x/jour, prégabaline 150mg 2x/jour),
les antidépresseurs tricycliques (ami-
triptyline 100mg avant le coucher), les
ISRS (par exemple duloxétine 60mg
1x/jour) et les antagonistes de la do-
pamine (pramipexole 0,125mg 3x/
jour) peuvent se révéler efficaces.
toutefois, cette médication doit être
parfaitement adaptée au patient et il
convient d'évaluer le résultat visé en
tenant compte des effets secondaires.
Le soutien psychologique et la théra-
pie comportementale cognitive con-
tribuent à atténuer les symptômes.
Tableau 4: Thérapie topique en cas de BMS.
·
Lidocaïne
2% 4x/jour si nécessaire
è Gel: appliquer pendant 45 secondes sur la «zone brûlante»
è Solution: gargariser
·
Capsaïcine:
rincer/cracher en solution diluée 3x/jour
è +/- 200ml d'eau + 1 goutte de tabasco
è amélioration des symptômes dans plus de 75% des cas après 8 semaines
(Marino R, et al. J oral pathol Med 2010)
·
Clonazépam:
sucer un comprimé d'1mg pendant 3 minutes (puis cracher) 3x/jour
è Diminution de l'intensité de la douleur chez 66% des patients après 2 semaines
(Gremeau-Richard et al., pain 2004)