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Vol 16
N°3
2013
27
membres, le tronc, le cuir chevelu, mais
épargnant les paumes et les plantes. Les
atteintes palmo-plantaires ne sont pour-
tant pas rares. Elles peuvent être inaugu-
rales et restent parfois isolées. La mala-
die d'ofuji se caractérise dans ce cas par
des pustules et non des folliculites. En
effet, les paumes et les plantes n'ont pas
de follicules.
Les pustuloses éosinophiliques stériles
présentent 3 critères:
- papulopustules à prédominance folli-
culaire;
- contenu stérile des pustules;
- éosinophilie et élévation des IgE.
RéaCtIonS paRaDoxaLES aUx
antI-tnF (FIGURES 13 Et 14)
Les molécules incriminées en premier
lieu sont l'infliximab et l'adalimumab.
Il s'agirait plutôt d'un effet de classe
médicamenteuse que d'un effet lié à
la molécule. Le délai d'apparition des
pustules varie de quelques semaines à
quelques années. Les ppp peuvent pro-
gressivement évoluer en kératodermie
palmo-plantaire. Les lésions sont parfois
eczématiformes ou psoriasiformes. Le
traitement proposé lors d'une réaction
paradoxale aux anti-tnF est dans un
premier temps l'arrêt du médicament
suspecté et l'application de dermocorti-
coïdes locaux. Le méthotrexate (15mg/
semaine) ou l'azathioprine sont d'autres
possibilités thérapeutiques en cas de
non-réponse. Lorsque l'atteinte est peu
sévère, l'arrêt de l'anti-tnF n'est pas
obligatoire si les traitements locaux
sont suffisants. Un phénomène d'auto-
nomisation de la maladie est réguliè-
rement observé. Les lésions peuvent
persister plusieurs mois après l'arrêt du
médicament.
iNTéRêT DE LA BioPSiE
CUTANéE
Une biopsie cutanée peut orienter le dia-
gnostic. La présence de pustules multilo-
culaires spongiformes de Kogoj évoquera
un psoriasis, un syndrome de Fiessinger-
Leroy ou, après exclusion de ces deux
entités, une pustulose palmo-plantaire
idiopathique. a noter qu'il est impossible
de distinguer le psoriasis et le FLR sur le
plan histologique. La présence de pus-
tules uniloculaires (non spongiformes)
évoquera soit une pustulose satellite de
foyer infectieux (bactérides d'andrews),
soit un SapHo.
RôLE DES FACTEURS ENViRoN-
NEMENTAUx ET MALADiES
ASSoCiéES
taBaC
75 à 95% des patients ayant une ppp
sont fumeurs et le tabac joue certai-
nement un rôle péjoratif, comme le
montrent plusieurs études épidémiolo-
giques. Une surexpression des récepteurs
à la nicotine dans la peau lésionnelle a
été évoquée, sans que cela ne soit réel-
lement prouvé. Il n'existe que très peu
d'études sur les effets du sevrage taba-
gique, même si on signale une diminu-
tion significative du nombre de pustules.
InFECtIonS
En 1935, andrews avait suggéré une
participation des antigènes infectieux
dans les ppp et proposé l'amygdalecto-
mie comme traitement de celles-ci, qu'il
avait alors baptisées «bactérides pus-
tuleuses d'andrews». Depuis, de nom-
breuses études ont été réalisées, mais
aucune n'a démontré que le traitement
des foyers infectieux permettait de gué-
rir la ppp. En pratique, la recherche d'un
foyer infectieux latent (oRL, dentaire...)
n'est pas justifiée.
aLLERGIE À DIStanCE À DES Mé-
taUx D'oRIGInE DEntaIRE?
Il a été proposé que les métaux d'ori-
gine dentaire agiraient comme facteur
déclenchant ou aggravant des ppp, sans
toutefois que ce ne soit confirmé. Il est
donc primordial d'être sûr de l'impli-
cation d'éventuelles couronnes den-
taires dans la ppp avant d'en proposer
l'extraction.
Figures 8 et 9: Dyshidrose: vésicules de grande taille confluant en bulles, sans érythème
sous-jacent.
Figures 10 et 11: Eczema dysidrosique: vésiculo-pustules de l'ensemble de la paume,
entourées d'un fond érythémateux chez un patient fumeur.