background image
Skin
Vol 16
N°3
2013
31
cette méthode se révèle parfois doulou-
reuse et moins efficace pour les lésions
hyperkératosiques, étant donné son pou-
voir de pénétration limité.
Le mécanisme de la tpD se base sur une
ancienne technique bien connue consis-
tant à combiner un photosensibilisant,
qui s'accumule dans les cellules (pré)
cancéreuses, à de la lumière et de l'oxy-
gène, le tout entraînant une réaction
apoptotique.
- Le photosensibilisant est une molé-
cule porphyrine ­ acide 5-aminolé-
vulinique (aLa) ou méthylaminolé-
vulinate (MaL) ­ appliquée pendant
quelques heures sous occlusion sur
la région à traiter, afin d'être trans-
formée en protoporphyrine Ix dans
la peau. Comparé à l'aLa, le MaL est
absorbé plus rapidement, après quoi
le groupe méthyl s'en détache. Dans
certains pays, il existe un pansement
aLa (très pratique).
- La source de lumière peut être bleue
(combinée à l'aLa) ou rouge (avec
le MaL). La lumière rouge pénètre
plus en profondeur et s'avère donc
plus indiquée pour le traitement des
lésions plus profondes (notamment
en cas de carcinome basocellulaire).
Le temps d'exposition est d'environ
9 minutes. L'inconvénient est que le
patient ressent davantage de dou-
leurs durant l'exposition à la lumière
rouge qu'à la lumière bleue. Le ta-
bleau 1
répertorie les différences.
La lumière rouge et la lumière bleue
sont les plus efficaces, mais il existe
actuellement une alternative moins
onéreuse et moins douloureuse: l'ex-
position à la lumière du jour pendant
1,5 à 2 heures, concept connu sous le
nom de daylight PDT. La combinaison
du MaL ou de l'aLa à certains lasers
ou à l'IpL comme source de lumière
fait l'objet d'applications expérimen-
tales.
L'inconvénient de la tpD réside dans
le fait que le patient risque de souffrir
pendant l'exposition. Il est donc crucial
de traiter la douleur et d'assister le pa-
tient. on peut par exemple le soulager
grâce à un ventilateur à air froid ou à un
spray d'eau fraîche. Dans de rares cas, la
pose d'un bloc nerveux peut être utile.
Des rougeurs, un oedème et des croûtes
peuvent apparaître au niveau de la zone
traitée, jusqu'à quelques jours après une
tpD. Le plus souvent, plusieurs séances
sont nécessaires à des intervalles d'1
semaine à 3 mois, selon l'indication.
La porphyrie et la photosensibilité sont
des contre-indications pour ce traite-
ment, ainsi que l'allergie à l'un des com-
posants du photosensibilisant. Dans
les deux semaines précédant la tpD, le
patient ne peut pas s'appliquer de ré-
tinoïdes topiques ni prendre de médi-
caments photosensibilisants (doxycy-
cline, hydrochlorothiazide, etc.). parfois,
quelques jours de préparation à l'aide de
kératolytiques sont utiles afin de réduire
les lésions hyperkératosiques, ainsi qu'un
curetage prudent avant l'administration
du MaL ou de l'aLa.
À l'avenir, la thérapie combinée devrait
gagner du terrain. L'idée d'un traitement
adjuvant à la tpD à l'aide d'imiquimod
a été suggérée, de même qu'un traite-
ment préalable au fluoro-uracile pendant
1 à 7 jours. Cette dernière option offre une
meilleure réponse après 1 an que la tpD
seule.
La tpD (off-label) est employée pour
d'autres indications diverses, avec un
succès variable: acné vulgaire, condylome
acuminé, photovieillissement cutané,
sclérodermie localisée, granulome annu-
laire, leishmaniose, etc. Des indications
non dermatologiques en ophtalmologie,
oRL, gastro-entérologie et urologie sont
également explorées.
PSoRiASiS: LES FUTURES
MoDALiTéS DE TRAiTEMENT?
Certains nouveaux médicaments bio-
logiques et petites molécules sont pro-
metteurs dans le traitement du psoriasis
en plaques modéré à sévère, selon Bruce
Strober (Connecticut)
. pour ce qui est
des médicaments biologiques, les inhibi-
teurs de l'IL-17 figurent en tête de liste.
L'IL-17a, produite par les cellules th17,
jouerait un rôle prépondérant dans la
pathogenèse du psoriasis, à la suite d'une
altération de l'expression des médiateurs
inflammatoires par les kératinocytes et
du maintien de la réponse immunitaire
dans la peau du patient psoriasique. L'in-
hibition de l'IL-17 serait ainsi un objectif
potentiellement intéressant pour le trai-
tement du psoriasis:
- le brodalumab est un inhibiteur du
récepteur de l'IL-17 monoclonal hu-
main, dont l'efficacité a été prouvée
dans le cadre d'une étude de phase II
(papp Ka et al., nEJM 2012);
- le secukinumab et l'ixekizumab sont
des inhibiteurs de l'IL-17a dont
l'efficacité a été démontrée par des
études de phase II (Rich p et al., Br J
Dermatol 2013 et Leonardi C et al.,
nEJM 2012); des études de phase III
sont en cours.
Les patients psoriasiques sous traite-
ment anti-IL-17 atteignent une réponse
paSI 75 de 75­86% après 12 semaines.
Les petites molécules prometteuses sont
les suivantes:
- le tofacitinib est un inhibiteur de la
Janus kinase (JaK) faisant actuelle-
ment l'objet d'une étude de phase III
Tableau 1: Différence entre source de lumière bleue et rouge en TPD.
lumière bleue
lumière rouge
Photosensibilisant utilisé
ALA (incubation de 4 à 6h)
MAL (incubation de 3h)
longueur d'onde
400nm
630nm
Durée d'exposition
16 minutes
9 minutes
Dose d'exposition
10J/cm²
37J/cm²
Pénétration dans la peau
< 2-3mm
2-3mm
Douleur pour le patient
+
++