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Skin
Vol 16
N°3
2013
14
LA RoSACéE DE L'ENFANT
D'après un exposé de
Christine Léauté-Labrèze
La rosacée est une situation cutanée
chronique d'instabilité vasomotrice.
Chez l'adulte, il existe des critères de ro-
sacée bien définis: flush, érythème facial,
papules et pustules, télangiectasies. Les
autres critères renforçant le diagnostic,
mais non nécessaires, sont les suivants:
chaleur cutanée, plaques rouges, aspect
sec, oedème facial, évolution phyma-
teuse, manifestations oculaires (blépha-
rite, méibomite, chalazions récidivants,
rougeur oculaire, photophobie, épisclé-
rite ou kératoconjonctivite, ulcères cor-
néens) (8).
C'est une maladie de la peau claire chez
l'adulte jeune et d'âge moyen (pic entre
30 et 50 ans) (9). Les experts recon-
naissent 4 sous-types et une variante
(on ne passe pas forcément de l'un à
l'autre et ceux-ci peuvent être associés):
la rosacée érythémato-télangiectasique,
la rosacée papulo-pustuleuse, la rosacée
phymateuse, la rosacée oculaire et une
variante, la rosacée granulomateuse.
La pathogenèse est inconnue mais proba-
blement multifactorielle (prédisposition
génétique, facteurs environnementaux
tels que les UV, le stress, l'anxiété, l'al-
cool, la chaleur). Le Demodex folliculorum
pourrait jouer un rôle. L'application chro-
nique de corticoïdes topiques peut induire
une éruption de type rosacée.
La rosacée de l'enfant est rare mais
probablement sous-diagnostiquée. par
conséquent, nous manquons de critères
diagnostiques validés (10) (Tableau 1).
on note trois présentations dermatolo-
giques: la rosacée papulo-pustuleuse, les
télangiectasies avec flush et la rosacée
granulomateuse. Il n'y a pas de rosacée
phymateuse (10, 11). La rosacée oculaire
peut se présenter sous la forme de mei-
bomite, de chalazions bilatéraux, d'une
hyperhémie oculaire, d'une photophobie
ou d'une kératite avec ulcères cornéens.
Souvent, l'atteinte oculaire précède les
signes cutanés chez l'enfant (11). Une
histoire familiale de rosacée est fré-
quemment retrouvée (12).
Les diagnostics différentiels majeurs
sont l'acné juvénile (comédons et hy-
perséborrhée sans flush ni atteinte ocu-
laire, elle peut coexister avec la rosacée),
la dermatite péri-orale granuloma-
teuse ou FACE
(Facial Afro-Caribbean
Childhood Eruption) (pas d'atteinte ocu-
laire), la pyodermite froide du visage
ou iFAG
(Idiopathic Facial Aseptic Gra-
nuloma) (nodules douloureux du visage
avec une prédilection pour les joues), le
lupus érythémateux et les tumeurs
faciales multiples
(angiofibromes de
la neurofibromatose de type 1, histio-
cytose céphalique bénigne). Les autres
diagnostics à évoquer sont les exco-
riations faciales chroniques, les télan-
giectasies sur application chronique de
corticoïdes topiques, l'éruption faciale
sur mercaptopurine pendant la phase
chronique d'une leucémie, la démodé-
cidiose.
tRaItEMEntS
Les formes mineures sont traitées loca-
lement en commençant par éviter les
agents irritants et les corticostéroïdes. La
nicotinamide topique (vitamine B
3
ou pp)
et le métronidazole topique peuvent être
proposés. Les soins oculaires se font au
sérum physiologique. Les formes sévères
avec ou sans atteinte oculaire sont trai-
tées de manière systémique par des tétra-
cyclines chez les enfants de plus de 12 ans.
Chez les plus jeunes, on préfère le métro-
nidazole en courtes cures (neurotoxicité)
ou les macrolides. La durée du traitement
est généralement de 1 à 2 mois (10, 11).
ConCLUSIon
En conclusion, chez l'enfant, l'association de
symptômes oculaires et d'une dermatose
faciale inflammatoire est évocatrice de ro-
sacée. Malgré l'absence de critères diagnos-
tiques validés, les manifestations cliniques
semblent similaires à celles de l'adulte.
L'évaluation ophtalmologique est nécessaire
en cas de manifestations oculaires. Celles-ci
peuvent précéder l'atteinte cutanée. Le mé-
tronidazole est le traitement le plus efficace
si les tétracyclines sont contre-indiquées.
BoRRéLioSE DE L'ENFANT
D'après un exposé de Dan Lipsker
ERytHèME MIGRant (EM)
L'EM est le seul signe spécifique de la
borréliose. Les aspects cliniques sont:
Tableau 1: Critères diagnostiques proposés
pour la rosacée de l'enfant (2 critères ou
plus) (7).
-
Flush facial avec érythème récurrent ou
permanent
-
Télangiectasies faciales sans autre étiologie
-
Papules et pustules sans comédons
-
Distribution préférentielle des lésions sur les
zones convexes du visage
-
1 des manifestations oculaires suivantes:
chalazions récidivants, hyperhémie ophtal-
mique et/ou kératite
Figure 3: Tique (Collection iconographique CHU Saint-Pierre ­ ULB).