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OrthO-rhumatO | VOL 11 | N°3 | 2013
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d'un descellement bilatéral des composants acétabulaires,
avec un déplacement vertical du composant acétabulaire
gauche. La TDM présentait aussi des signes subtils de des
cellement (ostéolyse) des composants fémoraux.
Comme le patient souffrait et que nous ne disposions pas
du matériel de reprise adéquat, nous avons placé ses deux
jambes en position de traction. Une fois l'examen pré
opératoire réalisé par les anesthésistes, le patient a pu être
opéré, trois jours après le traumatisme.
Avant l'intervention, il a été décidé que le traitement
s'effectuerait en deux temps, sauf si la première partie
se déroulait très rapidement. Le patient a été installé en
décubitus latéral gauche. L'ancienne incision a été reprise,
avec extension proximale et distale. Via la voie postérieure
standard, nous avons pu obtenir une bonne exposition de
l'articulation de la hanche droite. La prothèse de hanche a
pu être facilement disloquée et la tige fémorale (qui était
effectivement descellée) a été retirée sans problème. La
cupule était toujours fixée au bassin par des vis. Une fois
ces dernières enlevées, le composant acétabulaire a éga
lement pu être retiré sans problème. Les débris présents
ont été extraits et l'acétabulum a été fraisé de manière à
pouvoir poser une cupule non cimentée. Celle-ci a été fixée
à l'ilium au moyen de trois vis. Etant donné que la tige
d'origine n'était pas cimentée, nous avons dû uniquement
retirer le tissu fibreux autour de la tige. Après réduction
de la fracture, trois fils de cerclage ont été placés autour
du fémur. Après le fraisage du canal médullaire, une
longue tige de reprise non cimentée avec revêtement com
plet a été posée. La hanche a été réduite avec succès et la
plaie a été fermée couche par couche. Au total, le patient
a perdu 400 millilitres de sang. Après concertation avec
l'anesthésiste, il a été décidé d'effectuer la reprise de la
fracture de la hanche gauche dans le même temps. Cette
procédure s'est déroulée de la même manière que pour la
hanche droite. Nous avons cependant dû avoir recours à
des allogreffes osseuses dans l'acétabulum, en raison d'une
sévère perte de substance osseuse essentiellement latérale.
Le résultat final est visible sur la figure 2. La perte de sang
totale s'est élevée à 1.000 millilitres. Tout de suite après
l'opération, le taux d'hémoglobine était de 8,5g/dl. Bien
que le patient soit resté stable tout au long de la procé
dure, il a tout de même été décidé de l'admettre aux soins
intensifs. Après deux jours, le patient a été transféré dans
le service d'orthopédie et il a finalement pu quitter l'hôpital
dans un bon état général après 14 jours. Dans la mesure
où il s'agissait d'une fracture bilatérale, un appui partiel
a été autorisé. La rééducation a été entamée à l'hôpital et
poursuivie pendant trois mois dans un centre de revalida
tion. Aucune complication postopératoire majeure n'a été
observée et, après neuf mois, le patient pouvait remarcher
sans béquilles.
fracturES périprothétiquES du fémur
aprèS unE prothèSE totalE dE hanchE
Les fractures périprothétiques de la hanche peuvent se
classer en deux groupes, à savoir celles survenant pen
dant et après l'opération. L'incidence des fractures pero
pératoires s'élève à 0,11% pour les prothèses primaires
de hanche avec composants fémoraux cimentés (24) et
à 318% en cas de composants fémoraux non cimentés
(2, 3, 5, 6). L'incidence supérieure dans le groupe prothèse
cimentée s'explique par la préparation plus spécifique du
canal endomédullaire et la pose de la prothèse définitive.
Pendant les reprises, l'incidence des fractures peropé
ratoires est encore plus élevée: 3,66,3% dans le groupe
prothèse cimentée et 17,620,9% dans le groupe prothèse
non cimentée (2, 3, 5, 7). Ces chiffres peuvent s'expliquer
par la dislocation plus difficile de la prothèse existante
(grandes contraintes entre la tige et l'os), la qualité souvent
plus mauvaise de l'os fémoral, l'élimination du ciment, le
fraisage du canal fémoral et la pose de la prothèse (non)
cimentée définitive. Le risque de fracture postopératoire
est inférieur à 1% pour les prothèses primaires de hanche
et de 2,3 à 4,2% après une reprise (2, 4, 810). Le risque
fracturaire postopératoire dans les premiers mois suivant
la pose de la prothèse est plus élevé avec les composants
fémoraux non cimentés qu'avec les cimentés. A partir d'un
an après l'opération, le risque fracturaire est comparable
pour les prothèses cimentées et non cimentées.
figure 1b: tdm d'une fracture périprothétique bilatérale du fémur
de type vancouver b2. notez surtout la position du composant
acétabulaire gauche et l'ostéolyse autour des deux composants
acétabulaires.
figure 1a: radiographies d'une fracture périprothétique bilatérale
du fémur de type vancouver b2.