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OrthO-rhumatO | VOL 11 | N°3 | 2013
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110 coupes parallèles aux radius et tibia distaux. Avec un
temps d'acquisition de quelques minutes et une irradia
tion minime (3Sv par mesure), le HR-pQCT fournit une
représentation tridimensionnelle de 9mm de longueur de
la structure osseuse et permet d'évaluer à la fois la densité
osseuse volumique (g/cm³) et l'appréciation, in vivo, de la
microarchitecture osseuse périphérique.
La jambe ou le bras du patient étant immobilisé dans
une gouttière en fibre de carbone, une scout-view antéro-
postérieure est réalisée afin de définir la région mesurée
(Figure 2). Le volume d'intérêt est automatiquement
séparé en une région corticale et une région trabéculaire
en utilisant un algorithme basé sur un seuil (fixé à un tiers
de la densité corticale apparente) destiné à distinguer les
deux compartiments.
Les résultats des examens XtremeCT sont une liste de pa
ramètres de densité ainsi qu'une liste de paramètres décri
vant l'architecture de l'os (Figure 3):
densité osseuse volumique totale (Dtot, mg de phos
phate de calcium/cm
3
), trabéculaire (Dtrab) et corti
cale (Dcort);
- épaisseur corticale (CTh, m);
- volume trabéculaire osseux (BV/TV, %), qui est dérivé
de la densité trabéculaire, en supposant que l'os totale
ment minéralisé a une densité de 1,2g de phosphate de
calcium/cm
3
;
- épaisseur (TbTh, m), nombre (TbN, m
1
), séparation
(TbSp, m) des travées et distribution intra-indivi
duelle de la séparation (TbSp SD, m).
Seuls les densités, le nombre et la distribution des travées
ainsi que la surface moyenne de l'os (CSA) sont réellement
mesurés. Les autres paramètres sont calculés.
De récentes améliorations permettent également, par une
définition plus adéquate de l'os cortical, de quantifier la
porosité corticale.
Il est par ailleurs possible, à partir des images en haute réso
lution obtenues, de réaliser des analyses en éléments finis
(méthode issue de la mathématique et de l'informatique,
utilisée pour les crash tests automobiles, par exemple) afin
d'estimer les propriétés mécaniques de l'os imagé.
La reproductibilité des mesures de densité est comparable
à celle observée avec la DXA, avec des coefficients de varia
tion (CV) autour de 1%, alors que les mesures architectu
rales ont des CV d'environ 3% (1).
donnéES cliniquES
Plusieurs études ont démontré que cet outil constituait
une aide conséquente dans l'évaluation du risque fractu
raire qui se voit améliorée par la différentiation de la den
sité minérale corticale et celle de l'os trabéculaire et par
la mesure des différents paramètres microarchitecturaux
(Figure 4).
Au cours du vieillissement physiologique
Une analyse transversale a permis de démontrer que la
perte osseuse commence dans le compartiment trabéculaire
chez les adultes jeunes ­ le tiers de la perte osseuse totale
survenant avant l'âge de 50 ans ­ alors que la perte corticale
survient plus tardivement. La diminution du volume trabé
culaire osseux est similaire dans les deux sexes. On retrouve
cependant, au HRpQCT, des différences architecturales:
essentiellement perte de travées osseuses et donc perte de
connectivité chez la femme, amincissement des travées chez
l'homme. De même, dans le compartiment cortical, la perte
osseuse évaluée par microscanner périphérique commence
dès la ménopause chez la femme, alors qu'elle ne devient si
gnificative qu'à partir de 75 ans chez l'homme (2, 3). Obser
vations qui pourraient expliquer en partie la prépondérance
des fractures ostéoporotiques chez la femme.
Dans l'évaluation du risque fracturaire
La première étude clinique visant à tester la valeur de
l'HRpQCT ­ analyse castémoin nichée au sein d'une
vaste étude de cohorte lyonnaise (OFELY), montre que la
détermination de la microarchitecture trabéculaire et cor
ticale au radius distal permet de différencier, indépendam
ment de la DMO surfacique mesurée par DXA (DMOs), les
femmes ostéopéniques ayant présenté une fracture (101
femmes) de celles sans antécédent fracturaire (1). Dans
une autre étude castémoins, les femmes ayant une frac
ture de l'extrémité supérieure du fémur présentaient une
altération de la microarchitecture trabéculaire et corticale
par rapport aux témoins (4). Ces études démontrent égale
ment que les paramètres de microarchitecture trabéculaire
mesurés chez les femmes ostéopéniques fracturées tendent
à être similaires à ceux des femmes présentant une ostéo
porose avérée selon la définition de l'OMS.
L'analyse des altérations structurelles au radius et tibia
distaux permet de distinguer la sévérité des fractures ver
tébrales, indépendamment de la DMOs mesurée au niveau
du rachis ­ altérations d'autant plus importantes au niveau
de l'os cortical que les fractures vertébrales prévalentes
étaient sévères et multiples (5, 6).
Dans une analyse transversale de la cohorte masculine
STRAMBO, les fractures vertébrales et leur sévérité étaient
également associées aux modifications de la microarchi
tecture (7).
Chez l'homme, pourtant moins sujet à l'ostéoporose, il a
été démontré que les mêmes mesures étaient tout aussi
pertinentes. Les résultats étaient associés aux fractures
ostéo porotiques de toutes sortes, dont les fractures verté
brales (8).
L'équipe lyonnaise encore, a mis en évidence par l'analyse
en éléments finis, des différences significatives entre les
paramètres biomécaniques mesurés au radius et au tibia