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OrthO-rhumatO | VOL 11 | N°3 | 2013
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Il est possible d'adjoindre, dans le modèle, la valeur de
la densité minérale osseuse du col fémoral traduite en T
score. Le col fémoral a été choisi comme site de référence
car il présente l'avantage d'établir le risque de fracture avec
une précision comparable dans les deux sexes.
Une fois toutes ces données entrées dans le FRAXTM, l'al
gorithme donne les probabilités de fractures de hanche
et de fractures majeures à 10 ans, avec ou sans inclusion
de la densité minérale osseuse. Les fractures majeures
englobent les fractures de la colonne vertébrale, de l'avant
bras et de l'épaule.
Parce que les différents facteurs de risques cliniques et la
probabilité de fracture varient entre les différentes régions
du globe, l'outil FRAXTM a dû être validé pour les pays dis
posant de données relatives à l'épidémiologie des fractures
et à la mortalité. Aujourd'hui, l'outil FRAXTM est dispo
nible pour l'Allemagne, l'Autriche, la Chine, l'Espagne, les
EtatsUnis, la France, l'Italie, le Japon, le RoyaumeUni, la
Suède, la Suisse et la Turquie.
Certains pays ont adopté des seuils thérapeutiques de rem
boursement des médicaments contre l'ostéoporose. Ces
seuils sont calculés sur base d'une somme que chaque pays
est disposé à payer pour permettre de gagner une année de
vie en bonne santé (QALY ou Quality Adjusted Life Year) (3).
Outre ces données épidémiologiques, il est fondamental que
chaque patient, hospitalisé pour phénomènes fracturaires
d'origine ostéoporotique, bénéficie d'une mise au point du
statut osseux permettant de cibler un traitement reminéra
lisateur en association avec du calcium et de la vitamine D.
Le groupe ODISSE ­ Ostéoporose Diagnostic et Suivi de
la Sévérité ­ a été créé en vue d'apporter des réponses à
des questions pratiques dans la prise en charge de la forme
sévère d'ostéoporose (4).
Bien que l'effet des traitements médicamenteux sur la
mortalité ne soit pas connu, l'excès de mortalité associé
aux fractures ostéoporotiques est un argument supplé
mentaire pour une prise en charge précoce des patients
ostéoporotiques fracturés.
Comptetenu de la morbimortalité associée aux fractures
vertébrales multiples et de l'absence de traitement capable
de supprimer totalement le risque de récidive fracturaire,
un suivi structural osseux systématique est justifié en cas
d'ostéoporose sévère.
En pratiquE
La mesure de la taille est un premier outil pour le suivi
et le dépistage de nouvelles fractures mais reste peu
spécifique.
La réalisation de clichés radiographiques standard
n'est préconisée que dans la catégorie de patientes
considérées à risque élevé de fracture vertébrale.
Utilisation du FRAX
TM
(avec ou sans densitométrie
osseuse).
lES traitEmEntS
Les traitements antiostéoporotiques permettent une réduc
tion du risque de fracture vertébrale et nonvertébrale (5).
Selon les guidelines européens de diagnostic et de mana
gement de l'ostéoporose (6), les traitements à disposition,
tels que les bisphosphonates, le ranelate de strontium et
le denosumab, permettent une réduction du risque fractu
raire au niveau vertébral et fémoral.
Le ranelate de strontium a fait l'objet d'une réévaluation et
de nouvelles «bonnes pratiques» sont préconisées.
Les bisphosphonates par voie orale et par voie intravei
neuse sont des inhibiteurs de l'ostéoclastie tout comme le
denosumab. Celuici est un anticorps monoclonal humain
de type IgG produit par la technologie de l'ADN recombi
nant qui cible le «Rank Ligand».
Les risques inhérents à la prise prolongée des inhibiteurs
de la résorption osseuse sont l'ostéonécrose de la mâchoire
et les fractures atypiques. Le recul visàvis des bisphos
phonates permet de relever ces effets secondaires.
Concernant le denosumab, un recul de sept ans ne dé
montre pas de différence entre le groupe de patients traités
par dénosumab et le groupe placebo, en tout cas en ce qui
concerne l'ostéonécrose de mâchoire (ESCEO 2013).
La population gériatrique est souvent polymédiquée. L'ad
hérence et la compliance au traitement reste une problé
matique quotidienne. La fonction rénale et les interactions
médicamenteuses font l'objet d'un suivi rapproché de la
pharmacie clinique. Dans ce cadre, le denosumab permet
une sécurité rénale sans ajustement posologique chez les
patients dont la clairance de créatinine est inférieure à
30ml par minute. De même, le mode d'administration du
dénosumab favorise l'observance thérapeutique.
En deuxième ligne, les dérivés de la parathormone (teripa
ratide 184) restent un outil performant lors de l'apparition
de nouvelles fractures vertébrales chez des patients traités
par bisphosphonate et présentant malgré tout une refracture.
Toutefois, l'utilisation des peptides de la famille de la PTH est
contreindiquée dans les situations où le turnover osseux est
anormalement élevé (hyperparathyroïdie, néoplasie, métas
tases, maladie de Paget...). Une insuffisance rénale sévère est
une contreindication à l'utilisation de tériparatide.
D'autres perspectives thérapeutiques sont en voie d'éva
luation tels que les inhibiteurs de la cathepsin K, les traite
ments séquentiels et de nouveaux Serm...
Quoi qu'il en soit, l'efficacité de ces traitements repose sur
leur association avec des apports calciques et en vitamine
D adaptés.
Suppléments calciques: risque d'infarctus du myocarde
(7)? L'association de calcium et de vitamine D n'a, jusqu'à
présent, jamais été mise en rapport avec l'infarctus du
myocarde. A l'heure actuelle, les recommandations sont
la prise de 1g de calcium et de 800UI de vitamine D.