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OrthO-rhumatO | VOL 11 | N°3 | 2013
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lu pour vous
Heidi Van de Keere
tabagiSmE, arrêt tabagiquE
Et polyarthritE rhumatoïdE
chEz lES fEmmES
Le tabagisme, même limité, s'accompagne d'une élévation du risque de polyarthrite rhumatoïde (PR) chez les
femmes. Si l'arrêt du tabac peut réduire ce risque par la suite, il ne peut cependant pas le faire disparaître totale-
ment, comme le suggère une étude publiée dans Arthritis Research & Therapy.
De nombreuses études de castémoins et plusieurs études
de cohorte ont démontré que la cigarette était directement
liée au risque de développement de la PR. Les études an
térieures se concentraient surtout sur le statut tabagique
(fumeur, ancien fumeur, nonfumeur) ou sur le nombre
de paquetsannées, tout en accordant moins d'attention à
l'intensité et à la durée du tabagisme. Des recherches me
nées sur ces aspects suggèrent toutefois que le risque de
PR augmente de manière dosedépendante avec l'intensité
et la durée. Il serait intéressant de quantifier la dose né
cessaire pour entraîner une augmentation du risque. Des
données expérimentales semblent indiquer que même une
exposition à une faible quantité de fumée peut déclencher
une réaction immunitaire susceptible de mener au déve
loppement de la PR. Théoriquement, un tabagisme limité
pourrait donc suffire à induire une PR.
Par ailleurs, l'effet de l'arrêt tabagique sur le développe
ment de la PR à un stade ultérieur de la vie n'a pas encore
été élucidé. Quelques études de castémoins et études
prospectives ont suggéré une diminution du risque 10 à 20
ans après le sevrage.
Daniela Di Giuseppe (Karolinska Institutet, Stockholm,
Suède) et ses collègues ont mené une étude prospective
pour savoir si même un tabagisme limité pouvait s'accom
pagner d'un risque accru de PR et dans quelle mesure
l'arrêt tabagique pouvait influencer ce risque. Leur analyse
portait sur une cohorte de 34.101 femmes âgées de 54 à
89 ans (la Swedish Mammography Cohort), qui ont été
suivies entre janvier 2003 et décembre 2010.
Les auteurs ont constaté un lien statistique significatif
entre l'intensité (1-7 cigarettes/jour vs. non-fumeur) et la
durée du tabagisme (125 ans vs. nonfumeur) et le risque
de PR. Par rapport aux femmes qui n'avaient jamais fumé,
le risque de PR était toujours significativement plus impor
tant chez les anciennes fumeuses 15 ans après le sevrage.
Cependant, il semble que le risque diminue progressive
ment à partir du sevrage: chez les femmes qui avaient arrê
té de fumer 15 ans avant le début de l'étude, le risque de PR
était 30% moins élevé que chez les femmes qui n'avaient
arrêté qu'un an avant.
Cette étude prospective indique que le tabagisme, même
limité, augmente le risque de PR chez les femmes et que
l'arrêt du tabac permet de réduire ce risque par la suite,
toutefois sans l'éliminer totalement.
di giuseppe d, orsine n, alfredsson l, askling J & Wolk a. Cigarette smoking and smoking
cessation in relation to risk of rheumatoid arthritis in women. arthr. research & therapy
2013;15:r56