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GUNAIKEIA
VOL 18 N°6
2013
de prélèvement de tissu ovarien, il y a toujours un risque
que l'échantillon contienne également des cellules cancé-
reuses. Ce risque est élevé en cas de leucémie, de neuro-
blastome et de lymphome de Burkitt, modérément accru
en cas d'adénocarcinome de l'utérus et de cancer du sein
avancé, et faible en cas de cancer du col de l'utérus et de
rhabdomyosarcome non génital.
Chez les femmes matures sexuellement, on peut essayer
d'extraire des ovocytes de follicules antraux. Cette inter-
vention ne nécessite pas d'hyperstimulation ovarienne et
peut être réalisée à n'importe quel moment du cycle. Envi-
ron 30% de ces ovocytes peuvent ensuite être portés à
maturation en laboratoire.
Une autre possibilité consiste à induire une hyperstimu-
lation ovarienne, puis à vitrifier les ovocytes obtenus ou
à les féconder et ensuite à congeler les embryons obte-
nus. Ces deux techniques sont au point. Le pourcentage de
grossesse après vitrification ovocytaire varie de 4,5 à 12%.
Si plus de 8 ovocytes peuvent être vitrifiés, ce pourcentage
atteint finalement 46,4% (Rienzi, 2012).
La prise d'analogues de la GnRh est-elle utile pendant la
chimiothérapie? Les études observationnelles (synthèse de
Kim, 2010) montrent que les analogues de la GnRH offrent
une protection manifeste contre l'insuffisance ovarienne
causée par la chimiothérapie. En revanche, les études
randomisées sont nettement moins concluantes, dans la
mesure où elles ne révèlent qu'un bénéfice limité, voire
aucun avantage.
Conclusion
- Il existe des techniques qui permettent de préserver la
fertilité. La patiente doit être informée de ces options.
- Il convient de veiller à protéger les ovaires en cas de
radiothérapie.
- La vitrification d'ovocytes ou d'embryons est une tech-
nique éprouvée.
- Chez les enfants, il est possible de prélever du tissu
ovarien.
- Les analogues de la GnRH ne sont d'aucune utilité dans
la prévention de l'IOP. Les analogues peuvent toute-
fois se révéler avantageux en cas d'utilisation d'agents
chimiothérapeutiques moins toxiques pour les ovaires.
Insuffisance ovarienne primaire en cas
de cancer du sein: comment déterminer
si elle est définitive et impact sur le
pronostic
Ce sujet a été abordé par
Patrick Neven (KU Leuven).
Les hormones sexuelles peuvent se lier à leur récepteur. Le
complexe se lie ensuite à des coactivateurs et des coré-
presseurs sur les gènes, ce qui va stimuler la transcription
de certains gènes. En outre, les hormones peuvent égale-
ment influencer la signalisation intracellulaire par le biais
d'une voie non génomique.
Dans le cadre des cancers du sein ER+, il a été prouvé
de façon évidente que la perturbation de l'influence des
estrogènes sur les cellules cancéreuses a un effet positif
sur la survie. Les SERM, la castration chirurgicale ou radio-
chimiothérapeutique et les inhibiteurs de l'aromatase sont
des traitements éprouvés pour ce type de cancers.
Souvent, la chimiothérapie induit une IOP. Cela dépend du
type et de la dose des agents chimiothérapeutiques utili-
sés, ainsi que de l'âge de la patiente. Comment déterminer
si l'IOP est définitive? Si la fonction ovarienne reprend dans
l'année, elle reste généralement constante par la suite.
Dans la littérature, plusieurs cas de reprise de la fonction
ovarienne, même après des taux d'AMH non détectables,
ont été rapportés. Le comptage des follicules antraux par
échographie vaginale n'est pas fiable non plus. Par ailleurs,
il est possible d'utiliser du tamoxifène ou un inhibiteur de
l'aromatase pour induire l'ovulation. Des grossesses ont
également été décrites. La fonction ovarienne peut encore
reprendre après une période de 18 à 31 mois.
Dans l'étude APPEL, 45 femmes présentant une IOP ont été
incluses (FSH élevée, E2 faible, AMH basse) et placées sous
anastrozole. Treize d'entre elles (28,9%) ont présenté une
reprise de la fonction ovarienne. Le cas échéant, quel est le
moyen de contraception indiqué? Il vaut mieux opter pour
un stérilet en cuivre ou une stérilisation. Un DIU-LNG n'est
pas indiqué pour les femmes atteintes d'un cancer du sein.
Quid si la fonction ovarienne reprend? Cela augmente-t-il
le risque de rechute? Dans une méta-analyse (Cuzick, 2007),
le risque de rechute et la survie sont comparés dans deux
groupes: «tamoxifène seul» et «tamoxifène + analogues de
la LHRH». L'inhibition de la fonction ovarienne n'a aucun
effet positif significatif sur le risque de rechute, ni sur le
risque de mortalité. Nous attendons les résultats de l'étude
SOFT pour voir si l'inhibition de l'activité ovarienne est utile.
Dans le cadre d'une autre étude (Swain, 2010), dans laquelle
5.228 femmes souffrant d'un cancer du sein (avec enva-
hissement des ganglions axillaires) ont reçu une chimio-
thérapie, il a été démontré que le risque de rechute était
nettement inférieur si la chimiothérapie induisait aussi une
IOP. C'était uniquement le cas pour les tumeurs ER+.
Conclusion
- La chimiothérapie induit souvent une IOP.
- Il est difficile de déterminer si la fonction ovarienne va
reprendre.
- Il faut essayer d'éviter les inhibiteurs de l'aromatase
avant 52 ans.
- Il n'est pas encore établi que l'IOP contribue à réduire
le risque de rechute.