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GUNAIKEIA
VOL 18 N°6
2013
Rôle du milieu de distension
Parmi les 18 études réalisées dans l'idée de mettre en évi-
dence un passage de cellules néoplasiques dans la cavité pé-
ritonéale lors d'une hystéroscopie diagnostique, 12 ont utilisé
du liquide comme milieu de distension (sérum physiologique
ou glucosé 5%), seules 2 études ont étudié le CO
2
, 1 étude a
étudié les deux milieux et 5 articles ne précisent pas le milieu
de distension qu'ils ont utilisé, mais laissent supposer qu'il
s'agit d'un liquide.
Une étude de Neis
et al. (42), avec comme objectif l'étude
de l'essaimage intra-tubaire de cellules néoplasiques en cas
de réalisation d'une hystéroscopie diagnostique chez des pa-
tientes souffrant d'un cancer de l'endomètre, permet d'éva-
luer l'impact de l'utilisation du CO
2
comme milieu de disten-
sion sur le pronostic de la maladie néoplasique et conclut que
l'hystéroscopie au CO
2
n'aggrave pas le pronostic du cancer
de l'endomètre.
Lo
et al. (43), dans une étude rétrospective, ont revu les cas
des patientes ayant subi une hystéroscopie diagnostique
avant la laparotomie (120 patientes atteintes d'un cancer de
l'endomètre; tous les stades sont retrouvés en dehors des cas
avec une maladie péritonéale macroscopique et des types 2
histologiques qui ont été exclus; 70 patientes ont bénéficié
d'une hystéroscopie avec utilisation de CO
2
et les 50 autres
avec utilisation de sérum physiologique; la pression intra-
utérine ne dépassait pas les 100mmHg dans les 2 cas). Les
deux groupes sont comparables statistiquement concernant
les facteurs de risque d'avoir une maladie péritonéale micro-
scopique. Les auteurs concluent à une différence significative
en ce qui concerne le taux de cytologie péritonéale posi-
tive, qui est de 14% dans le groupe sérum physiologique et
de 1,4% dans le groupe CO
2
(OR = 11,2; IC 95%: 1,3-94,5;
p = 0,009). On notera que le prélèvement de liquide péritonéal
par laparotomie a eu lieu dans le groupe CO
2
après un délai
de 13 jours en moyenne après l'hystéroscopie, contrairement
au groupe sérum physiologique, dans lequel l'hystéroscopie a
été réalisée juste avant la laparotomie, ce qui peut avoir une
importance si on prend en compte l'hypothèse que les cel-
lules néoplasiques disséminées dans la cavité péritonéale lors
de l'hystéroscopie sont détruites ou ne survivent pas après
un laps de temps dans l'environnement péritonéal. Malgré
cette augmentation importante de cytologie positive dans le
groupe sérum physiologique, il n'y a pas plus de survenue de
récidives à 34 mois que dans le groupe CO
2
, et les auteurs
précisent que les cas de récurrence et de décès survenus
n'étaient pas parmi les patientes chez qui on avait retrouvé
une cytologie péritonéale positive. Les auteurs restent donc
rassurants vis-à-vis de l'utilisation de l'hystéroscopie dia-
gnostique, quel que soit le milieu de distension utilisé dans la
mise au point des cancers de l'endomètre.
Impact de la pression de remplissage
utilisée
D'après Adamson et Bettochi, pour obtenir une inspection
complète de bonne qualité de la cavité utérine lors d'une
hystéroscopie diagnostique, la pression intra-utérine doit
être de minimum 40mmHg (44, 45), de façon à avoir une
distension suffisante de la cavité utérine.
Pour Bettochi, des cellules endométriales normales sont
retrouvées dans la cavité péritonéale lors de la réalisation
d'une hystéroscopie diagnostique pour des raisons non
oncologiques, lorsque la pression intra-utérine est supé-
rieure à 80mmHg (45) et, pour Adamson, aucun passage
de cellules endométriales n'est objectivé avec une pression
inférieure à 70mmHg (44).
Parmi les études reprises dans notre revue de la littérature,
donc en cas de cancer de l'endomètre, l'utilisation d'une
pression intra-utérine basse semble ne pas augmenter le
risque de passage de cellules néoplasiques dans la cavité
péritonéale. En effet, la majorité des études ayant utilisé
une basse pression montrent soit une absence d'augmen-
tation du risque, voire une absence de cellules néopla-
siques dans la cavité péritonéale, soit une augmentation,
mais non significative, de ce risque. Parmi les études ayant
montré une augmentation significative de ce risque, la
pression intra-utérine n'est précisée que dans deux d'entre
elles et sont élevées (> 80mmHg). Pourtant, de façon sur-
prenante, la méta-analyse de Ya-Nan Chang
et al. (41) ne
montre pas d'influence de la pression intra-utérine sur le
risque d'essaimage intrapéritonéal des cellules néopla-
siques. On peut se poser la question de mettre ce résultat
en rapport avec le fait que les auteurs d'un certain nombre
de ces études ne précisent pas la pression intra-utérine
utilisée pour réaliser leur hystéroscopie.
Impact du stade du cancer de
l'endomètre au moment de
l'hystéroscopie
La méta-analyse de Ya-Nan Chang
et al. (41) conclut à une
augmentation non significative du risque d'essaimage péri-
tonéal des cellules néoplasiques dans les stades débutants
de la maladie (I ou II FIGO) en cas de réalisation d'une hysté-
roscopie diagnostique (OR 2,97; IC95%: 0,82-10,7; p = 0,10).
L'étude de Zerbe
et al. (24) est intéressante car les auteurs
ont étudié le risque d'essaimage intrapéritonéal lors de
l'hystéroscopie en fonction du stade du cancer de l'endo-
mètre. Alors que le calcul de ce risque est significativement
augmenté lorsque tous les stades sont pris en compte, ce
risque devient non significatif (p = 0,6) si uniquement les
stades débutants sont pris en compte et reste significatif
(p = 0,01) dans les stades avancés. L'étude de Tanizawa
et
al. (36) va dans le même sens en montrant également une
augmentation du risque avec le stade de la maladie.
Impact de l'hystéroscopie diagnostique
sur le pronostic du cancer de l'endomètre
Parmi les études reprises dans notre revue de la littéra-
ture, aucune ne conclut à une aggravation du pronos-
tic du cancer de l'endomètre après la réalisation d'une