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GUNAIKEIA
VOL 18 N°6
2013
G1632F
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2013
Maladie honteuse
Philippe Mauclet, d'après la communication d'Anne-Geneviève Herbaut
(Hôpital Ambroise Paré, Mons; Hôpital Erasme, Bruxelles)
Les antécédents comportent un herpès génital à l'adoles-
cence, deux accouchements, dont un a nécessité le recours
aux forceps, ainsi que des lombalgies chroniques. Notre
patiente se livre occasionnellement à la pratique du vélo
et est traitée par hormones pour une ménopause symp-
tomatique.
Elle se tourne en première intention vers son gynécologue,
qui ne trouve rien de particulier. Pensant à une récidive
de l'herpès génital, il s'adresse à son confrère dermato-
logue, qui écarte l'hypothèse avancée et n'a pas d'autre
présomption à formuler.
Fourre-tout
Les douleurs pelviennes semblent embarrasser un grand
nombre de praticiens car, dans 38% des cas, elles restent
sans diagnostic durant pas moins de 3 ou 4 ans. Leur fré-
quence est pourtant élevée: 3,8% chez la femme ­ c'est
plus que la migraine! ­ et 2 à 10% chez l'homme, les dou-
leurs pelviennes étant alors souvent, et probablement de
manière abusive, attribuées à une vague «prostatite».
Un itinéraire à risque
Le tableau clinique présenté par cette patiente est évo-
cateur d'une origine neurologique, plus particulièrement
d'un syndrome du canal d'Alcock. Bref rappel d'anatomie:
le nerf pudendal, autrefois appelé nerf honteux interne,
est issu des racines S2, S3 et S4; il innerve plusieurs struc-
tures du périnée: le sphincter anal externe, les muscles
bulbo- et ischio-caverneux, le sphincter urétral externe;
il se termine par une branche sensitive, en l'occurrence le
nerf dorsal du clitoris ou le nerf dorsal de la verge.
Le nerf pudendal a un trajet un peu tortueux. Il passe à
l'intérieur du ligament sacro-sciatique et décrit un trajet
à angle droit, ce qui peut lui être délétère. Il passe ensuite
dans le canal d'Alcock où il peut également être comprimé.
Un tableau évocateur
Le mode d'installation est souvent insidieux. Les plaintes
sont polymorphes: vulvodynie, douleur anale, pollakiurie,
dysurie... Ce tableau polymorphe est lié à la distribution
du nerf. Il explique probablement les fréquentes errances
dans l'approche diagnostique.
Plusieurs facteurs prédisposants ou déclenchants sont
décrits: pratique du vélo ou de l'équitation, traumatisme,
interventions sur le plancher pelvien, accouchement et,
parfois, poussées lors de la défécation chez les sujets
constipés.
La topographie de la douleur est essentiellement
périnéale, uni- ou bilatérale. Cette douleur est de type
neuropathique. Elle est évoquée en utilisant les termes de
«brûlures, froid, pincement, torsion, paresthésies, décharges
électriques, engourdissement, sensation de corps étranger
dans la région anale, de fesse ou de testicule froid...».
U
ne patiente de 56 ans se plaint de douleurs périnéales depuis trois mois. Elle décrit des «brûlures, des tiraillements
à hauteur de la vulve et du vagin, irradiant vers l'anus». La symptomatologie augmente en position assise, tend à
diminuer à la marche et diminue de manière franche en position couchée. Quelle est votre hypothèse?