background image
Skin
Vol 15
N°6
2012
8
survenant dans 50% des cas avant l'âge
de 20 ans. La radiographie est diagnos-
tique et montre une masse ostéocartila-
gineuse apposée à la phalange distale. Le
traitement de choix est l'excision chirur-
gicale complète dans des conditions
d'asepsie strictes. Les récidives ne sont
pas rares (5-11%) (12).
LES ÉTIOLOGIES PLUS RARES
Psoriasis
La douleur et les plaintes fonctionnelles
liées au psoriasis unguéal sont souvent
sous-estimées en pratique quotidienne.
De Jong et al. ont rapporté que plus de la
moitié des patients avec un psoriasis un-
guéal se plaignaient de douleur (13). Le
diagnostic de psoriasis unguéal peut être
difficile en l'absence de psoriasis cutané
associé et impose parfois la biopsie. Les
présentations cliniques seront fonction
de la localisation du psoriasis au sein de
l'appareil unguéal (14). Elles dicteront
l'approche thérapeutique: topique, intra-
lésionnelle ou systémique (15).
Engelures
Les engelures sont tantôt prurigineuses,
tantôt douloureuses. Ces lésions érythé-
mateuses ou bleutées, oedématiées, se
développent sur les faces dorsales des
doigts et des orteils, 12 à 24h après une
exposition au froid. D'autres localisations
peuvent être associées. Le bilan d'explo-
ration minimal doit rechercher un lupus
érythémateux systémique, une cryoglobu-
linémie, un syndrome antiphospholipides,
une macroglobulinémie de Waldenström
et une leucémie myélomonocytaire chro-
nique. Des mesures préventives de pro-
tection du froid sont préconisées. Le trai-
tement est symptomatique et repose sur
les dermocorticoïdes puissants. Dans les
cas plus sévères, un antagoniste calcique
(nifédipine) peut être employé (16).
Acrosclérose
Les ulcérations digitales associées à l'acro-
sclérose sont extrêmement douloureuses.
La radiographie met en évidence une
acro-ostéolyse dans 20-25% des cas. Une
étude récente démontre qu'elle est asso-
ciée à l'ischémie digitale (17). Malgré la
récente mise sur le marché du bosentan,
antagoniste des récepteurs de l'endothé-
line, efficace dans la prévention de l'ap-
parition de nouveaux ulcères digitaux, le
traitement de cette manifestation scléro-
dermique reste un réel défi médical (18).
Causes iatrogéniques
Taxanes
Les effets secondaires unguéaux induits
par les taxanes sont de deux sortes: les
hémorragies sous-unguéales avec ou
sans véritable onycholyse hémorragique
variablement douloureuse (19) et la for-
mation d'abcès sous-unguéaux (20) par-
ticulièrement douloureux. Le découpage
des zones onycholytiques assure le sou-
lagement instantané.
Anti-EGFR
Une onychalgie se manifeste chez 10 à
15% des patients après 4 à 8 semaines
de traitement, sous forme de paronychie
et de granulomes pyogéniques des re-
plis unguéaux. Les mesures préventives
consistent en la limitation des frotte-
ments, notamment par le port de chaus-
sures amples et confortables. Des traite-
ments antiseptiques topiques limitent le
risque de surinfection. En cas d'infection
des tissus mous, un traitement antibio-
tique oral est indiqué. Des applications
hebdomadaires de nitrate d'argent ai-
dent à diminuer les granulomes pyogé-
niques (21). L'application de corticoïdes
locaux est le traitement de choix (22).
Les rétinoïdes et les inhibiteurs de
protéases
sont également susceptibles
d'entraîner des granulomes pyogéniques
unguéaux (22).
Rétronychie
Il s'agit d'une forme moins connue d'incar-
nation unguéale (Figure 5). Des attaches
anormalement solides entre la tablette
unguéale, le lit et les replis unguéaux,
empêchent la tablette de cheminer nor-
malement sur le lit unguéal. Il en résulte
un empilement de plusieurs tablettes qui
s'incarnent sous le repli proximal, entraî-
nant une inflammation douloureuse. Un
tissu de granulation se développe volon-
tiers à ce stade. Le traitement est l'avul-
sion chirurgicale simple (23).
Herpès
La phase prodromique est associée à des
sensations de brûlure, de démangeaison
et d'irritation. Deux à trois jours plus tard
apparaît la poussée vésiculeuse qui génère
une douleur pulsatile parfois accompa-
gnée de symptômes généraux. Le dia-
gnostic est clinique et la culture virale, le
dosage des anticorps sériques et surtout
le cytodiagnostic de Tzanck le confirment.
Le traitement est symptomatique. Dans
les cas récidivants, l'administration quoti-
dienne de 1600 à 2000mg d'aciclovir en
phase prodromique permet d'éviter ou de
diminuer la durée des symptômes (24).
Enchondrome (chondrome
centro-osseux)
Cette tumeur cartilagineuse douloureuse
de la phalange distale est associée à une
déformation digitale, une fracture patho-
Figure 3: Cor sous-unguéal ou onychoclavus.
Figure 4: Exostose sous-unguéale du gros orteil chez un garçon
de 10 ans.