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Vol 15
N°6
2012
30
génitale et buccale. L'étiopathogénie
du lichen plan est mal connue. L'hypo-
thèse immunopathologique résultant de
mécanismes d'auto-immunité est la plus
souvent retenue par les auteurs.
Sous l'action d'un mécanisme inconnu,
les cellules épithéliales basales (CEB)
et les cellules présentatrices de l'anti-
gène (CPA) exprimeraient un marqueur
membranaire spécifique du lichen
plan. Les CPA présenteraient l'antigène
aux lymphocytes TCD4+ et les CEB
aux lymphocytes TCD8+. Ces derniers
entraîneraient une apoptose épithé-
liale. Sous l'action des CD4+ activés,
ils libéreraient des médiateurs solubles
(RANTES) stimulant la migration intra
lésionnelle et la dégranulation des
mastocytes qui secrètent du TNF. Le
TNF accroît l'expression des molécules
d'adhésion (ICAM-1, CD154) qui per-
mettent l'adhésion et la migration tis-
sulaire des lymphocytes. De plus, le TNF
augmente la sécrétion de RANTES et de
MMP9. La sécrétion de MMP9 et de chy-
mases participerait à la dégradation de
la membrane basale. La chronicité des
lésions pourrait s'expliquer par plusieurs
mécanismes:
- rôle chimiotactique de RANTES
pour les mastocytes qui libèrent
du TNF qui accroît la sécrétion de
RANTES;
- maintien de l'expression des molé-
cules de classe 2 du CMH sur les CEB
par sécrétion INF par lymphocytes
CD4+;
- rupture de la membrane basale qui
facilite l'accès des lymphocytes à
l'épithélium et prive les cellules épi-
théliales d'un signal de survie, ce qui
accroît l'apoptose épithéliale.
Il existe trois types de lichen: le lichen
plan (plaques mauves sur le corps, stries
blanches au niveau des muqueuses), le
lichen érosif (érosions muqueuses, sté-
nose vaginale ou uréthrale...), et le lichen
plan hypertrophique (attention: ce der-
nier est beaucoup plus à risque de trans-
formation en carninomes!). Le syndrome
vulvo-vaginal-gingival est un sous-type
de lichen érosif qui atteint comme son
nom l'indique la vulve, le vagin et la mu-
queuse buccale (Figures 7, 8 et 9).
Les symptômes sont douleurs, dyspareunie,
démangeaisons (dans les formes classiques
et hypertrophiques), et pertes vaginales
dans le lichen érosif type VVG. Les com-
plications sont les cicatrices, les difficultés
sexuelles, une hyperpigmentation post-
inflammatoire, une dyesthésie. Le lichen
plan, tout comme le lichen scléreux, peut
évoluer en carcinome spinocellulaire (5%).
SAVOIR IDENTIFIER LES
LOCALISATIONS INHABITUELLES
Outre l'atteinte cutanée et des mu-
queuses de la vulve, il existe d'autres sites:
- atteinte buccale et caractéristique:
fines stries blanches des lèvres et
de la face interne des joues, plaques
blanches de la langue, atteinte des
gencives (érosions);
- atteinte du cuir chevelu, responsable
d'alopécies en plaques cicatricielles,
souvent définitives;
- lichen unguéal, avec ptérygion et
atrophie de l'ongle;
- zone péri-anale.
De nouvelles localisations sont égale-
ment diagnostiquées plus rarement:
- atteinte au conduit auditif externe qui
peut mener à la perte de l'audition;
- atteinte et atrophie du conduit la-
crymal avec un larmoiement;
- lésions dans l'oesophage: augmenta-
tion du risque de cancer et dysphagies.
Lors du diagnostic d'un lichen plan vul-
vaire, il est essentiel de poser les ques-
tions à son patient afin d'identifier
Le lichen plan est une patho-
logie cutanée impliquant
l'immunité lymphocytaire T,
et qui peut être déclenchée
par des stimuli variés. Parmi
ceux-ci, on peut citer des
virus, des médicaments, la
maladie du greffon contre
l'hôte. Mais le plus souvent,
on ignore la cause déclen-
chante de l'éruption.
Le lichen plan fait partie des
dermatoses qui ont une
image histologique caracté-
ristique: augmentation de la
couche granuleuse, infiltrat
lymphocytaire dermique su-
perficiel donnant un aspect en
coupoles à la basale, vacuoli-
sation des kératinocytes.
Figure 7: Lichen plan érosif vulvaire
(syndrome vulvo-vaginal-gingival).
Figure 8: Lichen plan érosif buccal
(syndrome vulvo-vaginal-gingival).
Figure 9: Lichen plan anus.