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Vol 15
N°6
2012
14
SEPT INTERVENTIONS ONT ÉTÉ
RETRANSMISES LORS DE CETTE
SÉANCE
AVULSION CHIRURGICALE DE LA
LAME UNGUÉALE
L'avulsion partielle ou totale de la ta-
blette unguéale est un geste de base
simple en chirurgie unguéale. Elle peut
être une fin en soi comme dans le trai-
tement de certaines onychomycoses à
moisissures ou avec dermatophytome
(Figures 3 et 4), ou pour cure définitive
de dystrophies irréversibles de l'ongle par
cautérisation chimique. Mais elle consti-
tue surtout une voie d'abord des élé-
ments sous-unguéaux, la tablette faisant
«écran» (Figure 5).
Lors des avulsions, l'élévateur va libérer
l'ongle de toutes ses attaches (lit, replis
latéraux et sus-unguéal). L'abord peut
être distal, via le bord libre de la tablette,
ou proximal, sous le repli unguéal proxi-
mal. Cette dernière approche, plus déli-
cate, sera réservée aux hyperkératoses
sous-unguéales massives. Il est essentiel
de toujours respecter l'anatomie du lit
unguéal, en particulier les crêtes longi-
tudinales, et toujours glisser l'élévateur
dans un sens longitudinal proximo-distal,
parallèlement aux crêtes de l'épithélium
du lit unguéal. Quand la tablette ne doit
pas être envoyée au laboratoire, elle sera
repositionnée et suturée provisoirement
à la peau. C'est un pansement natu-
rel qui évite la formation de synéchies
matricielles à la face inférieure du repli
proximal.
ONGLE INCARNÉ
Fréquent motif de consultation, l'ongle
incarné est favorisé par une hypercour-
bure de la tablette (ongle en pince,
congénital ou acquis), par une hyper-
trophie congénitale du repli latéral, par
une désaxation congénitale de l'hallux,
mais il est le plus souvent précipité par
un traumatisme ou une coupe inappro-
priée de la tablette (Figure 6). Une (ou
deux) languette(s) latérale(s) est (sont)
avulsée(s) délicatement, en veillant à
sectionner la tablette sur toute sa lon-
gueur. Il ne faut pas oublier qu'au gros
orteil, les cornes matricielles s'enroulent
latéralement autour de la phalange.
L'avulsion de ces languettes expose les
cornes matricielles qui seront détruites
chimiquement par du phénol à 88%,
pendant 2 à 4 minutes. Le champ opé-
ratoire doit être parfaitement exsangue
sous peine d'échec. Il est inutile de
neutraliser à l'alcool, la levée du garrot
entraînera le retour du flux sanguin et
le phénol résiduel sera neutralisé. Il faut
expliquer au patient qu'un suintement
persistera 2 à 6 semaines et lui fournir
les soins postopératoires adéquats.
ONYCHOPAPILLOME
L'onychopapillome se présente sous
forme d'une érythronychie longitudi-
nale débutant dans la matrice distale.
Il émerge sous le bord libre en réalisant
une petite onycholyse distale (Figures 7
et 8
). L'avulsion de la tablette l'expose. Il
est réséqué en bloc dans un fuseau lon-
gitudinal encochant la matrice distale et
se terminant à l'hyponychium. L'absence
de résection matricielle expose à la
récidive. Le défect est fermé avec du fil
résorbable 5/0 et la tablette est remise
en place. L'onychoptose intervient habi-
tuellement dans les 3 semaines et la
repousse est normale (la matrice distale
est responsable de la partie inférieure de
la tablette).
Figure 2: Bloc digito-distal. Noter le blanchiment du lit.
Figure 3: Onychomycose à moisissures. Aspect pré-avulsion.
Figure 4: Onychomycose à moisissures. Aspect post-avulsion.