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Vol 15
N°6
2012
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d'hyper-intensité marquée en T2 et un
rehaussement après gadolinium en T1.
Le traitement est l'excision chirurgicale
méticuleuse avec résection complète
sous peine de récidive (2).
Le kératoacanthome
La douleur est initialement intermit-
tente, mais augmente progressivement
en intensité et en durée, bien que cer-
taines tumeurs n'entraînent qu'une
douleur légère. L'atteinte distale génère
un doigt érythémateux et oedéma-
tié; l'atteinte proximale s'accompagne
d'une paronychie douloureuse. La tu-
meur a une prédilection pour les trois
premiers doigts de la main, où elle se
développe très rapidement, en quelques
semaines. Une onycholyse partielle pré-
cède l'apparition d'un nodule kérato-
sique croûteux sur le lit unguéal distal.
On peut retrouver un antécédent trau-
matique préalable. Des cas de kérato-
acanthomes multiples sous-unguéaux
sont associés à une incontinentia pig-
menti (4). La radiographie révèle une
ostéolyse bien circonscrite, sans sclé-
rose ou réaction périostée, résultat de
la compression rapide induite par la
tumeur. Après traitement chirurgical, la
réossification de la lacune osseuse est
nulle ou partielle. La tumeur présente
une échogénicité mixte. L'IRM met
en évidence la tumeur, avec un signal
intermédiaire en T1 et un hypersignal
en T2 avec fin rehaussement périphé-
rique (5). Le traitement recommandé
est l'excision chirurgicale en bloc avec
curetage des parois. L'amputation sera
réservée aux récidives multiples, aux
destructions osseuses majeures, ainsi
qu'aux cas où la distinction claire entre
kératoacanthome et carcinome épider-
moïde n'est pas claire (4).
LES DOULEURS UNGUÉALES
LES PLUS FRÉQUENTES
L'ongle en pince
La douleur peut sembler disproportion-
née, allant jusqu'à réveiller le patient
par le simple effleurement du drap de
lit (6). Elle n'est pas corrélée à l'inten-
sité de l'hypercourbure transversale (7)
et peut être totalement absente dans
certains cas. L'ongle en pince (Figure 2)
résulte d'une hypercourbure transverse
de l'ongle qui cisaille progressivement la
partie distale du lit unguéal. On distingue
les formes héréditaires, symétriques,
avec antécédents familiaux, des formes
acquises, asymétriques, dues le plus sou-
vent à des déformations orthopédiques
liées au chaussage et à une arthrose
déformante. La radiographie montre une
ostéoarthrose avec pincement articulaire
et formation d'ostéophytes. La distor-
sion distale du lit peut s'accompagner
d'un ostéophyte de traction. L'approche
thérapeutique dépendra de la douleur,
de l'inflammation, de la difficulté à se
chausser et de la gêne cosmétique. La
cautérisation chimique des cornes ma-
tricielles est le traitement de choix. Elle
peut être couplée avec la résection de
l'ostéophyte de traction. Les techniques
conservatrices (orthonyxie) soulagent
transitoirement, mais conduisent inva-
riablement à la récidive (6).
L'ongle incarné
Douleur, érythème, oedème et hyperhi-
drose sont les symptômes initiaux. En
l'absence de traitement approprié, un
périonyxis chronique se développe, avec
formation de tissu de granulation hyper-
trophique réactionnel pouvant s'infecter
(8). L'ongle incarné résulte d'un conflit
entre la tablette unguéale et les tissus
mous avoisinants. Les principaux facteurs
favorisants sont les chaussures étroites
à talons hauts, les chaussettes serrantes,
l'hyperhidrose, une pédicurie inadéquate
et le diabète de type 1 (7, 8). Un cercle vi-
cieux s'installe rapidement, car le patient
découpe les coins de la tablette à des fins
antalgiques, ce qui pérennise l'affection.
Aucun examen complémentaire n'est
nécessaire. Des traitements conservateurs
peuvent parfois être essayés, mais néces-
sitent une observance thérapeutique
longue et infaillible. Il existe de très nom-
breuses méthodes chirurgicales fondées
sur deux grands principes: réduire l'hyper-
trophie des tissus mous environnants ou
rendre la tablette unguéale définitive-
ment plus étroite(7). La revue Cochrane
de 2012 démontre que la matricectomie
par phénolisation est plus efficace que
l'ablation chirurgicale (9).
Le cor sous-unguéal
La douleur est intense, circonscrite et cor-
respond à l'emplacement de cette lésion
hyperkératosique sous-unguéale située
à la partie médiane distale du gros orteil
(Figure 3). Elle peut parfois être héma-
tique et de coloration noirâtre. Elle résulte
de traumatismes minimes répétés, favo-
risés par le chaussant et certaines défor-
mations orthopédiques acquises (erectus
surtout). Aucun examen complémentaire
n'est nécessaire. Le traitement consiste à
cureter le cor sous-unguéal après décou-
page de la région onycholytique. La pré-
vention de la récidive nécessite une adap-
tation du chaussant et la correction des
déformations orthopédiques (10, 11).
L'exostose sous-unguéale
Bien que la lésion ne soit pas intrinsè-
quement douloureuse, la douleur est une
plainte fréquente. C'est le plus souvent
une gêne au chaussage et à la pression.
L'image clinique est un nodule hyperké-
ratosique sous-unguéal ferme, émar-
geant au bord libre, surélevant la tablette
unguéale, sans la détruire (Figure 4).
L'exostose sous-unguéale est une tu-
meur peu fréquente, unique, acquise et
bénigne, touchant souvent le gros orteil et
Figure 2: Hypercourbure transversale typique de l'ongle en pince.