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Skin
Vol 15
N°6
2012
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à plus de 270 consultants du service
de dermatologie d'un centre hospita-
lier universitaire (Tours, France), montre
l'importance du matériel utilisé: l'usage
d'un appareil photo de service a les fa-
veurs de 90% des personnes interrogées,
alors que celui du téléphone portable
n'est accepté que par 10% d'entre elles.
Les patients sont également sensibles à
une diffusion contrôlée des images ainsi
qu'à un archivage sécurisé. Finalement,
86% des personnes considèrent la photo
comme «utile», mais elles souhaitent
une information exhaustive sur l'utilisa-
tion des images, assortie d'un consente-
ment écrit.
HIDRADÉNITE SUPPURÉE: FAITES
UN EFFORT, DOCTEUR! (4)
Mal connue des médecins, telle est l'hi-
dradénite suppurée! C'est ce qui ressort
de l'histoire de ces 25 patients (15 à 65
ans), pour lesquels le diagnostic n'a été
posé qu'après un délai moyen de 5,8
ans après consultation en moyenne de
4 dermatologues, 2 chirurgiens ou... des
sites Internet. Les patients se sont plaints
également de la mauvaise gestion de la
douleur, du manque d'information, de
l'incapacité des traitements à enrayer
l'évolution globale de la maladie. L'indice
de satisfaction stagne donc à 4/10. Sou-
tien psychologique et aide au sevrage ta-
bagique et à la réduction pondérale sont
également insuffisants.
MÉLANOMES FAMILIAUX:
QUAND LE TEST GÉNÉTIQUE
S'IMPOSE... (5)
Les facteurs prédictifs de la présence
d'une mutation de CDKN2A , principal
gène associé à un risque élevé de sur-
venue de mélanome, ont été recherchés
dans 387 familles dont 2 membres appa-
rentés au premier degré étaient atteints
de mélanomes et 96 où il y en avait 3 ou
plus. Une mutation a été retrouvée plus
fréquemment dans les familles à 3 cas
ou plus (32%) que dans les familles à 2
cas (13%). Un âge jeune au moment du
diagnostic et l'existence d'au moins un
cas de cancer du pancréas sont apparus
significativement associés à la présence
d'une mutation de CDKN2A dans les
familles à 3 cas ou plus. Pour les familles
à 2 cas, un âge jeune au diagnostic et
l'existence d'au moins un cas de méla-
nome multiple se sont révélés prédictifs
de la présence de mutations: celles-ci
étaient retrouvées dans 22% des cas
quand l'âge médian au diagnostic était
de moins de 50 ans et dans 29% des cas
quand il y avait au moins un membre de
la famille atteint de mélanomes mul-
tiples. Ces deux facteurs prédictifs per-
mettent d'identifier un sous-groupe de
familles où la fréquence de mutation est
supérieure à 20% et où il est donc parti-
culièrement justifié de proposer un test
génétique.
QUAND RECOURIR AUX
PHOTO-PATCH-TESTS? (6)
Les photo-patch-tests restent le «gold
standard
» du diagnostic des photo-
dermatoses. Faut-il pour autant les
utiliser chez tous les patients présentant
ce type d'éruption?
Une étude rétrospective menée entre
janvier 2003 et décembre 2009 tente
de répondre à la question. Les dossiers
des 46 patients ayant été testés par
photo-patch-tests pendant cette pé-
riode ont été repris pour évaluer l'inté-
rêt de l'interrogatoire par rapport aux
résultats des photo-patch-tests, des
dosages des anticorps anti-noyaux et
des porphyrines.
L'interrogatoire a été mené à l'aide d'un
questionnaire standardisé par le médecin
qui a réalisé les photo-patch-tests et s'est
attaché à déterminer les circonstances
d'apparition de l'éruption, l'intensité de
l'exposition solaire, la durée d'évolution
de l'éruption, la topographie de celle-ci
et l'efficacité du traitement suivi.
Ont été ainsi diagnostiquées 11 lucites
estivales bénignes (LEB), 13 lucites poly-
morphes (LP), 9 urticaires solaires (US), 6
lupus, 3 porphyries, 3 photo-allergies et 8
pathologies diverses. Les examens com-
plémentaires ont fait apparaître 13 LEB,
10 LP, 6 US, 4 lupus, 2 porphyries, 4 pho-
to-allergies et 11 pathologies diverses.
A l'aide de ces résultats, ont été calcu-
lés la sensibilité, la spécificité, le rapport
de vraisemblance et le Diagnostic Odds
Ratio entre interrogatoire et phototests
pour les photodermatoses les plus ré-
pandues.
Il en ressort que l'utilisation d'un ques-
tionnaire standardisé permet de porter le
diagnostic de lucite estivale bénigne, de
lucite polymorphe et d'urticaire solaire
avec «une bonne précision diagnostique
par rapport à l'exploration photobiolo-
gique» selon les auteurs. Pour les LEB et
le LP, la sensibilité, la spécificité étaient
respectivement de 0,69 et 0,95, et de 0,9,
0,91.
La pratique des photo-patch-tests doit
se faire dans des centres spécialisés. La
procédure est longue et coûteuse. Les ré-
sultats de cette étude permettent de se
contenter de ne prescrire ce type d'exa-
men complémentaire qu'à des patients
chez qui l'interrogatoire n'a pas permis
de poser un diagnostic immédiat ou
lorsque la photodermatose est rebelle au
traitement.
L'ANCIENNETÉ DES LÉSIONS,
FACTEUR DE RISQUE DE
RECHUTE DU PITYRIASIS
VERSICOLOR (7)
Le pityriasis versicolor (Figure 2) est
certes une maladie bénigne, mais son
caractère récidivant et l'importance des
troubles pigmentaires peuvent altérer la
qualité de vie du patient. Pour contrer
ce caractère récidivant, le praticien a la
possibilité d'opter pour un traitement
antifongique systémique plutôt que
pour le traitement local. Le traitement
par voie systémique est toutefois plus
coûteux et non exempt d'effets secon-
daires. La prescription doit donc se faire
avec discernement. Il paraît dès lors in-
téressant de pouvoir repérer, dès le pre-
mier épisode, les formes susceptibles de
récidiver, pour mieux cibler les patients
qui bénéficieront du traitement par voie
générale.
C'est pour définir plus précisément les
facteurs prédictifs de rechute qu'une
étude a été menée récemment au Maroc.
Au total, 85 patients ont été recrutés au
moment de leur premier épisode de pity-
riasis versicolor. Les données épidémio-
logiques, cliniques et relatives au mode
de vie des patients ont été collectées, au
total 46 variables. Tous ont été traités par
une application de kétoconazole en gel,
puis suivis pendant 18 mois. A la fin du
suivi, 34 patients étaient en rémission