background image
Skin
Vol 15
N°6
2012
34
lésions malgré la présence des mêmes al-
lèles associés à la maladie? Ils proposent
un modèle mathématique accordant
davantage d'attention aux interactions
quantitatives entre les cellules immuni-
taires via la signalisation des cytokines,
un modèle pouvant aussi bien servir pour
l'étude des affections inflammatoires de
l'intestin que de l'arthrite. C'est grati-
fiant de savoir que les autres peuvent ap-
prendre certaines choses grâce à la peau.
LE PSORIASIS EN TANT
QU'AFFECTION SYSTÉMIQUE
Le psoriasis est associé à des comorbi-
dités. Celles-ci peuvent provenir d'une
prédisposition génétique, d'effets secon-
daires liés aux traitements du psoriasis,
du mode de vie des patients psoriasiques
ou, découverte plus récente, de la nature
inflammatoire chronique du psoriasis. Les
comorbidités du psoriasis peuvent avoir
des voies inflammatoires communes dans
lesquelles la dérégulation des cytokines
joue un rôle important ou peuvent par-
tager une base génétique. Par ailleurs, ces
comorbidités du psoriasis sont associées
à une morbidité et une mortalité consi-
dérables. Le tableau 1 dresse un aperçu
des études réalisées entre 2006 et 2012
concernant l'association entre le psoriasis
et les affections métaboliques. Le risque
accru d'affections métaboliques en cas
de psoriasis peut être exprimé en «risk»
(le nombre de patients souffrant de la
maladie dans l'ensemble du groupe) ou
«odds» (le nombre de patients souffrant
de l'affection par rapport au nombre de
patients sains).
La comorbidité du psoriasis la plus fré-
quente est l'arthrite inflammatoire.
L'arthrite psoriasique survient générale-
ment après l'apparition des symptômes
cutanés, bien que, dans 15% des cas, elle
précède l'apparition des symptômes sur
la peau. Dans une étude propre, nous
avons cherché à savoir s'il existe une
différence de prévalence du syndrome
métabolique entre les patients atteints
de psoriasis sans arthrite et ceux souf-
frant d'arthrite psoriasique. Nous avons
mené une étude transversale auprès de
123 patients souffrant seulement de
psoriasis (PSO) et de patients souffrant
de psoriasis et d'arthrite (PSA) (2). Le
syndrome métabolique a été défini à
l'aide des nouveaux critères développés
par l'IDF (International Diabetes Fede-
ration
) en 2004 (3). Pour effectuer ces
recherches, un examen clinique a été mis
sur pied et des échantillons sanguins ont
été prélevés. 104 patients entraient en
ligne de compte pour l'analyse, dont 49
PSO et 55 PSA. Nous avons découvert
que la prévalence du syndrome métabo-
lique était considérablement plus élevée
dans le groupe PSO (44,9%) que dans le
groupe PSA (25,5%) (p = 0,037). La dif-
férence est surtout imputable à la plus
haute prévalence de l'obésité abdomi-
nale pour le PSO (83,7%) par rapport au
PSA (65,5%) (p = 0,034).
Par ce biais, nous montrons également
l'importance d'une approche plus large
des patients psoriasiques. Il s'agit d'un
point très important lors du suivi: les der-
matologues doivent rechercher l'éven-
tuelle présence d'un syndrome méta-
bolique chez les patients présentant un
psoriasis (sévère) et agir en conséquence
dans le cadre du suivi (par ex. renvoi
vers un cardiologue, un endocrinologue,
un généraliste, etc.). Nous avons ici un
rôle partagé en termes de prévention.
Par ailleurs, des éclaircissements doivent
toujours être apportés concernant son
apparition: est-ce en raison de la charge
qu'occasionne l'affection cutanée chro-
nique sur le plan psychosocial et de la
détérioration du mode de vie ou en rai-
son des effets secondaires de la médi-
cation entamée, ou encore, existe-t-il
une prédisposition génétique qui active
les voies pro-inflammatoires? Nous ne
savons toujours pas non plus si la médi-
cation systémique (telle que les médi-
caments biologiques) exercera à long
terme un effet protecteur sur le risque
métabolique accru.
DÉFIS DANS LE PAYSAGE
THÉRAPEUTIQUE
L'apparition de comorbidités dans le pso-
riasis a d'importantes répercussions pour
l'approche clinique. Le traitement a pour
principal objectif de réduire la charge de
la maladie après un certain temps en
maîtrisant les symptômes, mais aussi
d'apprendre aux patients à mieux vivre
le caractère chronique de l'affection, de
diminuer la charge psychosociale et de
prévenir les complications systémiques
et les comorbidités. Pour ce faire, en
plus de soins médicaux optimaux, un
encadrement psychologique et un sou-
tien pour les modifications du mode
de vie sont nécessaires. L'information
efficace des patients par l'éducation
(pas nécessairement de la part du méde-
cin) peut bénéficier d'une plus grande
attention. Il est prouvé que certaines
formes d'éducation peuvent également
favoriser l'observance thérapeutique, et
donc, indirectement, garantir un meil-
leur résultat clinique. Toutefois, dans le
cas du psoriasis, dont on sait que la non-
adhérence peut s'élever jusque 50%, de