![]() (erlotinib, lapatinib, cétuximab, panitu- mumab), utilisés pour le traitement des tumeurs malignes solides (20), peuvent provoquer une paronychie et des GP chez jusqu'à 60% des patients (18). Le développement des GP unguéaux induits par les inhibiteurs de l'EGFR est dose- dépendant et débute habituellement après 6 semaines, touchant 1-2 doigts et/ou les ongles des orteils. La guérison s'amorce 1-2 mois après l'arrêt du médi- cament (21). Les troubles hémorragiques des ongles induits par des médicaments sont de sévérité variable et peuvent se présenter comme des hémorragies en écharde, indiquant l'atteinte des capil- laires du lit de l'ongle, ou comme des hématomes du lit, dus à des hémorragies sous-unguéales. Les ongles des orteils sont généralement touchés, étant donné qu'ils sont plus exposés aux lésions et aux traumatismes. Les hémorragies sous- unguéales sont souvent associées à une photo-onycholyse d'origine médicamen- teuse, particulièrement en cas de formes dues aux quinolones. Le sorafénib et le sunitinib, des inhibiteurs des multikinases, peuvent provoquer des hémorragies en écharde sous-unguéales asymptomatiques qui apparaissent dans un délai de 2 à 4 semaines et qui sont dues à des microlésions au niveau des capillaires des extrémités des doigts, qui ne peuvent guérir en raison de l'inhibi- tion du VEGFR (22). Les anti-inflamma- toires, comme l'aspirine, représentent une autre cause fréquente d'hémorragies sous-unguéales, et ce, en raison de leur effet antithrombotique. La warfarine et d'autres anticoagulants peuvent provo- quer des saignements du lit de l'ongle. Les rétinoïdes tels que l'acitrétine sont aussi susceptibles de provoquer des hé- morragies en écharde (23). Les rayons io- nisants peuvent endommager les parois vasculaires du lit de l'ongle et être à l'ori- gine du développement d'hémorragies en écharde ou d'hématomes. Les modifi- cations unguéales ischémiques dues aux médicaments sont de sévérité variable, allant d'un phénomène de Raynaud à la gangrène digitale. Le phénomène de Raynaud peut constituer un effet indé- sirable vasculaire de la bléomycine (24), tant intralésionnelle que systémique. La bléomycine peut également être res- ponsable d'une gangrène des extrémi- représenter un effet indésirable grave des bêtabloquants (25). vation des mélanocytes de la matrice de l'ongle (mélanonychie) est un effet indé- sirable fréquent des antinéoplasiques, tels que la doxorubicine, la bléomycine, le cyclophosphamide, la daunorubicine, la dacarbazine, le 5-fluoro-uracile, le mé- thotrexate et l'hydroxyurée. Une méla- nonychie transversale ou plus fréquem- ment longitudinale peut survenir après l'utilisation d'un traitement par fais- ceaux d'électrons (EBT, electron beam therapy), d'une radiothérapie (Figure 4 Un traitement impliquant des associations de ces médicaments augmente la possibilité d'activation des mélanocytes. La pigmentation unguéale d'origine médicamenteuse touche typiquement plusieurs ongles et est habituellement lentement réversible (27). Dans certains cas, la pigmentation unguéale induite par des médicaments a une autre origine. Certains médicaments peuvent en fait être éliminés par la matrice unguéale et être stockés au sein de la tablette, pour être ensuite éliminés lors de la croissance de l'ongle. Le dépôt du médicament au sein de la tablette est la cause d'une pigmentation brun-noir que l'on observe chez les patients traités par clofazimine (28). Ces patients présentent souvent une pigmentation rose-brune associée des zones cutanées exposées au soleil. Dans d'autres cas, la coloration de l'ongle touche la région sous-unguéale, suite à des dépôts de pigments (médicaments, hémosidérine ou mélanine) dans le derme. En particulier, il s'est avéré que les chlorhydrate de minocycline, provoquent une pigmentation d'une série de tissus, incluant la peau, la thyroïde, les ongles, la sclère, les dents, les conjonctives et l'os. La pigmentation induite par la minocycline est de couleur bleu- gris et épargne typiquement la région de la lunule (29). Une pigmentation touchant la peau, les ongles et la sclère peut être observée chez des patients traités de manière prolongée par des antimalariques tels que l'amodiaquine, la chloroquine, la mépacrine ou la quinacrine. La pigmentation unguéale due à l'hydroxychloroquine est extrêmement rare (30). Teive et al. (31) ont rapporté une dyschromie unguéale, avec une coloration verte, au cours d'un traitement par rotigotine, un agoniste dopaminergique non ergoté; cette anomalie des ongles a disparu 2 mois après l'arrêt du médicament. |