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GUNAIKEIA
VOL 18 N°8
2013
Sur base de modèles de simulation mathématique, les
coûts cumulatifs par QALY (
Quality-Adjusted Life Year)
d'un dépistage de masse tous les 2 ans de 40 à 80 ans ont
été estimés entre 35.000 et 47.000$ (8, 9). Reprenant les
données du SEER (
Surveillance, Epidemiology and End Re-
sults program), du Breast Cancer Surveillance Consortium
et de la littérature médicale, d'autres auteurs ont conclu
qu'une mammographie tous les 2 ans chez les femmes
âgées de 40 à 80 ans est onéreux si les coûts des faux
positifs et des sur-diagnostics sont pris en compte (10).
Il y a donc un besoin urgent d'améliorer l'efficacité et la
rentabilité du dépistage du cancer du sein.
Une intensification du dépistage
dans les groupes à risque de
cancers d'intervalle devrait minimiser
l'incidence de ceux-ci. Les facteurs de
risque de cancers d'intervalle sont les
antécédents familiaux, une haute densité
mammographique et l'utilisation d'un
traitement hormonal.
Un dépistage sur mesure
Un dépistage plus efficace peut être obtenu en adaptant
individuellement le rythme et les modalités d'imagerie au
niveau de risque et à la densité mammographique, qui
dépendent notamment de facteurs génétiques, de la vie
reproductive et de l'environnement.
Un dépistage individualisé optimal devrait répondre aux
principes suivants:
- commencer le dépistage à l'âge auquel le risque in-
dividuel est équivalent à celui d'une femme à risque
moyen âgée de 50 ans;
- stopper le dépistage lorsque les comorbidités sur-
passent le risque de mortalité par cancer du sein;
- adapter la fréquence et les modalités d'examen au
niveau de risque individuel et à la densité mammo-
graphique;
- réévaluer régulièrement et individuellement la
stratégie de dépistage;
- informer soigneusement chaque patiente des avan-
tages et inconvénients du dépistage ainsi que de
leur risque personnel de cancer du sein. Décrire les
moyens de prévention, tout en relativisant par rapport
aux autres risques concernant leur santé globale, en
particulier les risques cardiovasculaires. Les médecins
devraient être capables d'accepter un refus réfléchi
et motivé. Dans tous les cas, la participation doit être
personnelle et volontaire. Aucune invitation publique
n'est en principe nécessaire si l'information est bien
conduite et correctement perçue, et les brochures
informatives ne sont pas assez personnalisées pour
permettre une prise de décision individuelle.
Identifier les femmes à haut risque
Une intensification du dépistage dans les groupes à risques
de cancers d'intervalle devrait minimiser l'incidence de
ceux-ci. Les facteurs de risque de cancers d'intervalle sont
les antécédents familiaux, une haute densité mammogra-
phique et l'utilisation d'un traitement hormonal.
Âge
Malgré l'amélioration de la sensibilité des mammogra-
phies avec l'âge, le nombre absolu de cancers d'intervalle
augmente avec l'âge, dans la mesure où l'incidence glo-
bale s'accroît. Les cancers d'intervalle sont cependant pro-
portionnellement plus fréquents chez les femmes jeunes,
en raison de leur vitesse de croissance plus élevée et du
manque de sensibilité des mammographies (11).
Densité mammographique
Une augmentation du risque de cancer d'intervalle de
60% a été observée en cas de haute ou très haute den-
sité mammographique, en raison du manque de sensibilité
des mammographies et du phénotype plus agressif des
tumeurs se développant dans les seins denses (12, 13). Il
est intéressant de noter que ce risque est encore plus élevé
chez les femmes âgées de plus de 50 ans, la densité mam-
mographique diminuant avec l'involution graisseuse du
sein liée à l'âge (13). Kerlikowske a constaté dans l'étude
WHI que la faible densité mammographique était associée
à une faible incidence de cancers du sein, qu'il y ait eu ou
non utilisation d'un traitement hormonal de ménopause.
Par contre, chez les femmes ayant des seins denses, l'uti-
lisation d'un traitement combiné (estrogènes + progesta-
tifs) était associé à un risque plus élevé de cancer du sein
et de stades plus avancés au diagnostic (14). Il est donc
recommandé d'intensifier le dépistage chez les femmes
ayant une haute densité mammographique, en particu-
lier si elles sont sous traitement hormonal combiné de la
ménopause et/ou si elles ont des antécédents familiaux
de cancer du sein, en choisissant des techniques d'image-
rie plus sensibles et en diminuant les intervalles entre les
dépistages (15).
Hérédité
L'incidence des cancers d'intervalle est augmentée chez les
femmes à plus haut risque héréditaire, non seulement en
raison d'une incidence plus élevée dans ce sous-groupe de
patientes, mais aussi en raison d'une vitesse de croissance
tumorale plus élevée (16). Une densité mammographique