des soins de santé, Laurette Onke- et le Centre d'expertise des soins de santé pour préparer pour le 1 cement all-in. Est-ce une véritable volonté politique ou seulement une piste «structu- relle» à explorer? L'avenir nous le dira. Un chose est certaine: il ne reste pas beaucoup de temps avant «la mère des élections», en mai 2014, pour mettre en chantier un nou- veau système de financement hospitalier. «Le KCE s'est déjà penché sur la faisabi- lité de l'introduction en Belgique d'un système de financement hospitalier all-in par pathologie (étude N°121B)», rappelle le Dr Demeere. «Les experts soulignaient que la mise sur pied d'un tel financement serait complexe mais possible et deman- derait des années. Il y a eu aussi la fameuse étude (N°178B) sur la tarification des interventions hospitalières basées sur les coûts, qui comparait, entre autres, les revenus des médecins. Cette étude décri- vait une méthodologie et non des chiffres en valeurs absolues.» Les écoles de santé publique réfléchissent également depuis des années au financement forfaitaire par pathologie (lire à ce sujet dans Le Spécia- liste 13-9 l'interview du Pr Magali Pirson - Ecole de santé publique de l'ULB). «Dans son dernier rapport (1), l'OCDE de santé souffre de deux handicaps: les négociations tarifaires en médico-mut et la réglementation excessive des hôpitaux», explique Jean-Luc Demeere. «Il recom- mande une plus grande flexibilité. Selon cette étude, le financement actuel des soins de santé est, à courte échéance, impayable. Il faut dès lors changer le système ou réaliser des économies. Nous ne sommes plus dans une période de croissance avec une norme de croissance officielle de 4,5% mais dans une période de restriction. Les médecins en sont conscients. L'OCDE propose plusieurs pistes pour atteindre l'équilibre budgétaire: la capitation pour la médecine générale et le financement forfaitaire par pathologie (DRG ou APR-DRG).» Dans les deux cas, il s'agit d'une véritable révolution culturelle. plusieurs systèmes de financement all-in. «Pour les médecins, on peut distinguer deux scénarios différents. Le premier dans lequel on conserve le financement avec les hono- raires. Le deuxième sans le financement avec les honoraires. Dans ce cas, il y a deux hypo- thèses différentes. La forfaitarisation de la partie A du budget des moyens financiers (BMF) et/ou une forfaitarisation opération- nelle visant les parties B et C du BMF. Dans un système all-in où l'on conserverait le finance- ment avec les honoraires, le forfait couvrirait la partie opérationnelle et la partie médicale. Actuellement, dans l'opérationnel, 40,9% du budget de l'hôpital provient des honoraires médicaux. Le danger de ce système est que le gestionnaire autorise à l'avenir plusieurs spécialités à obtenir un pourcentage spéci- fique (par exemple 15% ou 20%) de la masse des honoraires. Ce scénario provoquerait une véritable guerre au sein des hôpitaux, entre les différentes spécialités, et entre les hôpitaux eux-mêmes parce qu'ils voudront attirer les médecins les plus `productifs'. On entrerait dans une véritable économie de marché, très libérale. Un autre système peut être d'offrir un revenu garanti aux médecins, en fonction du nombre de patients vus ou via un fee-for-service. Dans le cas du fee-for- service, les médecins ne devraient logique- ment plus participer aux investissements de l'hôpital. On parle d'honoraires purs liés à l'activité médicale.» Jean-Luc Demeere ajoute qu'en fonc- tion du modèle de all-in qui sera choisi, il faudra revoir la nomenclature des soins de santé. Un fameux chantier puisqu'elle date de 1963. la littérature internationale, les écono- mies que peut générer le financement forfaitaire all-in sont de l'ordre de 1,9% la première année et de 3% ensuite. «A partir du moment où les médecins soignent correctement les patients, il n'est pas pos- sible de réduire de façon exponentielle le nombre d'examens», analyse l'anesthé- siste bruxellois. Et d'ajouter que l'augmen- de 20 à 56 reprises dans le système du montant de référence va déjà avoir un effet sur la surconsommation des actes. «Il s'agit déjà d'un incitant pour réduire la consommation médicale. Un autre levier pour diminuer les coûts est la réduction des forfaits. Cela a déjà été le cas pour les montants forfaitaires de la pharmacie, qui selon Marc Moens (Absym), ont diminué entre 2006 et 2013 de 30%. Je m'interroge dès lors sur la hauteur des économies que les autorités vont réaliser grâce au all-in.» majeur du système all-in est le passage dans le secteur hospitalier d'une culture de coûts, mesurables, à une culture de bénéfices. «Actuellement, les médecins produisent des examens et sont rémuné- rés en fonction des tarifs et des accords... Demain, cela sera l'inverse. Les hôpitaux devront, dans le cadre d'un budget prédé- fini, réaliser des bénéfices. Ils devront donc réduire les coûts par patients, sélectionner les patients et être plus efficients. Ce mou- vement se traduira par une réduction des durées de séjour, du nombre d'examens... Pour sélectionner les patients, les hôpitaux vont privilégier les APR-DRG favorables hôpitaux généraux vont se spécialiser dans les pathologies rentables. Pour être plus efficients, les hôpitaux vont vouloir sélec- tionner les traitements et les moyens dia- gnostiques. Or, selon la Loi sur les hôpitaux, le gestionnaire ne peut pas intervenir dans les décisions thérapeutiques et diagnos- tiques du médecin. Dans une culture de bénéfices, le gestionnaire va s'en mêler. La liberté thérapeutique du médecin va donc être soumise à des impératifs financiers et économiques.» Compte tenu de tous ces éléments, certains peuvent défendre de façon très positive dans la presse générale le concept du all-in. «Ne faudrait-il pas dire au grand public que ce nouveau système de finan- cement va créer dans les soins de santé une culture du bénéfice, qui se traduira par une sélection des patients et des moyens thérapeutiques? Ne risque-t-on pas aussi de réduire l'accessibilité aux soins, une des caractéristiques postives de notre système de santé, reconnue de façon internatio- nale?» 2. Lire également à ce sujet Le Médecin Spécialiste a demandé de pouvoir disposer d'une feuille de route sur le financement all-in pour le 1 ont préparé leurs boucliers. Le Groupement belge des spécialistes (GBS) a créé un «think tank» consacrée à la forfaitarisation du financement hospitalier. Ce groupe de travail n'a pas encore achevé ses travaux mais Jean-Luc Demeere, président du GBS, livre au Spécialiste ses réflexions sur le financement all-in. un système all-in avec les honoraires des médecins, un pouvoir illimité est donné aux gestionnaires des hôpitaux. On limite la liberté thérapeutique pour une logique économique. Dans un système sans les honoraires, les gestionnaires doivent tenir compte des médecins et évoluer vers un système de cogestion qui est, à mon sens, la meilleure des solutions. Les médecins gardent un revenu garanti (honoraires purs). La question reste, faut-il changer le système puisque les APR-DRG déterminent actuellement le BMF et que les montants de référence limitent la surconsommation?» |