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Le Spécialiste
13-14
11 septembre 2013
www.lespecialiste.be
JS0716F
VIH:
traitement plus précoce dans les
nouvelles recommandations de l'OMS
Depuis fin juin, l'Organisation mondiale de la santé (OMS)
recommande de proposer aux patients infectés par le VIH un
traitement antirétroviral à un stade plus précoce: moins de
500 CD4/mm
3
, contre moins de 350 CD4/mm
3
selon les pré-
cédentes recommandations (2010). Des données récentes in-
diquent en effet qu'un TAR administré plus précocement aide
les personnes porteuses à vivre plus longtemps et en meilleure
santé et réduit substantiellement le risque de transmettre ce
virus à d'autres personnes.
VOTRE ACTUALITÉ MÉDICO-SCIENTIFIQUE
Chez la femme enceinte
Association à dose fixe quotidienne de ténofovir + 3TC ou emtricitabine
+ éfavirenz
Chez l'enfant de moins de 3 ans
Lopinavir boosté par du ritonavir ou, en cas d'impossibilité, névirapine
Chez l'enfant de 3 à 10 ans
Soit abacavir + 3TC ou AZT ou ténofovir + 3TC ou emtricitabine
Chez l'adolescent
Ténofovir + 3TC ou emtricitabine
AZT + 3TC
Abacavir + 3TC
Chez l'adulte
Option privilégiée: ténofovir + 3TC ou emtricitabine + éfavirenz
Autres options: AZT + 3TC + éfavirenz ou AZT + 3TC + névirapine ou
ténofovir + 3TC ou emtricitabine + névirapine
Démarrer tôt
Ces nouvelles recommandations ­ présen-
tées fin juin ­ encouragent tous les pays à
mettre en route un traitement antirétrovi-
ral (TAR) chez les adultes vivant avec le VIH
dès que la numération des CD4 devient < à
500 cellules/mm
3
­ c'est-à-dire lorsque leur
système immunitaire est encore fort. Les
précédentes recommandations de l'OMS,
qui dataient de en 2010, proposaient de
traiter dès que le taux de CD4 atteignait
350 cellules/mm
3
ou moins. 90% des pays
avaient adopté les recommandations de
2010. Quelques autres, dont l'Algérie,
l'Argentine et le Brésil, proposaient déjà le
TAR au seuil de 500 cellules CD4/mm
3
.
Par rapport aux normes actuelles, les nou-
velles lignes directrices pourraient faire
baisser de 36-39% le nombre de décès
dus au sida et de nouvelles infections à
VIH (en 2025).
En effet, traiter les séropositifs dès leur
infection pourrait permettre de faire inflé-
chir la courbe des nouvelles contamina-
tions puisque le contrôle de la réplication
virale permet une très nette baisse du
risque de contamination des partenaires.
D'autre part, de nouveaux antirétrovi-
raux plus efficaces, mieux tolérés et plus
simples d'utilisation ont fait leur appari-
tion et pourraient éviter que le virus ne se
réfugie au sein de réservoirs ganglionnaires
dans lesquels il persiste sous forme latente.
Sur le plan individuel, le traitement précoce
permet en outre de réduire les symptômes,
de limiter la destruction massive des CD4
et d'en restaurer plus rapidement le taux.
Il pourrait aussi éviter le syndrome de
reconstitution immunitaire, réduire l'inci-
dence de la tuberculose et prévenir les
maladies liées à la dysfonction immunitaire.
Un traitement indépendam-
ment du nombre des CD4
dans certaines populations
Les nouvelles recommandations pré-
voient aussi de fournir un traitement
antirétroviral, indépendamment de leur
taux de CD4, à tous les enfants de moins
de 5 ans porteurs de VIH, à toutes les
femmes enceintes ou allaitantes por-
teuses du VIH et à tous les partenaires
séropositifs pour le VIH lorsque l'un des
partenaires n'est pas infecté. L'OMS per-
siste à recommander que toutes les per-
sonnes vivant avec le VIH et atteintes
d'une tuberculose évolutive ou d'une
hépatite B au stade maladie reçoivent le
traitement antirétroviral.
Un schéma privilégié
Pour la première fois, l'OMS recommande
aussi de prescrire à tous les adultes
débutant un traitement la même formu-
lation quotidienne unique contenant une
association des médicaments à dose fixe.
Cette association favorise l'adhérence
thérapeutique et peut être utilisée chez
l'adulte, la femme enceinte, l'adolescent
et le grand enfant.
En pratique, les directives recommandent
maintenant une association en doses
fixes de 3 antirétroviraux de première
intention dans un seul comprimé. Le
schéma thérapeutique tenofovir + lami-
vudine (ou emtricitabine) + efavirenz
(TDF+3TC (ou FTC)+EFV) a été retenu
parce qu'il est simple, moins toxique et
peut être utilisé dans toutes les popula-
tions, sauf chez les très jeunes enfants
(Tableau 1).
Mesurer la charge virale
L'autorité sanitaire mondiale souligne
aussi que le d4T (stavudine) ne doit plus
être utilisé dans les schémas thérapeu-
tiques de première intention chez l'adulte
et l'adolescent.
En outre, le test de mesure de charge
virale doit constituer une approche pri-
vilégiée pour le suivi du succès du traite-
ment et le diagnostic de l'échec clinique
en complément de la mesure du nombre
des CD4 et du suivi clinique.
Dr Jean-Yves Hindlet
Référence
http://www.who.int/hiv/pub/guidelines/arv2013/
download/en/index.html
Tableau 1: Schémas thérapeutiques en fonction de l'âge.