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Le Spécialiste
13-14
11 septembre 2013
www.lespecialiste.be
L
e tourisme médical est en pleine
croissance en Thaïlande. En 2011,
quelque 2,2 millions de patients
étrangers ont voyagé vers l'ancien Siam
pour y recevoir des soins, contre 1,4
million en 2009 et 620.000 en 2002. La
possibilité de recevoir des soins de qua-
lité à moindre coût attire les patients du
monde entier dans ce pays qui compte 28
hôpitaux accrédités «JCI» (Joint Commis-
sion International
) sur son territoire. Cette
certification américaine est considérée
comme la norme d'excellence en matière
de soins de santé dans le monde.
L'hôpital Bumrungrad est l'un des pion-
niers du tourisme médical en Asie. Créé
en 1980 à Bangkok avec une capacité de
200 lits, il n'a cessé de se développer pour
devenir le plus grand hôpital privé d'Asie
du Sud-Est, avec 554 lits. Il reçoit un peu
plus d'un million de patients chaque année,
dont un peu plus de 50% de Thaïlandais
et 10% d'expatriés habitant en Thaïlande.
Les autres patients sont issus de quelque
190 pays du monde, dont 133.000 du
Moyen-Orient. «Nous recevons beaucoup
de patients des pays du Golfe en juin et juil-
let, une période durant laquelle il fait très
chaud chez eux
», explique Kenneth Mays,
directeur marketing du Bumrungrad.
«Ces pays ne manquent ni de moyens ni
d'établissements hospitaliers mais bien de
spécialistes expérimentés, ce qui pousse
les patients qui peuvent se le permettre à
se faire soigner à l'étranger»
.
603 Belges en 2012
Environ 5% des patients du Bumrun-
grad sont issus d'Amérique du Nord et
d'Europe. En 2012, 603 résidents belges y
ont reçu des soins (dont 25 admissions).
«En moyenne, seul un tiers des Américains
et Européens sont de véritables touristes
médicaux»
, poursuit Kenneth Mays. «Les
autres sont des visiteurs non intentionnels:
ils figurent parmi les 20 millions de touristes
qui viennent en Thaïlande chaque année
mais ont subi un accident ou contracté une
maladie qui les amène au Bumrungrad»
.
Le directeur marketing perçoit différentes
motivations parmi les touristes médicaux
occidentaux. «Les patients venus spécia-
lement d'Australie et des pays européens
veulent généralement éviter une liste
d'attente avant une opération dans leur
pays. Les Américains fuient plutôt les coûts
énormes des opérations aux Etats-Unis. Ils
paient environ la moitié de la somme qu'ils
auraient déboursée aux Etats-Unis, pour
un niveau de qualité de soins équivalent:
les formations médicales sont excellentes
en Thaïlande et beaucoup de nos prati-
ciens partent en Amérique, au Japon ou en
Europe à l'issue de leurs études. Ils y per-
fectionnent leurs connaissances avant de
revenir en Thaïlande, et parlent anglais»
.
Les perspectives de croissance ne sont
guère réjouissantes pour le Bumrungrad
en ce qui concerne le marché américain.
«Nous avons encore beaucoup de touristes
médicaux venus d'Amérique du Nord, mais
de plus en plus d'hôpitaux ont la capacité
de gérer des patients internationaux au
Mexique et dans les Caraïbes. Si un Améri-
cain a le choix entre un hôpital comme le
nôtre situé à 18 heures de vol de chez lui
ou un autre dans un pays atteignable en
quatre heures, il a bien sûr tendance à aller
plus près de chez lui»
, note Kenneth Mays.
Hausse des patients
régionaux
Ces dernières années, l'hôpital Bumrun-
grad note une augmentation plus nette du
nombre de touristes médicaux habitant à
quelques heures de vol de la Thaïlande:
le développement économique de pays
comme la Mongolie, le Myanmar ou le
Cambodge est loin de bénéficier à l'entiè-
reté de leurs populations, mais de plus en
plus de nouveaux riches ont les moyens
de se payer un déplacement à Bangkok
et les soins d'un hôpital privé de niveau
international. L'ouverture du marché de
l'ASEAN prévue pour 2015 (1) devrait
attirer encore davantage de patients
régionaux vers Bangkok.
Le Bumrungrad tente de séduire les
patients internationaux en améliorant
constamment ses prestations: transfert
personnalisé depuis l'aéroport, facilita-
tion des procédures de visa, nourriture
internationale, atmosphère générale rap-
pelant plus celle d'un hôtel que celle d'un
hôpital, etc. L'institution s'est entourée
d'une équipe de plus de 150 interprètes
capables de traduire vers les langues les
plus couramment parlées par les patients.
Selon Kenneth Mays, la concurrence entre
hôpitaux privés thaïlandais les oblige à
améliorer sans cesse leur rapport qualité/
prix: «En Thaïlande, la plupart des patients
paient l'intégralité de leurs frais médicaux
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Les pionniers du tourisme médical
Avec plus d'1 million de patients par an, dont 40% venus
de l'étranger, l'hôpital Bumrungrad de Bangkok est l'un des fers
de lance du tourisme médical en Thaïlande. Coup d'oeil sur les
coulisses de ce vénérable mastodonte.
Accords de collaboration win-win
Le Bumrungrad a établi ses relais aux niveaux international et national.
Il a ouvert quinze bureaux de représentation dans les pays d'où viennent un
grand nombre de patients internationaux. Ces bureaux les aident à fixer les
rendez-vous médicaux, à choisir tel ou tel médecin, coordonner les visites,
etc. En Thaïlande, il a conclu des accords de collaboration «win-win» avec
une trentaine d'hôpitaux thaïlandais situés en province. Les praticiens de
ces hôpitaux peuvent appeler les spécialistes du Bumrungrad 24 heures sur
24 pour demander conseil dans le traitement des situations particulières.
En retour, les cas les plus difficiles (nécessitant souvent les interventions les
plus onéreuses) sont transférés en priorité au Bumrungrad.
VOTRE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
Le Bumrungrad tente de séduire les patients internationaux en améliorant
constamment ses prestations: transfert personnalisé depuis l'aéroport,
facilitation des procédures de visa, nourriture internationale, atmosphère
générale rappelant plus celle d'un hôtel que celle d'un hôpital, etc.