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Le Spécialiste
13-14
11 septembre 2013
www.lespecialiste.be
D
urant le printemps, la section pro-
grammation du Conseil national
des établissements hospitaliers
(CNEH) a formulé un avis dans ce sens.
Actuellement, les hôpitaux belges possè-
dent 161 CT-scan et 109 IRM. Les CT-scan
utilisent des rayons ionisants et sont donc
potentiellement plus dangereux pour la
santé que les IRM, qui fonctionnent avec
les champs magnétiques et les ondes
radios. Il est donc préférable d'avoir
moins de CT-scans superflus. «En effet,
pour bien soigner une lésion au dos ou de
nombreuses autres pathologies, l'IRM est
plus indiquée qu'un CT-scan»
, explique le
Dr Johan Pauwels, membre de Zorgnet
Vlaanderen (la coupole faîtère des hôpi-
taux flamands).
En Belgique, de nos jours, on réalise 187
examens CT par 1.000 habitants par an,
un taux très élevé en comparaison avec
les données internationales. Un sondage
récemment réalisé par Zorgnet révèle
qu'en moyenne, par an et par hôpital, on
réalise 378 CT-scans qui auraient dû, d'un
point de vue médical, être remplacés par
une IRM.
L'enquête de Zorgnet a également mon-
tré que les services de radiologie qui
ne disposent pas d'appareil IRM optent
souvent pour la plupart des demandes
urgentes pour un examen CT-Scan. D'un
point de vue médical, ce choix n'est pas
optimal mais il est plus rapide. En outre,
le patient ne doit pas être transféré vers
un hôpital équipé d'un IRM. Cette étude
nous apprend également que les patients
pris en charge dans des hôpitaux qui n'ont
pas d'IRM ou une capacité insuffisante
doivent patienter 16 jours avant de pou-
voir bénéficier d'un examen IRM.
Bruxelles
L'enquête démontre également que les
hôpitaux qui ne disposent pas d'appa-
reil IRM réfèrent, en moyenne, chaque
mois 249 patients vers un autre hôpital.
Il s'agit principalement de patients ayant
des problèmes orthopédiques, des affec-
tions neurologiques et, dans une moindre
mesure, d'affections oncologiques et
gynécologiques.
Chaque mois, 26,4 patients sont transfé-
rés pour des motifs urgents pour réaliser
une IRM dans un autre hôpital. Entre 7,5%
et 30% des examens sont considérés
comme urgents. «Il n'est pas nécessaire de
prouver que la surproduction d'examens,
le transfert des patients... coûtent inuti-
lement de l'argent au patient et à l'Inami
et contribuent à l'exposition inutile des
patients aux rayons ionisants»
, explique
Johan Pauwels.
L'audit permanent de l'Inami a montré
en 2011 que la répartition géographique
actuelle des appareils d'imagerie médicale
a un aspect communautaire. Bruxelles
et la Flandre comptent, respectivement,
21 CT-scan et 19 IRM et 15 CT ST scan
et 9 IRM. La Wallonie compte 17 CT-scan
et 9 IRM. «Il y a donc beaucoup trop d'IRM
à Bruxelles alors qu'en comparaison, il n'y
en a pas assez en Flandre et en Wallonie.
Nous plaidons pour que l'on tienne mieux
compte de la densité de population et des
zones d'attractivité des hôpitaux.»
Neutre en terme budgétaire
Les appareils de résonance magnétique
nucléaire sont indispensables pour poser
un diagnostic correct dans un champ d'in-
dications très large. Une bonne pratique
médicale requiert une imagerie médicale
adéquate. En se basant sur les directives,
un remplacement partiel des appareils
CT par les appareils IRM se justifie. Dans
quelle mesure? Dans son récent avis, le
CNEH renvoie à une étude prospective
pas encore publiée menée par l'UZ Gent.
Selon cette étude, le glissement des exa-
mens CT vers des examens IRM ­ plus jus-
tifiés médicalement ­ provoquerait la réa-
lisation de 230.000 IRM supplémentaires
par an. Le Conseil national a calculé ­ en
tenant compte d'une moyenne de 7.000
examens par an par appareil ­ qu'il y a de
la place pour 33 IRM supplémentaires.
En ce temps de crise, on ne dispose pas
directement du budget pour un tel inves-
tissement. Dans une lettre adressée récem-
ment à Zorgnet Vlaanderen, la ministre
laisse entendre qu'elle est favorable à
une augmentation du nombre d'IRM
programmées. Elle ajoute que cette opéra-
tion doit être neutre d'un point de vue bud-
gétaire et qu'il est nécessaire d'instaurer un
moratoire pour les appareils lourds d'ima-
gerie médicale et une limitation du rem-
boursement dans le contexte hospitalier.
Registre
Selon le CNEH, dans une première phase,
l'introduction d'un registre des appa-
reils d'imagerie médicale est nécessaire.
«Chaque CT-scan, chaque IRM, chaque
PET-scan»
, explique le docteur Pauwels,
«pourrait être enregistré auprès de
l'Agence fédérale de controle nucléaire
(AFCN), via un `bon' envoyé par le fabri-
cant, lors de l'achat, à l'hôpital mais aussi
à l'AFCN. Cela permettrait d'exclure les
appareils extra-hospitaliers. L'enregistre-
ment des numéros de série nous permet-
tra également de savoir quand les appa-
reils sont installés. L'AFNC pourra dès lors
vérifier que le software soit renouvelé
régulièrement, ce qui est nécessaire pour
réduire les doses d'irradiation. On pourra
ainsi éviter d'avoir des appareils utilisés
pendant 30 ans sans mises à jour.»
Parallèlement à l'introduction de ce re-
gistre, le CNEH souhaite donc installer 33
appareils IRM, progressivement sur une
période de 4 ans, en commençant par les
services existants. «Chaque hôpital pos-
sédant déjà un CT-scan pourrait ainsi rapi-
dement installer un appareil IRM»
. Chaque
radiologue dans chaque hôpital pourra
donc choisir l'examen le plus indiqué sur
base des guidelines. Selon Johan Pauwels,
«il devrait être possible d'installer encore
pendant cette législature 7 à 8 nouveaux
appareils IRM, pour remplacer les examens
CT-scans qui selon les directives auraient
idéalement dû se faire par une IRM. Ceci
serait neutre budgétairement, et les IRM et
CT-scans seraient utilisés correctement.»

Le CNEH est lui aussi partisan d'une aug-
mentation du nombre d'IRM associée à un
moratoire sur les CT-scans.
Financement
Enfin, une nouvelle méthode de finan-
cement est indiquée pour les deux tech-
niques. «Actuellement», explique Johan
Pauwels, «le gouvernement rembourse
l'investissement d'une machine IRM sur
une période de 7 ans. Il y a également un
budget pour les coûts d'utilisation. Les exa-
mens sont quant à eux payés via la nomen-
clature. Les CT-scans par contre sont tota-
lement financés via la nomenclature, et
les honoraires sont donc bien plus élevés.
Le cabinet Onkelinx compte uniformiser
les deux méthodes de financement.»
On
pourrait ainsi imaginer, à côté d'un finan-
cement de base, un financement variable,
en fonction du nombre de prestations, des
protocoles délivrés par les médecins et
des besoins en personnel.
A l'initiative de Zorgnet Vlaanderen,
800 médecins, directeurs et membres
du conseil d'administration d'hôpitaux
flamands ont envoyé le 17 juillet une
pétition à Laurette Onkelinx pour lui
demander d'augmenter le nombre d'IRM.
Geert Verrijken
JS0755F
Il y a de la place pour 33 IRM supplémentaires
La Belgique compte relativement trop de scanners-CT et pas
assez d'IRM. Pour les CT-scan, un moratoire a été introduit, ce
qui n'est pas le cas pour les IRM. Cette situation conduit sou-
vent à une prise en charge moins optimale et à une exposition
inutile aux rayons ionisants. Il est donc urgent d'introduire une
nouvelle programmation qui sera budgétairement neutre. En
Belgique, il y a encore de la place pour 33 IRM supplémentaires.
VOTRE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
Un sondage récemment réalisé par Zorgnet révèle
qu'en moyenne, par an et par hôpital, on réalise
378 CT-scans qui auraient dû, d'un point de vue
médical, être remplacés par une IRM.