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ACtUALitéS MédiCALES
MEDI-
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28 mars 2013
ACtUALitéS PoLitiCo-SoCiALES
Vous avez été l'initiateur de ce projet
qui veut être un lieu de socialisation et
d'épanouissement de la personne handicapée
de plus de 18 ans. Pourquoi vous êtes-vous
lancé dans cet ambitieux chantier? Pour
combler le déficit qui existe au niveau des
structures d'accueil résidentiel pour les
handicapés?
Dr Michel Englebert: Au départ, ma motivation est mon enfant, qui
est atteint d'un handicap moteur cérébral. Il est né il y a quinze ans.
A sa naissance, son pronostic était mauvais. Or, ses centres vitaux
fonctionnaient bien. On m'avait averti qu'à partir de son adoles-
cence, son accompagnement serait difficile. Par après, son QI a été
estimé à 89. A l'époque, j'ignorais ce qui existait en Régions bruxel-
loise et wallonne comme structures d'accueil et d'hébergement pour
les enfants handicapés. J'ai constaté qu'il y avait de grosses lacunes
au niveau de la capacité d'accueil mais aussi par rapport à la qualité
de l'accompagnement.
Votre centre va-t-il être rapidement complet parce
que les besoins de prise en charge sont criants?
C'est en effet le cas. Il y a peu de nouvelles sructures. En province
du Luxembourg, le centre Les Elfes a été ouvert en 2010. Il prend
en charge une trentaine d'adultes infirmes moteurs cérébraux. La
moitié des personnes est française et l'autre est belge. En région
Bruxelloise, il y a une nouvelle initiative qui se met en place. Elle
est déjà submergée de demandes et ne sait pas comment elle va
sélectionner les candidats. Selon différentes estimations, on peut
facilement évaluer à 5.000 le nombre de personnes handicapées qui
sont dans une situation précaire.
C'est-à-dire qu'elles ne trouvent pas de lieu de
vie résidentiel ou de jour?
Oui... et c'est terrible. Ces infirmes moteurs cérébraux restent
parfois chez leurs parents. Ceux-ci peuvent être âgés si la personne
handicapée a, par exemple, plus de 40 ans. Ces parents n'ont pas
d'autres solutions. L'Essentiel est submergé d'appels pour accepter
des candidats parce qu'il y a très peu de centres pour des adultes
atteints d'un handicap. Dans notre, centre l'âge moyen est de 28 ans.
Nous disposons de 2 chambres «haltes répit», qui sont des chambres
d'hôte pour recevoir temporairement des handicapés et soulager les
familles.
Le pari du mélange
Une des originalités de votre approche est que
votre centre propose des activités très variées
aux résidents.
Nous avons fait le pari du mélange. Les personnes qui ont un handicap
mental léger participent à des ateliers cognitifs. Ils apprennent, par
exemple, le néerlandais. D'autres résidents ont plus des activités
sensorielles. Entre les activités, les résidents se retrouvent comme
dans une grande famille. C'est fou comme ils s'apprécient. Il y a
une sorte d'osmose, de solidarité spontanée. C'est étonnant. Nous
avons dû refuser les candidats qui présentaient un comportement
agressif. Nous voulons aussi, via ce projet, faire découvrir le monde
du handicap aux adolescents et aux enfants valides. A cette fin,
certains résidents vont animer des ateliers (équitation, peinture...)
pour des mouvements de jeunesse ou des écoles. Nous voulons faire
de l'intégration «à l'envers».
Dr Englebert:
«Nous sommes submergés d'appels»
A peine ouvert, l'Essentiel est déjà complet tant il répond à des besoins malheureusement pas assez couverts en
régions bruxelloise et wallonne. Le Dr Englebert, initiateur du projet, espère que ce centre puisse servir de cadre
de référence pour l'émergence d'autres structures de ce type en Belgique.
MS7515BF