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MEDI-
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28 mars 2013
CAHiER
PRéVENtioN
Professeur Decramer, vous avez publié
récemment un article consacré aux
comorbidités de la BPCO (1). Pourquoi avoir
retenu ce thème?
Marc Decramer: Une étude publiée il y a quelques années s'est in-
téressée aux causes de décès chez les patients BPCO (2). Ses auteurs
ont montré que seulement 40% de ces décès sont dus, de manière
formelle ou probable, à la BPCO. Dans 50% des cas, la mort n'est
pas liée à la maladie. Elle reste inexpliquée chez 9% des sujets.
Un tiers des décès sont attribués à l'atteinte cardiovasculaire.
Il est donc important de prendre en compte les comorbidités des
patients BPCO dès lors que leur impact sur la mortalité est plus
important que celui de la broncho-pneumopathie chronique obs-
tructive (BPCO), hormis au stade avancé de la maladie.
Peut-être pourrions-nous les rappeler
brièvement...
Marc Decramer: Ces comorbidités sont les atteintes cardiovascu-
laires, le cancer du poumon, le diabète, la faiblesse musculaire,
l'ostéoporose, l'anxiété et la dépression.
Le tabac constitue vraisemblablement le
point d'intersection entre les maladies
cardiovasculaires et la BPCO...
Marc Decramer: L'exposition au tabac n'explique pas à elle seule
l'association (3): les liens entre les deux entités sont complexes,
multifactoriels et imparfaitement compris.
Force est d'admettre que la BPCO et les maladies cardiovasculaires
partagent une série de facteurs de risque. Il peut s'agir de facteurs
environnementaux modifiables ou d'une prédisposition.
Parmi les facteurs modifiables communs, le tabagisme est certaine-
ment le plus important, mais l'inactivité et le régime ne sont pas à
sous-estimer. Il a par exemple été observé que les fumeurs inactifs
ont une probabilité plus élevée de développer une BPCO que celle
qui est rapportée chez les fumeurs actifs (4). De même, le déclin du
VEMS (volume expiratoire maximal par seconde) est moindre chez
les fumeurs actifs que chez les fumeurs inactifs.
Il est donc important de prendre
en compte les comorbidités des
patients BPCO dès lors que leur
impact sur la mortalité est
plus important que celui de la
broncho-pneumopathie chronique
obstructive (BPCO), hormis au
stade avancé de la maladie.
pr MArC DECrAMEr
Les petites particules suscitent un intérêt particulier. En effet, elles
sont capables de pénétrer profondément dans les poumons, au
sein des bronchioles et des alvéoles, où elles induisent une inflam-
mation pulmonaire et une bronchiolite, lésions précoces dans la
BPCO (5). Les médiateurs pro-inflammatoires libérés localement
sont susceptibles de gagner la circulation systémique par transloca-
tion, favorisant ainsi la survenue d'une dysfonction endothéliale
et d'un état d'hypercoagulabilité ainsi que la formation de plaques
d'athérome (6, 7). La corrélation entre une exacerbation aiguë de
BPCO et une augmentation transitoire du risque d'infarctus du
myocarde pourrait s'expliquer par une hausse des concentrations
en fibrinogène et par l'état prothrombotique qui en résulte (8).
D'autres facteurs favorisent la survenue d'événements cardiovas-
culaires chez les patients BPCO. Ce sont notamment l'hypoxémie
aiguë, l'anémie chronique, l'insuffisance respiratoire sévère...
L'avis du professeur Decramer
(Chef de service pneumologie, UZ Leuven)