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MEDI-
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28 mars 2013
MS7548F
hépatocarcinome
«L'hépatocarcinome est la 5
e
tumeur en
ordre de fréquence, elle est aussi la 3
e
cause de décès lié à un cancer. Avec le seul
sorafenib approuvé en cas de tumeur non
résécable, il était logique que la recherche
se penche sur d'autres solutions
», rappelle
le Pr Jean-Luc Van Laethem.
Parmi celles-ci, plusieurs questions se
sont posées.
- Quel serait l'intérêt d'emboliser avec
des billes chargées à la doxorubicine
en cas d'hépatocarcinome? Aucun,
semble-t-il, si l'on suit les conclusions
de l'essai présenté par Karen Brown à
l'ASCo Gi qui montre un taux équi-
valent en survie globale ou en survie
sans progression selon que les billes
sont chargées ou non (1).
- c-MEt étant le seul récepteur de ty-
rosine kinase connu pour l'HGF (He-
patocyte Growth Factor
), et cette voie
étant impliquée dans la prolifération
tumorale, la motilité, la migration et
l'envahissement tumoral, son blo-
cage pourrait avoir des conséquences
favorables, d'autant que cette voie
est fréquemment dérégulée en cas
d'hépatocarcinome (2). Le tivantinib
est un inhibiteur de cette voie et il
a été comparé selon un ratio 2:1 au
placebo en cas d'hépatocarcinome de
stade avancé. Son bénéfice est signi-
ficatif: délai avant progression de 6,9
semaines contre 6,0 semaines (HR =
0,64, p = 0,04), mais sans bénéfice en
survie. il est cependant un bon indice
pronostique, le délai avant progres-
sion étant significativement plus élevé
(11,7 semaines contre 6,1 semaines,
p = 0,03) en cas de taux d'expression
élevé du MEt, avec dans ce groupe
amélioration de la survie globale
(3). «Cette molécule semble avoir un
avenir
, conclut le Pr Jean-Luc Van
Laethem, contrairement à l'erlotinib,
le brivanib et le linifanib, mais elle
doit encore être étudiée dans un essai
de phase III
Voies biliaires
Bien que très hétérogènes avec des mani-
festations et un pronostic différents selon
qu'ils sont intrahépatiques (5-10%),
hilaires (60-70%, tumeur de Klastskin)
ou extrahépatiques (20-30%), les cho-
langiocarcinomes ont un taux élevé de
rechutes (typiquement locales) après
chirurgie curative. Les facteurs de risque
principaux de rechute sont la résection
R1, l'envahissement ganglionnaire, la
faible différenciation et l'invasion péri-
neurale, aucun traitement néoadjuvant
n'ayant montré de bénéfice réel tandis
que ceux des traitements adjuvants ne
sont pas clairs.
Faut-il faire de la chimiothérapie? de
la radiothérapie? de la radiochimiothé-
rapie? Pour tenter d'y répondre, une
méta-analyse portant sur 6.912 patients
dans 20 essais randomisés contrôlés n'a
pas montré de bénéfice en survie du
traitement adjuvant (oR = 0,74, p = 0,06)
et aucune différence selon qu'il s'agit
d'une tumeur vésiculaire ou des voies
biliaires. Cependant, la chimiothérapie et
la radiochimiothérapie donnent de meil-
leurs résultats que la radiothérapie seule
(4). Les résultats sont cependant signifi-
catifs lorsqu'on isole le sous-groupe des
patients avec envahissement ganglion-
naire (HR = 0,49) et avec marge positive.
ESPAC-3 s'est intéressée de son côté aux
adénocarcinomes périampullaires (5) et
a conclu en un meilleur pronostic des
tumeurs ampullaires que des tumeurs de
l'arbre biliaire lorsqu'elles bénéficient d'un
traitement adjuvant (53,1 mois contre 32,6
mois pour les autres tumeurs biliaires et 17,4
mois en cas tumeur biliaire intrapancréa-
tique). La survie n'est cependant pas meil-
leure que la simple observation en première
analyse, mais bien après analyse multivariée
(HR = 0,70, p = 0,03).
Quant aux thérapies ciblées ­ que l'on
peut imaginer car il existe des mutations
KRAS dans 15% des cholangiocarci-
nomes extrahépatiques et 50% des intra-
hépatiques avec surexpression du VEGF
ainsi que de HER1 et HER2 ­, elles ne
semblent pas apporter de bénéfice clair
si l'on en croit l'essai BiNGo qui n'a pas
montré de supériorité de l'association
de cetuximab au schéma GEMoX par
rapport au GEMoX seul (6). La même
conclusion vaut pour l'ajout d'erlotinib à
ce même schéma (7).
Cancers hépato-bilio-pancréatiques
Un peu de soleil
dans la grisaille?
D'après la présentation du Pr Jean-Luc Van Laethem (Erasme, ULB)
L'hépatocarcinome est en continuelle augmentation d'incidence, notamment en conséquence de
l'épidémie d'hépatite C récemment vécue. Quant aux cancers des voies biliaires et du pancréas,
ils sont de pronostic très sombre du fait d'un diagnostic très tardif mais aussi parce qu'ils sont
très agressifs. Leur traitement, essentiellement chirurgical, n'est pas toujours réalisable et suivi
fréquemment de récidives. Quelques progrès récents semblent pouvoir changer la donne en laissant
entrevoir une meilleure prise en charge.
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