Kris Heyvaert 7 décembre 2012 à Leuven avec une matinée consacrée aux études cliniques et une après-midi au DSM V. tique que nous, psychiatres, nous devons d'aiguiser. Les notions statistiques mêmes ne sont pas toujours bien comprises ni toujours bien appliquées. Certaines revues de pointe incluent dans leur Comité éditorial des statisticiens professionnels afin d'évaluer la validité des données four- nies. Des études d'institutions statistiques universitaires, analysant les données reprises dans les différents articles, ont décelé un nombre tel d'erreurs que l'article Princeps les relatant a été refu- sé de publication. Analysons également les méthodologies pour mesurer la pertinence d'un article, prêtons-nous à la rigueur nécessaire et voulue, en sachant plus particulièrement utiliser les notions de prévalence et de puissance par exemple. couler beaucoup d'encre. Ces travaux bruissent de rumeurs. Les seuils pathologiques sont abaissés considérablement, à tel point que la question de la norme se pose. Se posent ainsi les limites d'un diagnostic, même si la tendance est d'abandonner le catégoriel pour le dimensionnel. Les facteurs de résistance au changement sont nombreux et pas toujours d'ordre scientifique. Aux Etats-Unis, la prise en charge médicale par les assurances dépend en grande partie du diagnostic établi! De nombreux troubles sont candidats à l'entrée dans la classification. On évoque notamment l'hypersexualité, le syndrome de risque psychotique, d'addiction à Internet ou au shopping comme autant de troubles qui pourraient apparaître dans la nouvelle version du DSM. Au-delà des assurances, il existe une demande des laboratoires pharmaceutiques en vue de cir- conscrire de nouveaux troubles, cibles d'autant de futurs traitements. Des répercussions légales en découlent: épinglons par exemple la vedette en situation d'infidélité qui gagnerait à être diagnostiquée comme souffrant d'hypersexualité pour ainsi être «dédoua- née»! Notons au passage que dans les années 70, on mettait en exergue le manque de sexualité. On avait défini la frigidité, l'absence d'orgasme, tandis qu'apparaît, reflet de notre époque, l'hy- persexualité, ainsi médicalisée et non plus étiquetée comme une infraction morale. Le risque est donc grand de voir psychiatriser les comportements qui ne satisfont pas aux normes sociales. Les maladies sont introduites au gré des modes. tique, en imagerie, en neurobiologie, permettant de dessiner des catégories et d'opérer des rapproche- ments attendus, n'est pas encore de mise. Certes, il y aura nécessairement un mouvement de balancier entre les classifications et les découvertes scientifiques qui viennent l'enrichir, mais nous devrons en- core attendre le DSM VI pour voir émerger un changement de paradigme à la faveur d'une meilleure compréhension des mécanismes à l'origine des troubles. |