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Neurone
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Vol 17
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N°7
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2012
sifs. La majorité des pharmaciens (au
moins 75%) reconnaissent qu'ils doivent
assumer différents rôles dans le contexte
des soins aux patients dépressifs.
Il semble toutefois que cette attitude po-
sitive ne se reflète pas dans la pratique,
car ces différents rôles ne sont effective-
ment assumés par les pharmaciens
qu'auprès d'un nombre limité de pa-
tients. Sur un ensemble de dix rôles, la
majorité des pharmaciens n'ont indiqué
que pour un seul de ces critères qu'ils
accordaient effectivement les soins en
question à la plupart des patients dépres-
sifs. Le test de Wilcoxon n'a également
fait état (pour neuf des dix rôles) d'au-
cune différence d'attitude significative,
de la part des pharmaciens interrogés,
face aux soins accordés aux patients dé-
pressifs ou aux personnes souffrant d'une
maladie physique. En ce qui concerne le
rôle «Donner des informations au patient
sur (les symptômes de) sa maladie», les
pharmaciens ont davantage admis ­ dans
une mesure significative ­ qu'ils devaient
assumer ce rôle pour les patients dépres-
sifs, par comparaison aux patients pré-
sentant une maladie physique (Z = -2,09,
p < 0,05).
Moins de soins
pharmaceutiques
Grâce au test de Wilcoxon, nous avons
observé (pour huit des dix rôles) une dif-
férence significative, quant à la pratique
actuelle, entre les patients dépressifs et
ceux qui souffrent de maladies phy-
siques. Les résultats indiquent que les
pharmaciens accordent moins de soins
aux patients dépressifs qu'aux patients
souffrant de maladies physiques (voir
Tableau 1). Il n'est donc pas surprenant
que des recherches précédentes aient
montré que les patients souffrant de pro-
blèmes psychiques soient généralement
insatisfaits des informations qui leur sont
communiquées à propos de leurs médi-
caments (25-27).
Obstacles et besoins de
formation
Les résultats ci-dessus suscitent certaines
questions. Pourquoi apparaît-il si diffi-
cile d'accorder des soins aux patients
souffrant de dépression? Dans la re-
cherche, nous avons examiné les ob-
stacles empêchant les pharmaciens d'as-
sumer un rôle plus actif. Le tableau 2
présente les cinq obstacles majeurs à cet
égard, rapportés par plus de la moitié
des pharmaciens.
Le tableau 3 indique les différents be-
soins de formation rapportés par les
pharmaciens. Plus de la moitié des phar-
maciens interrogés ont indiqué qu'une
Obstacle
n = %
Manque d'informations sur le patient individuel et son traitement
91
62,3
La dépression est un sujet délicat dont le patient a honte
85
58,2
Manque de formation à ce sujet
84
57,5
Manque de temps
82
56,2
Manque d'intimité dans la pharmacie
79
54,1
Il est difficile de communiquer avec des personnes dépressives
35
24,0
Cette tâche complémentaire est insuffisamment valorisée
19
13,0
Les personnes dépressives sont difficiles à cerner et ont un comportement imprévisible
15
10,3
Les personnes dépressives ne souhaitent pas bénéficier d'un soutien de la part de leur pharmacien
4
2,7
Autres
5
3,4
Tableau 2: Obstacles rapportés par les pharmaciens.
Besoins de formation
n =
%
Compétences de base liées à l'entretien psychosocial
83
56,1
Options thérapeutiques non médicales de la dépression
73
49,3
Les différents types de dépression
70
47,3
Effets (secondaires) des antidépresseurs
50
33,8
Causes de la dépression
43
29,1
Options thérapeutiques médicales de la dépression
42
28,4
Identifier les symptômes de dépression
39
26,4
Les symptômes de la dépression
31
20,9
Tableau 3: Besoins de formation rapportés.
Plus de la moitié des
pharmaciens interrogés ont
indiqué qu'une formation
complémentaire portant sur
les compétences de base
liées à l'entretien
psychosocial leur serait utile.