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l
Neuron
·
Vol 17
·
Nr 7
·
2012
de Holmes, tous les scores sont amélio-
rés à 12 semaines: agitation, anxiété,
apathie, dépression, irritabilité etc.
(13)
Enfin, le «rapport» de l'Office parlemen-
taire d'évaluation des politiques de santé

(14), en 2005, cite divers essais et deux
méta-analyses qui concluent à l'efficaci-
té des traitements cholinergiques et de la
mémantine sur les troubles comporte-
mentaux.
Les méthodes non
médicamenteuses
La «stimulation»
L'efficacité de la stimulation cognitive
n'est pas démontrée et on recommande
aux familles d'éviter de placer le malade
en difficulté au prétexte «qu'on le réé-
duque en le stimulant». L'Institut Univer-
sitaire de Sherbrooke (Québec) compare
son programme socio-éducatif à un
groupe témoin bénéficiant du soutien de
l'association Alzheimer. Il montre son
efficacité sur les comportements déran-
geants mais pas sur la détresse psycholo-
gique de l'aidant
(15).
Citons d'autres méthodes... sans pouvoir
être exhaustif:
·
les premières tentatives basées sur
l'évocation des souvenirs remontent
à près de 50 ans, avec une connota-
tion psychanalytique de type life re-
view
. Nous les reverrons au chapitre
de la Réminiscence;
·
les «ateliers mémoire» ne se pra-
tiquent pas en famille; ils sont aban-
donnés dès que l'échec génère l'an-
goisse;
·
la «revalidation cognitive» mobilise
les compétences restantes pour ré-
apprendre une tâche (méthodes de
récupération espacée, d'estompage
ou d'apprentissage sans erreur);
·
la realty orientation therapy
(16) four-
nit une masse d'informations pour
l'orientation spatio-temporelle;
·
Naomi Feil
(17) s'est fait un nom sur
une méthode intuitive pleine de bons
sentiments (empathie), qu'elle a
nommé «validation therapy».
Ces méthodes impliquent un personnel
formé et peu d'implication des aidants.
L'éducation des aidants
La maladie d'Alzheimer a des présenta-
tions très variées et c'est un processus
évolutif. Elle ne se prête pas à une mé-
thode de prise en charge univoque. Au fil
du temps, il sera peut-être nécessaire
d'en changer. Ceci exige une connais-
sance, par les praticiens, de leur diversité
et d'être capable de plasticité mentale
pour en changer. L'évaluation de la vali-
dité de ce qui a été mis en place avec
l'aidant fait partie de toute consultation.
Nous prendrons pour exemples la «thé-
rapie» par réminiscence, qui reste clas-
sique et deux méthodes moins répan-
dues, la résilience et une stratégie de
communication basée sur la théâtralisa-
tion
de la relation aidant-malade.
La résilience, une nouvelle
méthode de soins?
La résilience consiste, pour un individu,
à prendre acte de l'événement trauma-
tique pour formuler une nouvelle repré-
sentation de la réalité, porteuse des fer-
ments d'une restructuration positive. La
résilience serait rendue possible grâce à
la formation précoce de la personnalité,
par des expériences constructives de
l'enfance (avant la confrontation avec
des faits traumatisants) et par la réflexion,
le discours. La résilience est une manière
de trouver en soi des ressources pour
restaurer les fonctions de gestion cohé-
rente du quotidien, dégagé des schémas
anciens et ceci malgré un contexte hos-
tile. Au contraire, le coping
est une stra-
tégie par laquelle l'individu s'adapte à
une situation problématique, considérée
comme valide ­ elle est citée par l'In-
serm
(18). Les autres réponses sont le
déni, la révolte ou la fuite.
La résilience s'apprend-t-elle?
Le groupe de travail «vieillissement et
résilience», auquel participe l'auteur,
travaille sous l'égide de Boris Cyrulnik. Il
a montré la réalité de la résilience des
aidants dans la maladie d'Alzheimer.
La résilience passe par plusieurs phases:
la mentalisation, la symbolisation de
cette nouvelle situation et la reformula-
tion. C'est un processus dynamique qui
consiste à scénariser le traumatisme pour
lui donner un sens. Dans le cadre de ce
processus évolutif qu'est la maladie
d'Alzheimer, il faut donc faire preuve
d'une grande capacité pour manifester
de la résilience, alors que le traumatisme
persiste et s'aggrave. Il mobilise les res-
sources internes de l'aidant. Ceci est
d'autant plus difficile que la démence
déchire le lien entre les personnes
(19).
La résilience est une réparation.
Comment favoriser la
résilience?
Certains aidants ont spontanément
d'étonnantes compétences. Ils trouvent
en eux les ressources pour gérer ces dra-
matiques situations de vie. Dans notre
pratique, la majorité des aidants vivent
très mal cette situation et ceci a un reten-
La résilience est une manière
de trouver en soi des
ressources pour restaurer les
fonctions de gestion
cohérente du quotidien.
Certains aidants ont
spontanément d'étonnantes
compétences. Ils trouvent
en eux les ressources pour
gérer ces dramatiques
situations de vie.