que les soins de santé n'échappent pas à cette règle. Depuis quelque temps, tous les intervenants des secteurs médical et paramédical font face à une série de mesures inédites ou restrictives visant à contribuer aux objectifs budgétaires ciblés. Il convient toutefois de s'interroger sur l'efficacité de ces dispositions et de se demander si nous ne risquons pas, à long terme, de nous en mordre les doigts. Les contrôles croissants des médecins-conseils sur le comportement prescriptif et la pléthore de rapports et autres documents ambigus s'apparentent davantage à une forme de paranoïa inadaptée. Les pertes de temps allant de pair avec ces formalités administratives viennent peu à peu compromettre le but ultime des soins de santé, soit la prise en charge des personnes. Si la logique sous-jacente de ces mesures consiste indubitablement à encourager la prescription de prestations ou de médicaments remboursés, les résultats se révèlent toutefois, à tout le moins, plutôt douteux. évident que les médecins ne peuvent en aucun cas être la courroie de transmission des compagnies pharmaceutiques, la situation actuelle apparaît par ailleurs excessive. Etant donnée la réglementation actuelle, les nombreux avantages dont bénéficient les producteurs de médicaments génériques et les conséquences de cette situation sur les accords de prix, certains nouveaux médicaments n'arrivent pas sur notre marché ou sont disponibles beaucoup plus tard que dans les pays voisins, en particulier dans des domaines «restreints» de la médecine, que l'on peut notamment retrouver dans une spécialité telle que la neurologie. Un autre phénomène tient au désengagement progressif des compagnies pharmaceutiques, qui ont toujours constitué un moteur d'innovation et d'éducation. Une pluie de licenciements frappe le secteur pharmaceutique et affecte non seulement les représentants, mais aussi les collaborateurs travaillant dans le domaine de la recherche et du développement. Les producteurs de médicaments génériques ne sont pas par définition intéressés par l'innovation et peuvent donc exercer leurs activités avec des effectifs limités. Si nous devons admettre que les problèmes de l'industrie pharmaceutique dépassent le seul cadre national belge, nous ne pouvons pour autant nier que la situation actuelle implique un risque à long terme. L'avantage sans cesse invoqué, à savoir l'influence positive de la promotion de médicaments bon marché sur le remboursement de médicaments plus onéreux, me semble en tout cas peu convaincant dans la pratique. l'organisation de formations, de symposiums ou d'autres initiatives éducatives, une entreprise de médicaments génériques a réuni un groupe de médecins dans un espace VIP sur les flancs du Vieux Quaremont afin d'acclamer la victoire de Tom Boonen au Tour des Flandres. Chacun est libre d'apprécier dans quelle mesure ce type d'événement représente une dépense judicieuse de l'argent découlant de la vente de médicaments génériques. Mais, à mon avis, le fait de s'interroger à ce sujet ne peut pas faire de tort. |