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l
Neurone
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Vol 17
·
N°7
·
2012
peinture moderne et en particulier les
tableaux de deux peintres bien de chez
nous, Pierre Alechinsky et Roger Somville.
Il se plonge volontiers, aujourd'hui, dans
la lecture de livres de réflexion sur l'évo-
lution, sur la mort, sur Dieu, ou encore
sur l'univers.
Né le 16 janvier 1934 à Giurgiu, près de
Bucarest, Georges Franck a vécu jusqu'à
l'âge de 5 ans en Roumanie. Son père
était ingénieur et dirigeait une usine su-
crière appartenant à une multinationale
italo-belge. Il rentra en Belgique avec sa
mère, fin 1939, bientôt rejoint par son
père. «Nous étions Belges de nationalité,
mon père lui-même étant né en Iran.
Mon grand-père était également ingé-
nieur et avait été administrateur-délégué
de cette société. Malheureusement il fut
atteint de la grippe espagnole peu après
la Première Guerre Mondiale, et il décé-
da en Belgique l'année de ma nais-
sance
».
Son intérêt pour la médecine fut extrê-
mement précoce. «Dès l'âge de 4 ans,
j'ai toujours dit que je voulais être méde-
cin. Le gamin que j'étais avait été frappé
par le fait que les médecins avaient sou-
vent une belle voiture et une jolie
femme,
ajoute-t-il en riant. Ce qui fait
que toutes mes études, dès mes pri-
maires, je n'ai pas changé d'avis
». Il fut
diplômé en médecine en 1958 et s'ac-
quitta ensuite de ses obligations mili-
taires.
De retour au pays sur l'insistance de
ce dernier ­ et en dépit du fait que le
Pr Gastaut aurait souhaité qu'il poursuive
sa carrière à ses côtés ­ Georges Franck
est alors devenu aspirant du Fonds natio-
nal de la recherche, puis chargé de re-
cherche, avant de devenir chercheur
qualifié. Agrégé de l'enseignement supé-
rieur en 1970 (agrégation chez les Prs
Florkin et Schoffeniels, titulaires de la
chaire de biochimie à l'ULg), il fut bien-
tôt reconnu médecin interniste, deman-
dant aussitôt sa reconnaissance en neu-
rologie.
Flux ioniques au niveau du
cortex cérébral
Georges Franck consacra sa thèse d'agré-
gation de l'enseignement supérieur aux
flux ioniques au niveau du cortex céré-
bral, chez l'animal. «C'était assez origi-
nal parce que nous avions avancé, dans
les années 65-70, les premières hypo-
thèses selon lesquelles les cellules gliales
n'étaient pas de simples cellules de sou-
tien mais des cellules intervenant active-
ment comme cellules-satellites des neu-
rones, ce qui était important au point de
vue de l'excitabilité cérébrale. Nous
avons alors émis l'hypothèse ­ cela eut
un certain retentissement à l'époque ­
que les cellules gliales intervenaient
dans la régulation du potassium des mi-
lieux extracellulaires des neurones, et
avaient donc un rôle important dans leur
excitabilité. Nous avons travaillé ensuite
à l'échelle moléculaire, en étudiant les
courbes enzymatiques des échanges
Na+ - K
+ sur des populations séparées
de neurones et de cellules gliales obte-
nues par ultracentrifugation différen-
tielle. Ces recherches nous ont permis de
montrer que cet enzyme au niveau des
cellules gliales avait une sensibilité plus
importante au potassium que les neu-
rones. Ce qui confirmait notre hypothèse
de départ et nous a valu d'être invités
dans de nombreux milieux scienti-
fiques
». Pour ces travaux, Georges
Franck travailla avec son collaborateur
Thierry Grisar, neurologue et actuel titu-
laire de la Chaire de biochimie, ainsi
qu'avec Gustave Moonen, qui lui a suc-
cédé à la Chaire de neurologie et est ac-
tuellement Doyen de la faculté de méde-
cine de l'ULg. Moonen travailla sur des
cellules non plus obtenues par ultra-
centrifugation mais par culture de tissus,
confirmant que les ions potassium inter-
venaient de façon dominante au niveau
des cellules gliales et jouaient donc un
rôle important dans l'excitabilité neuro-
nale.
«Les internistes ne voulaient pas "aban-
donner" la neurologie, craignant de de-
voir faire de même avec les autres
branches de la médecine interne. La fa-
culté de médecine a voulu transformer la
Chaire de psychiatrie en Chaire de neu-
rologie lors de la succession du Pr Bo-
bon. Mais les internistes s'y sont opposés
et c'est ainsi qu'a été créée la Chaire de
neuropsychiatrie. Moi-même j'avais été
reconnu neuropsychiatre, quoiqu'ayant
fait ma spécialisation en médecine in-
terne
». Nommé professeur de neuropsy-
chiatrie, Georges Franck quitta plus tard
l'hôpital Bavière pour le nouveau CHU
de Liège au Sart-Tilman. Il eut en charge
la première Chaire de neurologie et fut
nommé professeur ordinaire.
Imagerie médicale
fonctionnelle
Georges Franck dût faire une thèse
d'agrégation expérimentale pure, alors
qu'il était clinicien. Toute son ambition
Georges Franck s'est formé à
l'épilepsie et à
l'électroencéphalographie
auprès du Pr Henri Gastaut
de Marseille.
Georges Franck consacra sa
thèse d'agrégation aux flux
ioniques au niveau du cortex
cérébral, chez l'animal.