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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°7
·
2012
Le fait qu'un médecin considère ou non
un décès comme un cas d'euthanasie
dépend fortement de la substance utilisée
pour induire le décès. Lorsqu'il pratique
l'euthanasie au moyen d'une dose exces-
sivement élevée d'opiacés, le médecin
ne perçoit généralement pas cet acte
comme une euthanasie, mais comme une
forme de sédation ou de soins palliatifs
exagérés. Par contre, si l'euthanasie est
pratiquée à l'aide de barbituriques et
de myorelaxants comme le prescrivent la
littérature médicale et les directives néer-
landaises (12, 13), le médecin perçoit
presque toujours son acte comme une
euthanasie et est également plus vite en-
clin à le signaler (11). Au-delà du nom par
lequel le médecin désigne son acte, il
s'avère que les médecins flamands, les
médecins suffisamment informés au sujet
de la loi relative à l'euthanasie et ceux qui
ont une attitude positive vis-à-vis du
contrôle social exercé sur la pratique de
l'euthanasie signalent davantage leurs cas
d'euthanasie que les médecins wallons
ou bruxellois, les médecins qui sont
moins bien informés au sujet des condi-
tions et procédures légales et ceux qui ont
une attitude négative vis-à-vis du contrôle
social exercé sur la pratique de l'euthana-
sie (14).
Cas d'euthanasie déclarés et
non déclarés
L'étude sur la base des certificats de dé-
cès a par ailleurs révélé que les euthana-
sies non déclarées sont généralement
pratiquées avec moins de précautions
par le médecin que celles qui sont signa-
lées (11). La déclaration orale et écrite
prescrite par la loi relative à l'euthanasie
était présente dans 73% des cas signalés,
alors qu'elle faisait généralement défaut
dans les cas non signalés (déclaration
uniquement orale dans 88% des cas et
tant orale qu'écrite dans 9% des cas).
Dans les cas non déclarés, la décision de
pratiquer l'euthanasie a été beaucoup
plus rarement prise en concertation avec
d'autres médecins. Ainsi, d'autres méde-
cins ont été consultés dans seulement
55% des cas d'euthanasie non déclarés,
contre 72% pour les cas déclarés. Des
spécialistes en soins palliatifs et des infir-
miers ont aussi été nettement moins
consultés dans les cas d'euthanasie non
déclarés. Dans la plupart des cas, les
médecins qui ont signalé avoir pratiqué
une euthanasie ont utilisé des barbitu-
riques et des myorelaxants. Ceux qui ne
l'ont pas signalé ont plus souvent em-
ployé des substances non indiquées
pour l'euthanasie, telles que des opiacés
et des sédatifs. Alors que dans les cas
d'euthanasie signalés, la substance létale
a toujours été administrée par un méde-
cin, comme l'exige la loi relative à l'eu-
thanasie, elle a été administrée par un
infirmier dans 41% des cas non signalés.
Attitudes des médecins belges
vis-à-vis de l'euthanasie et de
la loi relative à l'euthanasie
En 2009, une enquête nationale à grande
échelle a été menée auprès de médecins
issus de différentes disciplines suscep-
tibles de devoir prodiguer des soins à des
patients en fin de vie (15). Cette enquête
visait notamment à identifier les attitudes
des médecins vis-à-vis de l'euthanasie et
de la loi relative à l'euthanasie. Il en est
ressorti que seuls 19% des médecins in-
terrogés n'étaient en aucun cas disposés
à administrer des substances à un patient
à la demande expresse de celui-ci, afin
d'abréger ses souffrances. Plus de la
Je ne suis en aucun cas disposé à administrer des substances à un patient à la demande expresse
de celui-ci, a n d'abréger ses sou rances.
Si un patient atteint d'une maladie incurable est en proie à des sou rances insupportables et
qu'il n'est pas en mesure de prendre lui-même des décisions, le médecin (en concertation avec
l'équipe en charge des soins) devrait pouvoir décider de lui administrer des substances létales.
L'euthanasie à la demande du patient peut constituer une forme adéquate de soins palliatifs.
L'administration de substances létales à la demande explicite du patient est acceptable chez
les patients en phase terminale qui sont en proie à des douleurs extrêmes ou autres
sou rances incontrôlables.
Pas d'accord Neutre
D'accord
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
63
19
19
21
20
60
13
12
75
6
4
90
Figure 2: Attitudes des médecins belges vis-à-vis de l'euthanasie et d'autres décisions médicales en fin de vie, 2009.
Pas
d'accord
Neutre
D'accord
La loi relative à l'euthanasie nuit au bon développement des soins palliatifs.
L'euthanasie est une a aire entre le médecin et le patient qui ne doit pas
être soumise au contrôle de la Commission de contrôle et d'évaluation.
La loi relative à l'euthanasie contribue au respect des précautions dans le cadre
des actes médicaux posés en n de vie.
Un contrôle social sur la pratique de l'euthanasie est nécessaire.
L'euthanasie devrait être légalement acceptable pour les patients devenus
incapables qui sont en possession d'une déclaration anticipée d'euthanasie valable.
L'euthanasie devrait être légalement acceptable pour les patients mineurs
qui sont en mesure d'évaluer raisonnablement leurs intérêts.
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
72
18
10
55
18
27
13
13
12
9
79
68
66
22
19
28
23
49
Figure 3: Attitudes des médecins belges vis-à-vis de la loi relative à l'euthanasie.