Care', un congrès de deux jours or- ganisé par Zorgnet Vlaanderen. Près médecins et décideurs politiques avaient fait le déplacement pour assister aux dé- bats et aux exposés d'orateurs belges et étrangers triés sur le volet. Quelles sont les grandes tendances actuelles dans le domaine des soins de santé? De quoi ont vraiment besoin les patients? Et où en est la réforme du financement des hôpitaux? Autant dire que nous ne risquions pas manquer de matière. Dans cet article, nous nous attarderons tout d'abord sur le concept théorique très intéressant éla- boré par le Dr Johan Pauwels (cadre chez Zorgnet) pour l'organisation des soins de santé. Place ensuite à des préoccupations plus concrètes avec le compte-rendu de l'une des tables rondes (page 5). coup de point de départ à la réflexion: le nombre de malades chroniques ou porteurs de comorbidités multiples est appelé à augmenter, ce qui imposera iné- vitablement une mutation fondamentale à notre système de soins encore large- ment axé sur la prise en charge aiguë. Le Dr Pauwels a esquissé les grandes lignes du nouveau modèle, en compa- rant le système de soins à un réseau ferroviaire où la circulation des bénéfi- ciaires est actuellement très dense et peu structurée. «Chacun s'efforce de son côté d'amener ses patients à destination le plus rapidement possible, ce qui gé- nère le chaos sur les voies de circulation. Ne serait-il pas envisageable de repen- ser complètement cette organisation, en tenant notamment compte du fait que la moitié des personnes prises en charge à l'hôpital souffrent de plus d'une maladie chronique? Nous sommes en effet tous de plus en plus amenés à soigner les mêmes groupes de patients, même s'il est vrai qu'ils auront généralement besoin à plu- sieurs reprises, à des degrés divers et dans un ordre variable, de différentes formes de prise en charge.» tème, le Dr Pauwels suggère d'évacuer cessent de s'entrecroiser et de se couper la route comme des moyens de transports concurrents», alors qu'elles devraient à ses yeux former un seul et même convoi. «Cela permettrait à tous les wagons (1 etc.) de se déplacer sur une seule et même voie et dans la même direction, tout en prévoyant un trajet adapté pour chaque groupe-cible.» fonction des besoins de chaque groupe- cible, les différents acteurs des soins sont liés par des accords contraignants conclus au sein de leur réseau et des dossiers- patients informatisés (DPI) qu'ils peuvent s'échanger entre eux», poursuit le Dr Pauwels. «La voie est tracée par des recom- mandations de bonne pratique communes. Les objectifs thérapeutiques déterminent la direction et la destination, le trajet exact étant choisi en fonction des besoins du groupe-cible. Il est aussi nécessaire d'avoir différents types de trains, car la vitesse est un élément crucial pour certaines patho- logies, alors que d'autres auront besoin de pouvoir descendre à un arrêt ultra-spécia- lisé. En outre, pour un nombre croissant de patients (p.ex. les personnes âgées ou confrontées à des difficultés financières), il est capital d'avoir une gare à proximité de chez eux... faute de quoi ils n'auront même pas la possibilité de monter à bord.» entre autres, «de soirées d'évaluation avec des représentants du secteur et de dis- cussions avec des stakeholders externes». D'après le Dr Pauwels, l'idée de `réseaux de soins reconnus' constitués sur base volon- taire jouit d'une certaine popularité. «La notion va bien plus loin que les seuls hôpi- taux. Il s'agit ici de systèmes qui s'efforcent santé, qui investissent dans la prévention et la limitation des problèmes de santé plutôt que de se borner à réparer les dégâts une fois que le mal est fait», explique-t-il encore. une sorte de matrice, au sein de laquelle les réseaux horizontaux et verticaux for- ment pour le patient un seul tout cohérent. Johan Pauwels souligne que, pour pouvoir répondre de façon efficace et efficiente à différents besoins, une telle matrice doit recouvrir non pas uniquement les hôpitaux mais l'ensemble de l'offre de soins. Le réseau horizontal s'adresse aux patients atteints de diverses pathologies chroniques, qui doivent faire l'objet d'une vision holis- tique et d'une prise en charge multidiscipli- naire et multiprofessionnelle de proximité. Dans ce cadre, la collaboration entre acteurs locaux et régionaux permettra d'obtenir de meilleurs résultats tant à l'échelon du pa- tient individuel qu'à celui de la population, par exemple en abaissant la mortalité évi- table associée à des pathologies qui peuvent faire l'objet d'un diagnostic précoce. Le réseau vertical soutient la différencia- tion des fonctions et la réorganisation des tâches entre hôpitaux. «Cela peut débou- cher sur une forme d'échelonnement des services ou programmes de soins de manière à mettre en commun une expertise et des équipements spécifiques», explique Johan Pauwels. «Les différents niveaux peuvent aller d'un label A pour les services ou pro- grammes courants et facilement standardi- sables à un label C pour les diagnostics com- plexes ou les prises en charge particulière- ment intensives dans le cadre de pathologies peu fréquentes voire très rares.» Les réseaux verticaux insistent sur des pathologies spé- disciplinaire organisée à l'échelon régional, national ou international. «Ceci demande une collaboration entre un réseau horizon- tal et des centres de revalidation, des insti- tutions psychiatriques, etc.» bonne dose d'enthousiasme commune, sous peine de voir certains pa- tients se retrouver coincés dans une gare et monter finalement dans un convoi qui les conduira au mauvais endroit par exemple aux urgences pour un problème de cheville foulée. Ou s'éterniser dans le wagon `pédia- trie' faute de place dans celui de la pédo- psychiatrie. «Quelles trajectoires de soins sont nécessaires pour quels groupes de pa- tients? Combien de convois faut-il prévoir, et combien de wagons dans chacun?», in- terroge le médecin. «L'objectif commun du réseau est manifeste: veiller à ce que tous les malades arrivent à heure et à temps à la des- tination fixée dans le plan de traitement en concertation avec leur médecin.» La loco- motive du futur carbure à l'enthousiasme et aux euros, comme celle d'aujourd'hui. Mais il est surtout capital que tous les acteurs et les autorités aient une vue claire de l'ensemble du réseau. «Les voies sont tracées sur la base d'un plan de soins global reposant sur une vision et des objectifs clairs. Ce sont les décideurs politiques qui commandent les aiguillages dans l'optique de soins de plus en plus per- formants. Ils ont le droit d'imposer des éco- nomies, mais à condition qu'elles visent des dépenses inconsidérées, des approches qui ne sont pas evidence-based. Si nous conti- nuons à nous focaliser sur des coûts exces- sifs, nous risquons de nous retrouver avec des trains qui roulent n'importe comment. Nous comptons donc sur les autorités pour qu'elles gèrent les aiguillages de façon fiable et transparente», conclut Johan Pauwels. nouvelles de soins doivent générer une plus-value pour les patients et pour la collectivité. Ceci impose toutefois qu'établissements et marché, de `leur' patientèle... et que les autorités cessent de rogner systématiquement sur les postes les plus lourds lorsqu'elles font des économies.» nouveau modèle, où il compare le système de soins... à un réseau ferroviaire. |