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I
Le Spécialiste
13-11
19 juin 2013
www.lespecialiste.be
Bientôt un demi-siècle après
sa création, comment se
porte Amonis?
Herwig Van Dijck, président:
«Le bilan est
plus que positif. Nous comptons aujourd'hui
plus de 26.500 membres et gérons des fonds
pour un total de 1,415 milliards d'euros.
Au cours de l'année dernière, le nombre to-
tal de membres a progressé de 2%, alors que
le total des actifs placés a cru de 14%. Notre
enracinement au sein du corps médical est
très fort, mais nous quittons peu à peu l'an-
cien modèle corporatiste. Amonis s'est en
effet ouvert à d'autres professions: les kiné-
sithérapeutes, les dentistes, les pharmaciens,
certaines professions libérales, etc. En 2012,
40% de nouveaux adhérents n'étaient pas
médecins. C'est la preuve que notre modèle
est crédible.»
Justement, la crise a dure-
ment frappé tous les secteurs
de l'économie depuis 2007, y
compris les fonds de pension.
Comment s'en sort Amonis
dans ce contexte?
Les beaux jours sont-ils de
retour?
Herwig Van Dijck:
«Comme tous les fonds
de pension, nous avons connu récem-
ment des années plus difficiles, qui ont été
l'occasion de tester la résistance de notre
modèle. Mais les résultats sont là: près d'un
milliard et demi d'actifs sous gestion à la
fin 2012, avec une croissance constante
du nombre d'adhérents. En 2012, l'encais-
sement des primes a encore augmenté de
1,3%. Nous nous sommes dotés d'un plan
financier efficace et avons mené une poli-
tique de maîtrise des coûts et de contrôle
des risques qui nous ont permis, sur le
court comme sur le long terme, d'atteindre
des ratios de solvabilité largement supé-
rieurs aux normes requises. Nos engage-
ments sont donc plus qu'entièrement
financés et nous sommes en mesure de
tenir notre promesse: un rendement global
de minimum 3,75% sur les comptes indi-
viduels de nos membres actifs. Par ailleurs,
nos membres pensionnés ont pu profiter
d'une hausse de 2,50% de leur rente, pour
maintenir leur pouvoir d'achat. C'est plus
qu'appréciable dans le contexte actuel.»
Daniel Désir, premier vice-président:
«En
2012, notre portefeuille de placements
a enregistré une plus-value de l'ordre de
10%. C'est inférieur aux performances de
certains produits financiers plus agressifs,
mais largement suffisant pour distribuer
à nos membres les rendements promis.
Nous voulons être extrêmement prudents
dans la gestion des capitaux qui nous sont
confiés. L'année dernière a été l'occasion
de diversifier nos placements, afin de ré-
duire notre exposition à certains risques.
Nous avons assaini notre portefeuille pour
renforcer la sécurité financière de nos
membres. Concrètement, cela s'est traduit
par la revente d'obligations émises par des
Etats dont la solidité financière a pu sou-
lever quelques doutes. Et malgré ce travail
d'assainissement, nous avons pu dégager
un rendement remarquable.»
Comment se porte
Amonis, en comparaison aux
autres fonds de
pension du marché belge?
Herwig Van Dijck:
«Amonis est le deu-
xième fonds de pension belge, et le pre-
mier pour les prestataires de soins. Depuis
une dizaine d'années, notre expertise est
même couronnée par des observateurs
externes. Depuis 2001, nous avons été
désignés à cinq reprises comme meilleur
fonds de pension belge. La dernière ré-
compense en date vient du World Finance
Award
en 2012.»
Amonis n'est pourtant pas à
l'abri des critiques...
Daniel Désir:
«La critique est courante
dans le monde bancaire. Des médecins qui
gèrent un milliard et demi d'euros, c'est
inconcevable pour des banquiers! Selon
eux, nous ne serions pas compétents pour
gérer cette manne financière. Ils préfére-
raient la gérer eux-mêmes. Pourtant, les
spécificités de notre modèle de gestion
semblent nous donner raison. Il faut être
réaliste: ce ne sont pas des médecins qui
gèrent les capitaux d'Amonis au jour le
jour. Nous comptons ainsi deux adminis-
trateurs indépendants qui ne viennent
pas du milieu médical, plusieurs experts
financiers au niveau de la direction exé-
cutive et de nombreux money managers
spécialisés «par classes d'actifs: les obli-
gations, les actions, l'immobilier, etc. La
gouvernance est extrêmement impor-
tante chez nous. Les membres de l'assem-
blée générale sont désignés par le conseil
d'administration... et vice-versa. Ce mode
de désignation croisée permet un meilleur
contrôle des différents organes. Je tiens
aussi à préciser que, contrairement aux
banquiers, nos money managers ne per-
çoivent pas de bonus! J'estime en effet
que les bonus encouragent les prises de
risques insensées pour générer du résul-
tat sur le court terme. Or, ce dont nos
membres ont besoin, c'est de la sécurité
à long terme. Autre spécificité de notre
mode de gouvernance: notre conseil
d'administration se veut représentatif des
différentes orientations philosophiques,
des courants généralistes ou spécialisés,
de la médecine clinique ou non, etc. Un
milliard et demi d'euros ne peuvent être
laissés aux mains d'une seule personne.
Au sein des instances dirigeantes d'Amo-
nis, nous poursuivons tous un objectif
commun, malgré nos propres sensibilités.»
Amonis a pourtant
vocation à être plus large
qu'un simple fonds de pen-
sion. Vous proposez éga-
lement d'autres produits
d'assurance à vos membres.
Jusqu'où pouvez-vous pous-
ser la diversification de votre
offre? N'y a-t-il pas un risque
de vous éloigner de votre
mission de base?
Daniel Désir:
«Nous proposons deux
produits de base. Primo, l'épargne pen-
sion, que ce soit via la PLCI (pension libre
complémentaire pour indépendants) ou
via une assurance-groupe pour ceux qui
exercent en société. Secundo, l'assurance
revenu garanti qui propose des indemni-
tés complémentaires en cas d'incapacité
de travail. A côté de ces produits, nous
proposons aussi d'autres couvertures
annexes, comme par exemple l'assurance
dépendance. Mais notre core business,
ça reste essentiellement la constitu-
tion d'une pension complémentaire du
2
e
pilier, sur la base de la solidarité et des
prestations individuelles. La diversifica-
tion a aussi ses limites. On nous a par
exemple déjà suggéré d'intervenir en tant
que centrale d'achats pour les professions
médicales. Ce n'est pas dans nos mis-
sions. On prendrait un risque qui n'est pas
acceptable pour nos membres.»
Herwig Van Dijck:
«Nous ne sommes
pas prêts à nous diversifier à tout prix.
Notre core business, ça reste les
relations avec l'Inami. Sur les encaisse-
ments perçus en 2012 pour la constitu-
tion de pensions complémentaires, 63%
provenaient d'avantages sociaux Inami,
c'est à dire de prestataires de soins
qui appliquent la convention médico-
mutualiste. Cette convention joue un
rôle clé dans la sécurité tarifaire des soins
de santé en Belgique.»
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Malgré un paysage agité,
Amonis garde le cap
Créé en 1967, Amonis a soufflé en 2012 ses 45 bougies. L'occa-
sion pour l'organisme de financement des pensions de faire le
point sur ses performances, les défis qui l'attendent dans un en-
vironnement législatif de plus en plus complexe et les services
offerts à ses membres. Nous en avons profité pour rencontrer
Herwig Van Dijck, le président d'Amonis, et Daniel Désir, le pre-
mier Vice-Président. Nous avons parlé de la problématique du
financement des pensions, des soins de santé, mais aussi de
l'évolution des professions médicales.
ECONOMIE
Herwig Van Dijck:
«Comme tous les fonds
de pension, nous avons
connu récemment des
années plus difficiles,
qui ont été l'occasion de
tester la résistance de
notre modèle.»
Daniel Désir: «Nous vou-
lons être extrêmement
prudents dans la gestion
des capitaux qui nous
sont confiés.»