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I
Le Spécialiste
13-11
19 juin 2013
www.lespecialiste.be
VOTRE ACTUALITÉ MÉDICO-SCIENTIFIQUE
C
ofondatrice et présidente du BIG
(Breast International Group) qui
réunit 49 groupes académiques de
recherche à travers le monde, avec plus
de 30 essais cliniques sous sa tutelle, le
Pr Martine Piccart est aussi l'investigateur
principal ou co-principal d'études qui ont
révolutionné la pratique médicale: HERA,
MINDACT, ALTTO...
Ce n'est pas la première fois que le Pr
Piccart est mise à l'honneur par l'ASCO dont
elle est `fellow' (FASCO) depuis 2011, ce
qui semble logique quand on sait qu'elle
est également présidente de l'ESMO et
a été présidente de l'EORTC de 2006 à
2009.
Un grand nom. Une belle destinée qu'elle
dédie à sa maman qui a souffert de cette
terrible maladie.
Mais aussi une présentation toute en
nuance et en inventivité sur l'avenir de la
recherche académique.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
JS0625BF
Le David A. Karnofsky Memorial Award and
Lecture
pour le Pr Martine Piccart
«C'est la plus grande distinction accordée par l'ASCO. Et elle a
été décernée cette année au Pr Martine Piccart (Institut Bor-
det) pour sa contribution exceptionnelle au monde de l'onco-
logie en général et du cancer du sein en particulier»
, annonçait
Sandra Swain, présidente de l'ASCO.
Martine Piccart
JS0625F
ASCO 2013
Une session plénière qui a marqué
Sauver des vies grâce au
vinaigre?
«Le cancer du col est le plus fréquent des
cancers chez la femme en Inde avec plus
de 140.000 nouveaux cas chaque année et
77.096 décès en 2008»
, rappelle Surendra
Shastri (Mumbai). Il engendre également
une mortalité supérieure à celle du can-
cer du sein. La difficulté du sous-continent
indien, comme de beaucoup de pays est le
manque d'infrastructure et de ressources
humains et logistiques pour effectuer un
test de Papanicolaou. Une lacune que
peut combler l'inspection visuelle du col
après badigeonnage à l'acide acétique
(1). C'est dans ce cadre qu'une campagne
d'instruction de travailleurs de la santé a
été menée, leur apprenant à reconnaître
la présence d'un cancer à la vue par la
simple application d'acide acétique ou
de vinaigre (2). Comparée au traditionnel
Papanicolaou, cette méthode effectuée
tous les deux ans avec une participation
proche de 90% dans les deux groupes
(la moyenne d'âge était d'un peu plus de
40 ans) a permis la détection d'un can-
cer du col chez 26,7/100.000 femmes
(n = 75.360) contre 27,5 dans le groupe
contrôle (n = 76.178). Elle a permis une
réduction de 31,5% des décès liés à ce
cancer (p = 0,003), notamment du fait
de la découverte d'un nombre très élevé
de cancers au stade débutant (low et high
grade squamous intraepithelial lesion
­
LSIL et HSIL: 328 contre 48), les courbes
commençant à diverger dès la 4
e
année de
mise en route du programme. Les auteurs
ont également observé une réduction non
significative de la mortalité totale (HR =
0,933, p = 0,406). Extrapoler ces résultats
à l'ensemble des pays à faible ressources
financières permettrait d'éviter 72.000
décès par an.
Cancer du col de stade
avancé: l'anti-angiogenèse
améliore la survie
Deuxième cancer au monde en termes de
fréquence chez la femme, deuxième cause
de mortalité par cancer chez la femme, le
cancer du col n'offre que peu d'options
thérapeutiques dans sa forme récurrente
ou métastatique, l'association cisplatine
50mg/m² plus paclitaxel 135mg/m², traite-
ment actuel de référence, n'offrant par ail-
leurs pas de survie importante puisqu'elle
ne dépasse pas 12 mois, y compris en cas
de radiothérapie associée (3). L'angioge-
nèse est l'une des composantes de la carci-
nogenèse cervicale et de la progression de
la maladie, qui tue encore 4.000 femmes
chaque année aux Etats-Unis. Ce qui a justi-
fié GOG 240 qui s'est basé sur l'hypothèse
de l'hypoxie tumorale comme vecteur de la
progression et a proposé d'ajouter du béva-
cizumab, un agent anti-angiogénique, à la
chimiothérapie traditionnelle (4). L'essai
américain a ainsi comparé les résultats en
survie globale obtenus avec ou sans béva-
cizumab 15mg/kg IV en plus de deux sché-
mas chimiothérapeutiques (paclitaxel 135
ou 175mg/m² IV + cisplatine 50mg/m² ou
paclitaxel + topotecan 0,75mg/m² J1-3).
Les objectifs étaient de savoir si l'ajout de
bévacizumab améliore la survie globale et
si un doublet sans platine obtient le même
résultat. Les critères secondaires concer-
naient la PFS et la réponse globale. Premier
constat: le doublet sans platine n'améliore
pas la survie. Deuxième constat, et il est
plus important: l'ajout de bévacizumab a
fait passer la survie globale de 13,3 à 17,0
mois (HR = 0,71, p = 0,0035) tandis que
la PFS passe de 5,9 à 8,2 mois (HR = 0,67,
2p = 0,0002), le taux de réponse passant
de son côté de 36% à 48% (p = 0,00807)
sans effets secondaires inattendus. Tous les
sous-groupes ont bénéficié pareillement
du traitement. Enfin, une analyse explora-
toire sur la qualité de vie n'a pas montré de
différence significative selon qu'il y ait ou
pas prise de bévacizumab.
De quoi changer notre pratique, concluait
Gottfried Konecny (Californie, Los An-
geles) à l'issue de la discussion.
Glioblastome: pas d'intérêt
pour l'anti-angiogenèse
Le glioblastome est la tumeur cérébrale
maligne primitive la plus fréquente. Avec
une chimioradiothérapie comportant
du témolozomide, la survie médiane ne
dépasse cependant pas 18 mois. Dans la
mesure où le VEGF-A est le facteur angio-
génique principal produit par cette tumeur
hautement vascularisée, il devenait logique
d'apprécier les bénéfices éventuels d'un
agent anti-angiogénique, d'autant que les
études préliminaires avaient montré une
activité prometteuse du bévacizumab dans
cette indication (5). Ce qui a justifié RTOG
0825 en cas de glioblastome nouvellement
diagnostiqué, avec pour critères principaux
la survie globale et la survie sans progres-
sion, tandis que la toxicité, la qualité de vie
et la fonction cognitive étaient les critères
secondaires (6). Bien que l'angiogenèse
soit un phénomène primordial dans le
glioblastome, l'ajout de bévacizumab au
traitement classique (198 patients sous
bévacizumab, 181 sous placebo) n'a permis
ni d'allonger la survie globale (15,7 mois
Emotion, applaudissements enthousiastes, résultats encou-
rageants et abandon de certaines pistes ont jalonné cette
session plénière qui a marqué par la salve d'applaudissements
qui a suivi la présentation de Surendra Shastri sur la simplification
du test de dépistage du cancer du col. Résumé.
Surendra Shastri