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I
Le Spécialiste
12-9
7 novembre 2012
www.lespecialiste.be
Traumatismes et violence: nous
sommes tous responsables (1)
5,8 millions d'individus décèdent chaque
année dans le monde du fait d'un accident,
ce qui représente 10% environ de la mortalité
totale, soit plus que la malaria, la tuberculose
et le SIDA combinés. Les 3 causes les plus
fréquentes de ces décès accidentels sont
les accidents de la route (23%), les suicides
(15%) et les homicides (11%) (Figure 1), «un
constat qu'il faut appréhender avec sérieux»
,
signale Etienne Krug, directeur de la Section
Prévention de la Violence, des Accidents
et du Handicap au sein de l'OMS, «car si
les accidents de la route et les suicides sont
respectivement 7
e
et 15
e
au rang des causes
de décès toutes causes confondues, ils sont
appelés à passer aux 5
e
et 12
e
places d'ici
2030. De plus, ils apparaissent au top 3 des
causes de mortalité chez le jeune...»
Il n'y a
pas que la mortalité qui soit préoccupante,
les hospitalisations (et donc le coût sociétal)
vont également en augmentant au même
titre que la morbidité et le handicap... Sans
compter les conséquences psychologiques
des accidents.
La violence est un autre aspect qui préoccupe
très fort l'OMS: 20% des femmes et 5-10%
des hommes sont en effet victimes d'abus
sexuels dans leur enfance, tandis que 15-71%
des femmes subissent à certains moments
de leur vie des manifestations de violence
conjugale.
La société a donc une responsabilité
essentielle en la matière, et, «si la réduction
des conséquences des accidents de la route
passe par l'amélioration de l'état des routes et
le respect des règles de prévention (casques,
ceintures, etc.), la prévention de la violence
intrafamiliale est beaucoup plus difficile.»

Elle passe par l'éducation dès l'enfance
qui permet une réduction de 10% de la
violence et de la délinquance, par un suivi
sociétal des grossesses (qui réduit de 48%
le risque de maltraitance de l'enfant), par une
réduction d'accès à l'alcool (une initiative
brésilienne interdisant la vente d'alcool après
23 heures a permis de réduire de 44%
le taux des meurtres et assassinats et entraîné
une réduction substantielle de la violence
conjugale), par un contrôle de la vente
d'armes (le taux d'homicide est passé en
4 ans de 35 à 17 pour 100.000 en Afrique du
Sud après la mise en route d'une législation
stricte sur le port d'armes), par une sévérité
accrue dans les contrôles routiers (réduire la
vitesse moyenne de 1km/h réduit de 2-3%
les collisions fatales), une protection accrue
des lieux dangereux (clôturer les piscines,
sécuriser les appareils de chauffage et de
cuisson afin de limiter le risque de brûlure).
Combiner ces mesures permettrait de réduire
de 40% le nombre des décès traumatiques.
Une gageure?
Charleroi, sa chaleur et sa
pollution (2)
Après avoir croisé les données du registre
de l'infarctus du myocarde de Charleroi (de
1999 à 2007) selon le protocole MONICA
avec les données environnementales
recueillies dans 5 stations de mesure de
la Région Wallonne, une équipe de l'ULB
a pu confirmer l'association entre PM10
(particules en suspension dans l'air dont
le diamètre est inférieur à 10 microns)
et l'infarctus du myocarde. Pour une
augmentation de 10µg/m³ en PM10, le
risque d'infarctus est augmenté de 3%, cette
association étant plus forte les mois chauds
(OR = 1,14) que durant les mois froids. Les
OR calculés pour une température moyenne
< 6,1° et > 15,5° sont respectivement de
1,09 et 1,35.
Nos dosimètres de radioactivité
sont-ils fiables? (3)
Pour tenir compte des sensibilités biologiques,
la dose efficace pour une irradiation
photonique est définie comme la somme
pondérée de la dose absorbée par certains
organes. La limite de dose imposée dans
notre législation pour le corps entier pour le
personnel professionnellement exposé est
donnée en dose efficace (20 mSv-12 mois
consécutifs glissants). Pour la suivre,
la législation impose au service de dosimétrie de
mesurer entre autres, la dose `en profondeur'
(Hp10), une dose qui représente la dose que
reçoit la matière à 1 cm de profondeur. Mais
cette dose est systématiquement plus grande
que la dose reçue par les organes qui sont
pris en compte dans la dose efficace! Ce qui
a suscité la question se savoir comment varie
le rapport Hp10/dose efficace en fonction de
l'énergie du rayonnement? L'Institut Bordet a
ainsi pu déterminer que ce sont les doses les
plus faibles et les doses les plus élevées qui
offrent le moins de fiabilité à la dosimétrie
Hp10 (Figure 2).
MS7306F
Vous prendrez bien un peu d'
épidémiologie
?
L'Association des Epidémiologistes de Langue Française (ADELF)
et l'Association pour le Développement de l'Epidémiologie sur
le terrain (EPITER), deux associations actives dans le domaine de
l'épidémiologie ont, cette année, collaboré avec l'Ecole de Santé
Publique de l'ULB sous la présidence d'Alain Levêque pour mener
leur congrès international. Au sens strict, l'épidémiologie vise à
déterminer la fréquence des maladies en fonction du pays, de
l'époque, de la profession, du mode de vie. Au sens large, elle englobe
les études de type étiologique et pronostique, ainsi que l'évaluation
des actions préventives et thérapeutiques. L'épidémiologie apporte
ainsi une contribution indispensable à l'information, la recherche,
l'action et la planification en santé publique. Présentation de
quelques données plus spécifiques à notre pays.
VOTRE ACTUALITÉ MÉDICO-SCIENTIFIQUE
* Autres : inclut notamment asphyxie, étou ement, morsures animales et vénimeuses,
hypo- et hyperthermie, ainsi que les catastrophes naturelles.
Accidents
de la route
23%
Guerre
3%
Homicides
11%
Suicides
15%
Noyade
7%
Incendies
6%
Chutes
8%
Empoisonnement
6%
Autres*
21%
Figure 1: Violence et traumatismes: les faits.
R
appor
t H
p10/dose ecac
e
2
1,8
1,6
1,4
1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
Energie des photons en KeV
Sous-estimation de la dose mesurée par le dosimètre
Sur-estimation de la dose mesurée par le dosimètre
10 100 1.000 10.000
Radiologie
Médecine nucléaire
Radiothérapie
Figure 2: Rapport Hp10/dose efficace en fonction de l'énergie.
70
60
50
40
30
20
10
0
Femmes
Hommes
Espér
anc
e de vie
Niveau d'éducation
Flandre
Wallonie
Bas Elevé Bas Elevé
HLY
Years in disability
70
60
50
40
30
20
10
0
Espér
anc
e de vie
Niveau d'éducation
Flandre
Wallonie
Bas Elevé Bas Elevé
HLY
Years in disability
18,5
12,4
39,9
49,3
20,7
34,0
14,5
43,7
11,9
37,6
10,8
44,9
16,4
32,1
14,1
39,5
Figure 3: Espérance de vie sans incapacité et années de handicap après 25
ans en Belgique.