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GUNAIKEIA
VOL 18 N°9
2013
tandis qu'un module moléculaire de réponse immunitaire
qui établit une corrélation entre ces infiltrats et la réponse
pathologique complète (RPC) après chimiothérapie néo-
adjuvante chez des patientes atteintes d'un cancer du sein
ER- a récemment aussi été décrit (22, 95, 96).
De nombreuses études ont décrit un lien entre RPC et pro-
nostic favorable. Cependant, la valeur de la RPC se limite à
certains sous-types de cancer du sein comme le CSTN, mais
aussi les carcinomes mammaires
HER2-like non luminal et
(HER2-) luminal B
(97).
Les schémas à base d'anthracyclines ou d'anthracyclines et
de taxanes peuvent induire une RPC chez 20 à 45% des
patientes. Cette réponse est associée à un excellent pro-
nostic (80, 97-100). Même si le traitement adjuvant reste
l'approche de référence, un traitement néoadjuvant peut
être envisagé pour parvenir à un
downstaging du CSTN ou
accélérer le développement de médicaments (la RPC doit
être évaluée 6 mois après la chimio, les données relatives à
la survie nécessitent plusieurs années de suivi). Il convient
toutefois de noter que même si la RPC est souvent utilisée
comme critère d'évaluation et ce, dans la mesure où elle est
associée à un meilleur pronostic, personne ne sait quelle
augmentation de la RPC est au final associée à un bénéfice
de survie complémentaire (97, 101).
Pour les femmes noires, l'ethnicité constitue également un
facteur pronostique négatif (18, 32). La valeur pronostique
de l'histologie et du statut ganglionnaire a déjà été abordée.
Traitement
Locorégional
En soi, le traitement locorégional du CSTN n'est pas dif-
férent de celui des autres sous-types de cancer du sein. Le
résultat locorégional après 10 ans potentiellement inféri-
eur à celui obtenu pour d'autres sous-types n'implique pas
une approche différente en cas de CSTN, étant donné que
cette situation a été décrite tant après une chirurgie con-
servatrice qu'après une mastectomie (76-78). La chirurgie
conservatrice reste le traitement de référence pour les pe-
tites tumeurs cT1 et certaines tumeurs cT2. En revanche,
la mastectomie sera privilégiée pour les tumeurs multifo-
cales/multicentriques plus volumineuses et en cas de mar-
ges d'exérèse positives après une chirurgie conservatrice.
Pour les grosses tumeurs, une chirurgie conservatrice est
plus souvent possible après une chimiothérapie néoadju-
vante, compte tenu de la RPC élevée en cas de CSTN (80,
98-100). Il n'existe aucune recommandation (unanime)
spécifique concernant la radiothérapie. La présence d'une
mutation de BRCA1 peut cependant avoir un impact sur
l'approche locorégionale (à terme, une chirurgie prophy-
lactique des seins et des ovaires peut éventuellement être
envisagée).
Chimiothérapie (néo)adjuvante
La chimiothérapie est le seul traitement systémique dis-
ponible qui permet d'améliorer le pronostic du CSTN.
Souvent, le CSTN est très sensible à la chimiothérapie,
comme le montre le pourcentage élevé de RPC dans des
cohortes ayant reçu un traitement néoadjuvant (80, 98-
100). En phase adjuvante, il n'y a pour l'instant aucun
schéma supérieur à un autre selon le sous-type de can-
cer du sein (100). Les schémas à base d'anthracyclines et
de taxanes constituent aujourd'hui la référence (102). Au
début, les schémas à base d'anthracyclines étaient supéri-
eurs aux schémas à base de cyclophosphamide, de mé-
thotrexate et de fluoro-uracile, y compris dans des études
sur le traitement adjuvant en cas de CSTN (103, 104).
Par la suite, l'adjonction de taxanes aux schémas à base
d'anthracyclines a permis d'améliorer la survie sans mala-
die et la survie globale, indépendamment de l'expression
des récepteurs ER (105, 106).
La chimiothérapie pourrait avoir une utilité spécifique
chez les patientes porteuses d'une mutation de BRCA1.
En effet, les sels de platine (par ex. le cisplatine) induisent
une réticulation de l'ADN et des points de rupture qui
déclenchent des mécanismes de réparation de l'ADN
(recombinaison homologue ou mécanismes non homo-
logues). Ces mécanismes font défaut chez les personnes
porteuses de mutations de BRCA1 (et 2), entraînant une
apoptose cellulaire plutôt qu'une réparation (102, 107).
Des pourcentages de RPC allant jusqu'à 72-90% ont été
décrits chez des patientes porteuses d'une mutation de
BRCA1 après une chimiothérapie néoadjuvante à base
de cisplatine seul, mais il s'agit de petites séries (n = 10,
n = 25) ou de données rétrospectives (n = 102) (108-110).
Pour le CSTN sans mutations de BRCA1, la valeur des sels
de platine fait toujours l'objet de recherches. Une étude
de phase II randomisée et de plus grande envergure (n =
94) n'a toutefois montré aucune augmentation du taux
de RPC après l'ajout de carboplatine à un schéma à base
d'anthracyclines/de taxanes (111).
Chimiothérapie en phase métastatique
Les options thérapeutiques en cas de récidive métasta-
tique d'un CSTN sont limitées, en raison de l'absence de
récepteurs ER/PR/HER2. Les discordances entre la tu-
meur primitive et les lésions métastatiques en termes
d'expression des récepteurs hormonaux sont bien con-
nues, mais sont moins fréquentes chez les patientes at-
teintes d'un CSTN (112). Il est malgré tout conseillé de
réaliser des biopsies, car les faux négatifs pour la tumeur
primitive ne sont pas rares et il ne s'agit donc pas toujours
initialement d'un CSTN. Ainsi, dans une série prospective,
des chercheurs ont identifié 2 discordances en termes de
récepteurs hormonaux dans 23 cas de récidive métasta-
tique de CSTN, mais toutes deux étaient dues à un faux
négatif pour la tumeur primitive (112).