background image
26
GUNAIKEIA
VOL 18 N°9
2013
ON0464F
Cancer du sein triple négatif:
un état des lieux
Olivier Brouckaert, Hans Wildiers, Giuseppe Floris, Patrick Neven
Multidisciplinair Borstcentrum, UZ Leuven
Introduction
Le cancer du sein reste le cancer le plus diagnostiqué et
la première cause de mortalité dans la population fémi-
nine mondiale, et ce malgré l'amélioration du traitement
adjuvant et l'augmentation du dépistage (1, 2). Son hété-
rogénéité se base sur des données moléculaires. Il englobe
probablement au moins 15 entités différentes, mais dans
la pratique quotidienne, on utilise généralement une sous-
classification immunohistochimique pragmatique basée
sur le statut des récepteurs ER (récepteurs aux estrogènes),
PR (récepteurs à la progestérone) et HER2 (
human epider-
mal growth factor receptor 2). Pour la majorité des patien-
tes, il existe des traitements (médicamenteux) ciblant un
ou plusieurs de ces récepteurs. Ce n'est toutefois pas le cas
pour le groupe des cancers du sein dits «triple négatifs»
(CSTN), qui se caractérisent par l'absence de récepteurs
ER, PR et HER2. L'hétérogénéité a cependant été essen-
tiellement démontrée sur la base de profils d'expression
génique. Les sous-types intrinsèques de cancer du sein dé-
finis sur cette base sont les suivants:
luminal A, luminal B,
HER2-like, normal breast-like et basal-like (3). En général,
le CSTN est décrit comme un cancer du sein
basal-like,
mais en réalité, cela n'est qu'une ébauche incomplète de
définition immunohistochimique (peu précise mais inter-
nationalement acceptée) du sous-type moléculaire (4).
Dans cet article, nous aborderons plus en détail les défini-
tions, l'épidémiologie, les facteurs de risque, les tableaux
clinique et pathologique, ainsi que la prise en charge des
CSTN.
Définition(s)
Bien qu'ils ne soient pas synonymes, les termes CSTN et
cancer du sein
basal-like sont souvent utilisés pour dési-
gner la même chose.
Le diagnostic «CSTN» est une définition immunohistochi-
mique basée sur l'absence de récepteurs ER, PR et HER2
(4-10). Cependant, les incohérences méthodologiques et
L
e cancer du sein triple négatif (CSTN) est une maladie hétérogène qui englobe plusieurs sous-types «orphelins» de
cancer du sein. Pour faire simple, le CSTN se caractérise par l'absence de récepteurs ER/PR/HER2. Environ 15 à 20% de
l'ensemble des cancers du sein sont de ce phénotype, lequel est associé à des facteurs de risque, des caractéristiques
moléculaires, une présentation clinique et un pronostic spécifiques. Ces différents aspects seront abordés dans cet article.
Ainsi, le risque de développer un CSTN dépend de l'âge, de la race, de variables génétiques, des modèles d'allaitement et de
la parité. Certains CSTN sont très chimiosensibles. La majorité des patientes chez qui cette forme de cancer du sein est dia-
gnostiquée ne décèdent pas des suites de la maladie. Un certain nombre de sous-groupes (histologiques) de CSTN auraient
même un excellent pronostic sans chimiothérapie adjuvante. Des données issues d'études moléculaires soutiennent la thèse
selon laquelle le CSTN proprement dit engloberait différentes entités pathologiques. Les récidives métastatiques de CSTN
surviennent généralement dans les 5 premières années suivant le traitement chirurgical. Le pronostic est alors plus mauvais
que celui des récidives d'autres sous-types de cancer du sein, essentiellement en raison du peu d'options thérapeutiques dis-
ponibles, mais aussi du fait d'une mauvaise réponse au traitement. De nouveaux traitements, mais aussi des biomarqueurs
permettant de prédire la réponse aux traitements actuels/futurs, sont nécessaires pour pouvoir continuer à améliorer le
pronostic de cette forme de cancer du sein.
Olivier Brouckaert