![]() généreux à ne pas confondre avec la «callipygie», qui fait référence à un exemplaire (particulièrement) esthétique. D'aucuns ont voulu voir un lien entre les rondeurs fémi- nines des Vénus préhistoriques et la stéatopygie observée chez les peuplades les plus primitives d'un point de vue gé- nétique (Khoi)san, Bochimans, Hottentots, Bornou, Ewe, Konde, Pygmées... Cette hypertrophie fessière, considérée comme caractéris- tique de certaines races noires (en particulier les Bochimans et les Hottentots), a toujours beaucoup intrigué les Euro- péens. Pathologique chez les femmes caucasiennes, ce trait relève dans certaines peuplades noires d'une simple parti- cularité ethnique. Chez les San, le tissu adipeux s'accumule non seulement au niveau des fesses proprement dites, mais aussi au-dessus des os de la région pubienne et surtout des trochanters ( anatomique les uns défendant la thèse d'un déterminisme naturel et racial, les autres une explication d'ordre plus socio-culturel. C'est ainsi que les scientifiques ont élaboré au départ de cette partie bien spécifique du corps de la femme de véri- tables théories sur les races, voire sur l'espèce humaine toute entière. Pour eux, l'attrait «scientifiquement établi» de la stéatopygie et la focalisation du regard médical sur cette zone très sexualisée témoignait clairement de la nature de l'intérêt que les hommes africains portaient à la femme. À mi-chemin entre l'image de la créature hypersexua- lisée aux organes sexuels exubérants et celle du monstre grotesque aux formes improbables, le corps de la femme africaine suscitait chez les médecins occidentaux un inté- rêt mêlé de crainte, mais aussi d'une certaine fascination. Installés au bureau de leur cabinet européen ou dans un dispensaire de brousse, ils ont été nombreux à coucher sur menter les mythes et légendes locaux avec une connais- sance plus ou (souvent) moins pointue de la réalité du Continent noir. Au vu du nombre de descriptions qu'ils leur ont consacrées, les fesses généreuses des Africaines étaient clairement l'élé- ment qui a le plus retenu leur attention. 1816), une femme sud-africaine issue de l'ethnie Khoisan, qui a été exposée aux regards des curieux à Londres en 1810-11, puis à Paris en 1815 ( un véritable symbole des théories racistes, puisqu'il «confir- mait» que son ethnie était, dans la théorie de l'évolution, l'une des plus primitives. au génocide commis par les Allemands en Namibie deve- nant dans le même temps des «artéfacts» ethnologiques très recherchés. La vision primitive de ce peuple telle qu'elle existait dans les années 1860-70 était pleinement acceptée par les sphères anthropologiques anti-darwi- nistes autrichiennes. Elle reposait sur l'opposition primaire entre la «sauvagerie» (considérée comme un synonyme de l'immoralité) et la culture (chrétienne), niant complète- ment la théorie beaucoup plus libérale du processus de civilisation. Les mesures anthropométriques furent pous- sées à leur comble par les anatomistes et biologistes de l'époque, qui n'hésitaient pas à en tirer des conclusions exagérées. On en trouve un bon exemple chez Cuvier (3) et Montandon (4), qui affirme que prochent le plus de la brute, et dont l'intelligence ne s'est de l' présentation à Paris: donnée à la Duchesse de Berri l'année 1815. |