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GUNAIKEIA
VOL 18 N°9
2013
Un signe de vortex peut également être observé lors du dé-
placement de la sonde intravaginale au-dessus de la masse
tubaire (3). Une torsion tubaire peut souvent passer inaper-
çue à l'échographie étant donné la rareté de l'affection. Au-
cun flux vasculaire n'est présent dans la région de la torsion,
mais un bon examen Doppler de la trompe de Fallope est
techniquement difficile (2). Si les résultats de l'échographie
ne sont pas univoques ou clairs, il est possible dans certains
cas d'effectuer une TDM ou une IRM complémentaire (1).
Diagnostic différentiel et diagnostic
Le diagnostic différentiel comprend une appendicite, une
maladie inflammatoire pelvienne, la rupture d'un kyste
folliculaire, un abcès tubaire, une torsion ovarienne, une
grossesse extra-utérine, une infection urinaire, des coliques
néphrétiques et une constipation (1, 2). Le diagnostic défi-
nitif est posé par visualisation directe pendant l'opération.
L'indication d'une opération est basée sur un cliché clinique
et échographique suggestif d'une patiente chez qui d'autres
pathologies ont déjà été exclues (2).
Traitement
Le traitement consiste en une opération chirurgicale. En
premier lieu, parce qu'il est très fréquent que le diagnostic
définitif ne puisse être posé que pendant la chirurgie. La
laparoscopie est privilégiée par rapport à la laparotomie, car
elle présente de meilleures possibilités diagnostiques, moins
de complications, une convalescence et une durée d'hospi-
talisation moins longues ainsi qu'une plaie moins étendue
avec moins d'hémorragies.
Lo
et al. (3) ont réalisé une étude sur la chirurgie de la tor-
sion ovarienne. Sur les 179 femmes ayant participé, 69
(38,5%) ont subi une chirurgie conservatrice des annexes.
Cette opération n'a été réalisée que sur les femmes affi-
chant un désir de grossesse, sinon ce chiffre aurait peut-
être été plus élevé encore. Ces mêmes chercheurs ont en-
suite collecté les résultats de 17 cas de femmes présentant
une torsion tubaire isolée. Toutes ces femmes avaient subi
une salpingectomie unilatérale pour nécrose ou gangrène
de la trompe de Fallope. Ils ont remarqué que dans certains
cas, il suffirait de détordre la trompe à condition qu'elle ne
soit pas encore gangrenée. Des cas de grossesse ont été
décrits après ce traitement.
Le facteur décisif pour le traitement conservateur de la
trompe est le diagnostic précoce. On connaît des cas de
femmes chez qui il a été possible de préserver la trompe,
laquelle s'est ensuite révélée perméable. Mais, le plus sou-
vent, lorsque l'on réalise l'opération, une nécrose est déjà
présente sur toute l'épaisseur de la paroi. Lorsque la trompe
est déjà nécrosée, le meilleur traitement consiste en une
salpingectomie avec conservation de l'ovaire ipsilatéral et
un contrôle de l'annexe contralatérale (3).
Boukaidi
et al. (4) ont réalisé une étude sur la torsion tubaire
isolée associée à un hydrosalpinx chez des enfants et des
adolescentes. Ils estimaient qu'une salpingectomie com-
porte toujours un risque d'infertilité, étant donné qu'elle
peut entraîner une altération de l'annexe contralatérale à la
suite, notamment, d'une torsion, d'une infection ou d'une
grossesse ectopique. Ils ont soigné 6 patientes dans leur
hôpital, dont 4 avec un traitement conservateur. Sur ces
4 patientes, 3 ont dû subir une salpingectomie par la suite,
en raison d'une rechute. La seule patiente n'ayant présenté
aucune rechute après 26 mois était la seule à avoir égale-
ment été opérée pour restaurer la perméabilité et la fonc-
tionnalité de la trompe. Les patientes de cette série étaient
donc des cas plus complexes étant donné qu'elles n'avaient
déjà pas une trompe fonctionnelle au départ (4).
Conclusion
La torsion tubaire isolée est une affection rare difficile à
diagnostiquer. En effet, le tableau clinique est varié sans
symptôme spécifique ni autre constat. Pourtant, la pose
d'un diagnostic précoce est primordiale car c'est la seule
manière de traiter les patientes et de préserver la trompe.
D'autres recherches sont nécessaires concernant les
causes de la torsion tubaire et les meilleures options de
traitement en fonction de l'état de la trompe et du désir
de grossesse actuel ou futur de la patiente. Il faut aussi
poursuivre les recherches concernant le traitement d'une
torsion tubaire dans le cas d'un dysfonctionnement de la
trompe à la suite d'un hydrosalpinx.
Remerciements
Les auteurs remercient le Professeur B. Van Herendael pour les critiques constructives qu'il a
émises lors de la rédaction du présent cas.
Références
1.
Growden WB, Laufer RF. Ovarian and fallopian tube torsion. In: UpToDate, Basow DS (Ed),
UpToDate, Waltham, MA, 2013.
2.
Schrager J, Robles G, Platz T. Isolated fallopian tube torsion: a rare entity in premenar-
cheal female. Am J Surg 2012;78:118-9.
3.
Lo LM, Chang SD, Lee CL, Liang CC. Clinical manifestations in women with isolated fallo-
pian tubal torsion; a rare but important entity. Aust N Z J Obstet Gynaecol 2011;51:244-7.
4.
Boukaidi SA, Delotte J, Steyaert H, et al. Thirteen cases of isolated tubal torsions associa-
ted with hydrosalpinx in children and adolescents, proposal for conservative manage-
ment; retrospective review and literature survey. J Pediatr Surg 2011;46:1425-31.
Le facteur décisif pour le traitement
conservateur de la trompe est le
diagnostic précoce. On connaît des cas
de femmes chez qui il a été possible
de préserver la trompe, laquelle s'est
ensuite révélée perméable.